Chapitre 7.2

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Parfois la vérité n'est pas bonne à dire et à l'inverse, on n'aime pas toujours entendre ce que l'on sait déjà. Et ses fichues cartes ont littéralement tapé dans le mille. Je suis coincé entre ma gentillesse et une situation malsaine avec ma meilleure amie qui me prend pour un sex toy version humaine. Mais comment avouer à une nana qu'on ne connait que depuis quelques jours, qu'elle a raison sur toute la ligne ?

- C'est assez vrai, tu as raison !

Reconnaître que ce qu'elle a dit est de bon ton, c'est également avouer qu'elle a de vrais talents en ce domaine et quelque part, je ne sais pas si cela me rassure vraiment. Le reste des cartes, Dieu merci demeure moins précis et ça me convient.

Une fois cette séance achevée, alors que j'allais me lever et prendre la fuite, elle m'arrête dans mon élan en me posant une dernière question :

- Tu as pris ton repas en bas ?

- Un peu, mais tu n'as rien raté, c'était... comment dire... très spécial !

- Je m'en doute ! Et si j'ai un conseil à te donner, méfies toi de notre hôte. Elle ne semble pas être ce qu'elle est.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que d'une part, je suis persuadée qu'elle nous a shooté pour une raison bien précise. Je ne sais pas exactement laquelle, hormis le fait qu'elle a dissimulé chez elle, une quadragénaire que j'ai vu partir après vous.

- Comment ça ? Tu es partie bien avant alors comment as-tu pu nous voir ?

- En fait, je m'étais cachée dans mon combi pour espionner les environs et c'est tout à fait par hasard, alors que j'allais partir que je l'ai vue.

Elle me tend alors son smartphone et je découvre sur la photo prise en rapide, une silhouette de femme en train de fermer le portail. Pas de doute, elle venait bien de chez nous et je ne la connais pas. Elle m'épate franchement cette nana et je crois que je peux lui faire confiance.

- J'ai besoin de mieux connaître ta sœur avant de lui en parler également alors s'il te plait, garde tout ce que je t'ai dit pour toi.

- Bien sûr !

Je sens qu'elle me tend un piège pour voir si elle peut, elle aussi m'accorder sa confiance. Aussi je décide de m'ouvrir davantage que ce que je ne l'aurais fait.

- Je vais te révéler un secret mais toi aussi, tu dois garder ça pour toi.

Je vois son visage rosir de plaisir lorsque je lui dis ça. Elle ne tarde pas à acquiescer.

- Croix de bois, croix fer, si je mens, je vais en enfer !

- Bellatrix et moi ne sommes pas frère et sœur mais c'est ce que j'ai dit à madame Del Castelix afin que nous puissions habiter tous les deux ici.

- Donc, j'avais vu juste quand je pensais que vous étiez amants.

- Pas vraiment. Nous sommes les meilleurs amis, mais c'est plus compliqué que cela.

- Elle t'aime, alors que tu es gai ?

- Je ne connais pas vraiment ses sentiments et je suis certain qu'elle-même non plus mais par contre effectivement, elle m'a mis dans une situation complexe alors que oui, j'aime les hommes.

- Ne t'en fais pas, je ne lui dirais rien mais je te remercie de ta confiance. Je sais désormais que je peux te faire confiance et je vais donc te révéler autre chose.

Décidément, nous en sommes vraiment aux confidences... Sauf qu'au moment où je croyais apprendre quelque chose de vraiment important, quelqu'un toque à la porte.

- Décidément ! ... C'est qui ?

- Bellatrix ! Je peux rentrer ?

- Oui, oui, vas-y.

- Tiens, Ghislain, tu es là ?

Mais quand elle voit la tenue d'Alice, je remarque que son visage se fait plus sombre. Décidément, ma sorcière bien aimée n'a peut-être pas tort, il se pourrait bien que ma sœur de cœur ne m'aime davantage que je ne le croyais et là, je la sens en mode jalousie totale.

- Nous venons de tirer les cartes avec Ghislain. Tu veux que j'essaie avec toi ?

- C'était quoi la question ?

- Ce n'est pas sur l'avenir, ni sur cette bicoque mais voir ce que je peux découvrir pour mieux te connaître. Je te dis ce que je vois et à toi de me dire si oui ou non, je suis dans le vrai.

Si elle ne me semble pas tellement enthousiaste, le fait que j'ai accepté avant elle, semble la motiver à en faire de même. De mon côté, je prends congés mais alors que j'allais ouvrir la porte de sa chambre, Alice me suggère de prendre un biscuit dans son placard car elle m'affirme avoir remarqué que je semblais avoir la fringale. Effectivement, je suis donc enchanté de lui en piquer deux. Puis je file m'enfermer à mon tour dans ma chambre. Les confidences d'Alice devront attendre, j'en ai bien peur.

Par contre j'aimerais bien savoir qu'est-ce qu'elle va parvenir à lire dans ses cartes pour Bellatrix. Je suis content de m'être rapproché de cette jeune femme. On peut dire qu'elle n'a peur de rien. Se cacher pour espionner, il fallait en avoir une bonne paire. Par contre, on a un mystère de plus. Qui est cette nana qui se cache pour venir voir la vieille ? A moins qu'elle ne vive quelque part dans les sous-sols... Il faudra que j'en reparle avec ma sorcière préférée et qu'à l'occasion elle nous confectionne un breuvage pour éloigner les fantômes. Moi, ça m'irait bien.

Ca fait moins d'une heure que je suis allongé dans mon lit lorsque j'entends un bruit sourd. Comme si quelque part, on avait mis un bulldozer en route. Je ne veux rien savoir. Je suis fatigué de tout ça, sauf que c'était sans compter sur Alice qui débaroule sans frapper dans ma piaule.

- Tu entends ça, Ghislain ?

- Un peu...

- Comment ça, un peu ? C'est infernal ce boucan qu'il y a ! Je vais descendre voir ce qui se passe. Tu m'accompagne ?

- Chui désolé mais je suis d'une fatigue ce soir...

- Laisse moi deviner, tu as mangé une partie du repas et c'est pour ça que tu avais encore faim tout à l'heure ?

- Oui, mais quel rapport ?

- Bellatrix qui a tout mangé, dort à poings fermés.

- Allons bon... tu crois que...

- Je te l'avais dit et c'est pour ça que tu es si fatigué.

- Merde alors, si je ne peux plus manger ici, ça va être compliqué.

- Je sais et suis d'accord avec toi mais...

Je suis tellement dans un drôle d'état que je n'entends seulement pas la fin de sa phrase. Hop je suis comme aspiré dans un trou noir. J'ai l'impression de flotter dans une atmosphère si agréable. Mon esprit vole tranquillement comme un insecte de fleurs en fleurs... sauf que moi je suis un gros bourdon et je passe de soupières en soupières, et les breuvages sont tous plus piquants les uns que les autres... Et derrière tout ça, dans la cuisine, j'aperçois le beau Ronald. Il s'approche de moi avec une cuillère en argent remplie de sang et tandis que j'ouvre la bouche pour la boire, il se met à rire, rire d'une manière satanique... Soudain je me réveille en sueur. Il me faut un instant avant de découvrir qu'il est... merde mon réveil n'a pas sonné et je suis en retard !

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant