Chapitre 16.3

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C'est à partir de ce jour-là, que je n'ai plus réussi à joindre mon papa de cœur. Inutile de préciser que l'angoisse était à son comble. J'ai appelé les hôpitaux environnants, le commissariat de police... ils ont tous dus me prendre pour une folle mais il fallait que j'en ai le cœur net.

Finalement, c'est avec l'aide de mon amant que je suis retournée dans le Rhône. Après avoir loué une chambre à l'hôtel dans la même commune, nous nous apprêtons à partir espionner cette maison où j'ai tout de même vécu quelques années.

Tous de noirs vêtus, nous passons par un verger qui jouxte la propriété. Il ne nous faut pas longtemps pour parvenir à enjamber le mur et se faufiler derrière les buissons. Après avoir observé dans toutes les directions si j'aperçois la vieille ou son mari, nous avançons prudemment sur le terrain, à découvert. Un petit bruit attise ma curiosité. Il provient de vers le sous-sol de la demeure. L'espace d'un instant, je me crois dans un film d'espionnage. Hélas, c'est lorsque je penche la tête pour évaluer les risques de se faire prendre, que je découvre un gros trou creusé aux abords du massif de cactus qu'elle m'a obligé, quelques années auparavant à réaliser. Pas possible, elle l'a fait ! Elle l'a assassiné et s'apprête à y déposer son corps.

Je me sens rugir intérieurement de haine et si Camilo n'était pas là et ne m'avait pas retenu par le bras, je ne suis pas sûr que je n'aurais pas fait une bêtise à ce moment précis. Plus serein et pragmatique, mon amant sort son appareil photo et immortalise ce que nous voyons. Puis nous progressons jusqu'à la porte du garage resté entre-ouvert et c'est mon binôme du moment qui se penche et prend rapidement quelques clichés avant de m'entrainer de force vers la sortie.

- Qu'est-ce qu'elle fait ? Qu'as-tu vu ? Je le presse de questions mais, prudemment, il me pousse à remonter sur le mur que nous avions enjambé un quart d'heure auparavant.

Ce n'est qu'une fois à l'hôtel, qu'il me montre enfin l'inimaginable, à partir de sa tablette.

Dans ce sous-sol encombré d'un tas de vieux matériaux stockés à même le sol, je distingue deux silhouettes courbées sur un cadavre. Ils ont l'air tellement affairés qu'ils n'ont même pas vu que quelqu'un les prenait en photos. Et pour cause, sur la seconde image, ont voit précisément que le mort est posé sur une sorte d'atelier à hauteur d'homme et que.... Mais c'est mon papi Riri !!! Il est vivant puisque.... C'est lui qui découpe le macchabé avec une sorte de scie sauteuse pendant que la tarée tient à pleines mains la viande froide afin que cela ne bouge pas trop !

Ouf, je suis soulagée... l'espace d'un instant car le moment d'après, je m'interroge : qui est-ce qu'ils ont tués ? Et pourquoi l'aide-t-il à enterrer cette personne ? Tant de questions qui tourbillonnent dans ma tête... J'ai besoin de réponses. Mais c'est finalement mon acolyte qui va me mettre sur la bonne voie.

- Si ce n'est pas son vieux qu'elle a buté, d'après toi, qui c'est ce mec ?

- Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais vu.

Et tandis qu'il agrandit la dernière photo...

- Regarde, dans le coin, là, c'est une mallette !

- Oh mon Dieu, serait-ce le fameux détective privé dont Papi Riri m'avait parlé ?

- Cela doit être ça. Il va falloir que j'y retourne durant la nuit et que je parvienne à dérober ses papiers. On aura peut-être, ainsi, une preuve de ce qu'il s'apprêtait à faire éclater au grand jour.

- Tu ne peux pas y aller seul. Moi je connais complètement cette demeure.

- Pardonne moi ma chérie, mais tu es trop à fleur de peau et tu risques de tout faire rater.

- Attends, j'appelle Thiefen pour savoir où il est.

- Pourquoi ?

- Parce que lui aussi connait la maison et dans ce cas, il pourrait t'accompagner.

- Et tu resterais seule, ici, toi ?

Etrangement, je le trouve sceptique ! Il faut dire que comme il l'a sans doute compris, j'ai une autre idée en tête. Mais pour le moment, inutile de l'inquiéter pour rien. Quand je parviens à joindre notre ami, celui-ci vient justement d'arriver dans sa maison de campagne. Ni une, ni deux, il nous annonce se mettre en route. Comme il lui faut environ trois heures pour nous rejoindre, il sera présent juste à la tombée de la nuit.

En attendant, très pragmatique et pour nous calmer les nerfs, mon étalon me propose une bonne séance de sport en chambre. Effectivement, je dois reconnaître que cela fait du bien. Ensuite, il sort acheter à la fois un peu de denrées, histoire de nous requinquer mais également quelques bricoles, qui, me dit-il, pourrait nous servir.

A 22 heures tapantes, nous sommes tous trois fin prêts... Et oui, ils me connaissent suffisamment pour savoir qu'avec ou sans eux, je viendrais. Mon rôle à moi est simple : puisque j'ai gardé le double des clés, je vais passer par le portail et tandis qu'ils essaieront de repérer ce qui s'est passé en notre absence, je prendrais des photos avec l'appareil de mon homme.

Si ce début d'exploration ne se passe pas trop mal, une fois en terrain ennemi, je sens mon cœur cogner à vive allure. La pression monte car je ne sais pas ce que l'on va trouver et surtout s'ils n'auront pas déjà brûlé la fameuse mallette. Les mecs sont déjà près de là où dans l'après-midi nous avons repéré le trou. Mais celui-ci a déjà été rebouché. La porte du sous-sol, quant à elle, est fermée à clefs et évidemment, je n'ai pas la bonne clef. Il ne me reste plus qu'à passer par la maison pour aller leur ouvrir de l'intérieur.

Si, au début, les deux autres ne sont pas d'accord, ils n'ont pas d'autre choix. D'autant qu'au pire des cas, si je venais à me faire choper par la vieille, je pourrais toujours dire que j'étais inquiète de ne plus avoir de leur nouvelle.

Une fois la porte d'entrée ouverte, je me faufile comme je l'ai tant de fois fait auparavant. Evidemment, je me méfie de ce plancher qui a tendance, à grincer, à certains endroits. Tout est sombre et je dois m'aider de la lampe torche que m'a passé Camilo, pour me diriger sans faire tomber un objet. Je descends enfin les escaliers bruts de béton qui mènent à cette partie souterraine de la maison. Et là, alors que la partie garage s'ouvre à moi, je suis subitement saisie d'effroi à la vue de ce que je viens de découvrir. Je dois me retenir pour ne pas hurler de terreur. Mais soudain, je suis comme enveloppée dans un voile noir qui m'entraine dans ma chute.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant