Chapitre 5.3

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- Tout ça, vous y retrouverez sur le calepin que je vous laisse là et dont je vous ai déjà parlé. La première fois, qu'il a fait son apparition, c'est quelques jours après la tâche de sang sur la fenêtre.

- Je ne suis pas près de l'oublier ! Nous nous sommes trouvés tous les deux face à face, dans le couloir de l'entrée. Il s'est dressé ultra menaçant... J'ai alors eu le réflexe d'ouvrir la porte d'entrée et de sortir prestement. J'ai pensé qu'il m'avait suivie dehors mais n'en n'ai jamais eu la certitude. Tout de ce que je sais, à ce jour, c'est que lorsque je suis re-rentrée dans la maison, il avait disparu.

- La seconde fois, cela a été quelques mois plus tard.

- Oui, cette fois-ci, j'étais tranquillement en train de siroter un verre de beaujolais quand tout à coup, il a surgit de derrière un coussin de fauteuil, je l'ai vu ramper sur quelques mètres avant de disparaître comme s'il était rentré dans le mur. C'est à ce moment que j'ai commencé à douter qu'il ne soit réel. Il s'est écoulé peut-être six mois avant que celui-ci, je ne le re-aperçoive, encore une fois dans le salon. Et comme la fois d'avant, il n'a fait qu'une brève apparition. J'ai fini par m'habituer à sa présence puisqu'il ne me cherchait pas d'embrouille. Il faisait sa vie et moi la mienne. Je lui ai même donné le prénom d'Alfred.

- Moi, en revanche, la première fois que je l'ai vu, cela m'a fichu une de ces trouilles ! Il faut dire que je crains énormément les reptiles. Cette vidéo que vous allez voir, c'est la seconde fois qu'il est venu, en ma présence, alors que l'on s'était installé en cuisine pour boire l'apéritif.

Et là, sur l'écran, nous découvrons un serpent très long et d'une couleur grise. Il est magnifique, vraiment de toute beauté. Il faut dire que j'ai toujours eu un faible pour ces animaux et si je n'en n'ai jamais eu un c'est uniquement parce que je ne voulais pas avoir à lui donner à manger. S'il rampe tranquillement, c'est en passant probablement à proximité de Ronald, qu'il dresse le cou, menaçant puis il file à vive allure. Et si je ne savais pas qu'ils n'ont pas de pattes, j'aurais dit qu'il avait fuit les jambes à son cou. Mais là encore, comme il nous l'avait déjà dit, on le voit se diriger contre le mur et hop plus rien.

- On dirait comme dans le film de Harry Potter quand ils traversent le mur de la gare pour se trouver dans un autre monde fait que de sorciers.

- Tu regardes trop la fiction, Alice !

Si je reste silencieux, c'est que je ne sais plus quoi penser de tout ça. Il est certain que si un jour je racontais ça à quelqu'un, soit il me prendrait d'office pour un marseillais, soit pour un fou ou un drogué en plein clash. Tout cela me parait tellement loin de tout ce que j'ai pu lire sur les apparitions "normales". Bon d'accord, il n'y a rien de "normal" dans le paranormal mais là, je dois reconnaître que ça atteint le summum ! Si seulement on trouvait des preuves de tout cela et non pas une simple vidéo qui peut avoir été fabriquée, j'en suis sûr par un pro de l'informatique... j'imagine déjà les journalistes sur le coup.

Enfin, en attendant, si tout cela est vrai, je ne sais pas comment je vais parvenir à dormir tranquillement cette nuit en pensant qu'il y a des choses étranges qui se passent ici et qui prennent des formes peut-être plus effrayantes encore que le simple fantôme.

- Tu es bien silencieux Ghislain, j'ai l'impression qu'on t'a perdu cette fois !

Je sursaute quand j'entends cette voix sensuelle me sortir de mes réflexions profondes. Et quand je tourne la tête, il est là à quelques pas de moi à me fixer de ses yeux si bleus presque translucides...

- Non, non, j'avoue que je réfléchissais à tout cela. Vous avez encore d'autres choses à nous raconter ?

- Oh, maintenant, vous savez l'essentiel. Les bricoles que je vais dire vont vous paraître bien fades par rapport.

Et son exposé se poursuit encore une bonne demi-heure. Je ne sais pas pourquoi mais quand c'est fini, je ressens le besoin d'aller m'allonger un moment tant je suis fatigué. Et tandis que Ronald prend congé, je me retire sur la pointe des pieds et trouve refuge dans ma chambre.

Est-il utile de préciser, que je cherche dans tous les recoins de ma chambre, quelque chose d'anormal ? Mais non, tout va bien. Après avoir vérifié que la fenêtre est bien fermée, je tourne la clé dans la serrure de ma porte et peux enfin m'allonger un moment. Je me sens totalement vidé et en cet instant précis, s'il y a bien une personne que je n'ai pas envie d'avoir dans les jambes c'est la péronnelle qui m'a si délibérément insulté dans ses paroles mesquines. Oser m'accuser d'avoir envie de me tripoter parce qu'un mec me plait, alors qu'elle-même ne peut pas s'empêcher de se faire tripatouiller par son meilleur ami. S'il y a quelqu'un de pas net ici, désolé, mais pour le coup, ce ne sera pas moi !

Whouah, je m'impressionne ! Si j'ai la force de lui parler comme je viens de le faire par la pensée, je pense que je vais un peu la calmer. En attendant, c'est dans les bras du beau gosse que je m'imagine en m'endormant.

Je ne sais pas combien de temps il s'est écoulé avant que je n'entende ce cri d'horreur à vous glacer le sang. Je sursaute et quand j'ouvre les yeux, c'est pour constater qu'il fait quasiment nuit. Avec le volet ouvert, je bénéficie d'un semblant de lumière de la... Pleine lune ! Il ne manquait plus qu'elle ! Bon qu'est-ce qui m'attend maintenant ? Des vampires ? Mais je n'ai pas le temps de plus cogiter que déjà, j'entends une bousculade dans les escaliers. Allons donc !

Courage, mon garçon, songe que tu es le seul mec de cette baraque, les filles ont besoin de toi !

Lorsque j'atteins le rez-de-chaussée, il n'y a qu'à écouter les voix hystériques pour retrouver la vieille et les deux autres, dans le salon.

- Qu'est-ce qui se passe, ici ?

- Tiens, tu es réveillé, toi ? On ne t'a pas vu pour le souper.

- Oui, je me suis endormi comme une masse mais pas d'inquiétude, je prendrais quelque chose à grignoter dans le frigo et je ne vous dérangerai pas.

- Non, surtout pas !

Dans ces quelques mots criés du fond du cœur par Bellatrix, je sens que quelque chose ne va pas. D'autant que je ne m'en étais pas rendu compte avant, mais elle est totalement blême.

C'est finalement Alice qui tente de m'expliquer ce qui s'est passé.

- Alors que nous nous destinions à regarder un moment la télévision toutes ensembles, à la salle à manger, Bellatrix qui avait soif, est allée au frigo, chercher la carafe d'eau.

- Sauf que lorsque j'ai ouvert la porte du réfrigérateur, en plein milieu d'une étagère, à la place de la carcasse de poulet que Bérangère avait rangé, une demi-heure avant, il y avait une tête de squelette !

Allons bon ! Ce n'est plus une maison hantée mais diabolique ! Franchement, je me demande si ça vaut le coup de risquer ces nerfs pour un tel lieu.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant