"Parfois, les mystères sont plus excitants que les explications"
Roald Dahl (écrivain 1916-1990)
(Ghislain)
Seul dans ma chambre, je songe... Parfois, j'ai l'impression que Bellatrix m'enfonce dans le marasme de ses souffrances mentales et que je ne parviendrais, un jour, plus à m'expulser de ce tourbillon sans fin. Dans mon éducation très stricte que j'ai reçue, ce qu'elle m'oblige à lui faire, je le ressens comme un geste du diable. Serait-elle possédée ? A moins que ce ne soit tout bonnement la punition de Dieu face au fait que je suis incapable d'aimer une femme ? Pourtant, elle je l'aime, c'est pour ça que j'accepte cette situation, mais pas en tant que chérie. Elle est ma sœur de cœur, ma confidente... Elle est bien davantage qu'un partenaire de sexe.
Mais de là à vivre toute ma vie de cette façon... JAMAIS !!! Je me sens tellement sale, après ces séances. Le pire, c'est que je trouve que depuis quelques temps, cela est devenu plus régulier, plus rapproché. Il faudrait qu'elle consulte une psychologue, je suis certain que cela lui ferait du bien, mais évidemment, elle ne veut pas en entendre parler.
Plus j'y pense, et plus je regrette de l'avoir fait venir ici. Sans toutefois se perdre de vue, la distance aurait sans doute été le meilleur remède pour que notre relation redevienne ce qu'elle était autrefois. Je déplore également d'avoir accepté moi-même cette colocation intergénérationnelle. Si j'avais su ce qui se tramait, jamais, oh grand jamais, je serais venu ici. J'aspire simplement à une vie tranquille, dans un quartier agréable et silencieux et je me retrouve dans une barraque probablement hantée, avec une vieille têtue comme une bourrique, une sorcière et ma sœur de cœur pas si nette que ça.
Du bruit dans le hall, me fait, par réflexe, regarder l'heure à ma montre. Il est 11h50. Je suppose que le détective vient d'arriver. Les filles ont eu la même réaction que moi car lorsque je sors de ma chambre, elles sont toutes les deux en train de descendre les escaliers qui mènent à la pièce principale.
Mais lorsque moi-même j'y arrive, je reste sans voix. Madre Mia !
Le mec qui se trouve à côté de la vieille est un putain de canon ! Il est tellement à mon goût que tout à coup je me sens serré dans mon jean... c'est bien la première fois qu'au premier coup d'œil je ressens ça. A cela, viennent se rajouter des battements de cœur en tout sens. Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
- Venez tous, que je vous présente, mon pti-pti-pti cousin, Ronald. Ronald, voici Alice, tu sais, c'est la petite fille de mon amie dont je t'avais parlée, puis Bellatrix et son frère Ghislain.
Et si les nanas lui ont rapidement fait la bise avant de se pousser, pour me laisser la place, lorsque celui-ci me regarde à mon tour... Ses yeux... Je crois me perdre dans la pureté de ce regard si intense. C'est comme s'il cherchait à me sonder... Pourvu que cela ne se voie pas que je suis totalement sous le charme ! Et alors que je m'attendais à ce qu'il me donne juste une poignée de main, son visage s'approche du mien et alors que j'imagine déjà combien ce serait agréable de goûter à ses lèvres, je sens bientôt leur contact sur mes joues.
Lorsqu'il se re-éloigne de moi, je me sens brûlant. Mais bizarrement, je ne suis pas le seul à être étrange. Bérangère, au contact de son arrière cousin semble avoir repris du poil de la bête car je la trouve moins courbée que d'habitude. C'est comme si quand elle était avec lui, elle cherchait à redevenir jeune.
Encouragés par notre hôte, nous prenons tous place à table et bientôt je me retrouve à côté du beau gosse et en face de ma sœur de cœur dont le visage s'est assombri. Aurait-elle remarqué que je ne suis pas insensible à cet homme et serait jalouse à moins qu'elle ne lui fasse pas confiance ? Car c'est aussi ce qui m'a toujours plu en elle : pas d'hypocrisie ! Ou elle aime ou elle déteste, mais on le sait très vite.
Tandis que sa cousine dépose un saladier sur la table et nous invite à nous servir, beau gosse commence à nous expliquer ce qu'il en est de la situation.
- Bérangère a dû vous conter ce qui se passe depuis une dizaine d'années maintenant ? Pour les détails, je tiens à votre disposition, ce calepin. C'est là-dessus qu'elle a écrit tout ce qui s'est passé avant mon arrivée. Depuis quatre mois, je prends des photos quand je peux et je notifie tout ça sur mon ordinateur. Mais après manger, si cela vous intéresse, je vous y montrerais.
- Peut-on avoir ton impression à ce sujet ? Paranormal ou mauvaises blagues ?
Il n'y a que Bellatrix pour poser une telle question. Car je sens qu'elle n'en n'a pas fini avec lui.
- Tu veux vraiment savoir ce que je pense ? Pour moi, contrairement à ma cousine qui est certaine que ce sont des gens qui s'acharnent sur elle, moi je pense que ce manoir est hanté. Et je compte sur vous pour m'aider à le prouver. Je vais d'ailleurs, installer des micro caméras dans toutes les pièces, histoire de voir, quand il y aura des choses étranges, de quoi il en retourne.
A ces mots, ma sœur de cœur, qui a dû penser exactement la même chose que moi, a manqué s'étouffer avec sa salade et s'est mise à tousser pendant cinq minutes. Mais c'est finalement Alice qui la pose.
- Euh, on va être filmés dans les chambres ?
- Oui, oui, mais je vous rassure, je ne regarderais pas les images, sauf si vous me dîtes avoir vu ou entendu quelque chose d'étrange.
- C'est gênant quand même car je dors en petite culotte. Enchaîne l'étouffée de verdure.
C'est dingue ça, il suffit que ce mec soit là pour que je n'ai quasiment plus faim. Et puis si mon estomac arrêtait de se nouer dans tous les sens... Je suis donc soulagé lorsque nous sortons de table. Au salon, il installe son petit ordinateur portable sur la table basse afin que nous puissions voir les photos au fur et à mesure de ses explications. Moi, perso, ce n'est pas détective que je le verrais mais commercial. Je suis sûr qu'il parviendrait à me vendre n'importe quoi.
- Ici, vous voyez, ces empreintes de sang au sol ?
- C'est du vrai sang ?
- Je suis Sherlock Holmes, pas Balthazar, moi ! Et comme les flics ne nous prennent pas au sérieux... Tant que l'un de nous ne sera pas tué, c'est mort !
- Ah ah ah, bon jeu de mots !
Mais le regard meurtrier de ma sœur de cœur nous calme net, moi et mon humour à deux balles.
- C'est quoi ça ?
- C'est un combattant ! Vous savez, ces poissons qui doivent rester seuls dans les aquariums.
- Et qu'est-ce qu'il foutait dans votre... assiette ?
- J'avais mis la table, c'était environ 11h30... quand je suis seule, j'aime bien manger tôt, comme ça, après je suis tranquille pour regarder les douze coups de midi, à la télé. Et alors que j'étais partie au petit coin, quand je suis revenue, le poisson qui avait cuit dans la poêle avait disparu et à la place, j'ai retrouvé le cadavre de celui-là posé dans mon assiette. Ça m'a coupé l'appétit et j'ai appelé de suite Ronald. Heureusement, il a pu passer dans la demi-heure qui a suivi.
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La musique maléfique...
Mistério / SuspenseBellatrix est une brillante étudiante qui a toujours baigné dans le monde des livres. Pour parvenir à ses objectifs professionnels, elle surenchérit encore et toujours. Une vie sentimentale ? Aucune ! Une vie de famille épanouie ? Que nenni ! Des lo...