Les jours suivants, j'ai prétexté ne pas être en très grande forme afin de pouvoir garder ma chambre. J'avais besoin de réfléchir et mettre au point mon plan d'attaque.
Mais lorsque, ce quatrième jour, j'ai partagé mon repas avec les traîtres, j'ai cru me trouver en face de véritables collabos.
En effet, mon renégat de vieux renard, m'attendait avec sa bouille de merlan frit. On aurait dit qu'il avait quelque chose à se faire pardonner car il avait préparé un super repas, avec pour dessert, mon gâteau préféré. Humm, je m'en léchais les babines à l'avance... C'est lorsque j'ai commencé à manger mon oursin que la nouvelle est tombée, comme un couperet. D'un coup, la bonne génoise au chocolat, sa ganache et ses griottes au grand Marnier, ne m'ont plus du tout fait envie !
Je ne parviens plus à détacher mon regard de la feuille de papier que tient dans sa main Charles Henry. Comme il vient de me l'annoncer sournoisement, il s'agit de ce fichu testament ! Il n'a décidément pas perdu son temps. Mais tant que rien n'est signé, rien n'est perdu... euh, il ne l'a pas encore signé ?
Comme s'il lisait dans mes pensées, il m'annonce tout simplement qu'il a invité mon... hurggg... cousin au 5ème degré pour lui apprendre la nouvelle. Il vient quand celui-là ? Ce dimanche ?
Je ne bronche pas, fais semblant d'accepter sa décision. Je dois, coûte que coûte, prendre sur moi et ne pas m'énerver. Ne pas y penser tout simplement ! Il faut que je me détache de tout cela et que je considère que je ne suis que dans une pièce de théâtre par exemple. Ah oui, une scène, c'est bien ça ! « Le mensonge n'est un vice que quand il fait du mal, c'est une très grande vertu quand il fait du bien », disait Voltaire. Je m'en re servirais en temps et heure, de cette phrase !
- Tu ne dis rien ma chérie ?
- Que veux-tu que je te dise ? Avec ce que j'ai dans la tête, je serais probablement morte bien avant toi, donc il est normal que tu prennes tes dispositions.
- Allons, mon cœur, tu sais bien que tant que ta tumeur ne grossit pas davantage et qu'elle n'est pas cancéreuse tu peux devenir centenaire.
- Mais oui, c'est ça Docteur !
Oulala, je suis littéralement à bout. Je ne crois pas que je vais parvenir à me retenir très longtemps. Et cette vipère, qu'a-t-elle à me regarder comme ça ? On dirait qu'elle lit clair dans mon jeu. Pas possible c'est une véritable sorcière ! Vadé rétro Satanas ! Je ne peux m'empêcher de faire un signe de croix. Même si je n'ai jamais cru que Dieu et les siens existaient, j'ai bien davantage peur de Lucifer et sa bande de paumée. Et en aucun cas, je ne voudrais avoir à leur rendre une petite visite.
- Tu pries maintenant ? Je te croyais hâtée !
- Et bien à quelques temps de ma mort, il est normal, je tente de tous les amadouer.
- Vous êtes surprenante, Bérangère, vous le savez ?
Mais qu'est-ce qu'elle me veut cette minable ? Je sais, elle cherche à me faire sortir de mes gonds mais grrr, elle n'y parviendra pas ! Je ne veux pas.... Je sens mes joues chauffer à bloc. Des bouffées de chaleur sont en train de m'habiter en entier. C'est comme si ma rancœur était coincée en moi comme la lave dans un volcan qui menace d'entrer en éruption.
C'est quand je la vois rire de bon cœur que je me rends compte que sous le coup de la colère que j'essaie de contrôler depuis tout à l'heure, sans m'en rendre compte, j'ai pris le manche de mon couteau que j'ai serré de toutes mes forces.
- Si on ne vous connaissait pas, on pourrait penser que vous vous préparer à assassiner quelqu'un !
Si elle ne se tait pas cette sale chienne, je vais bondir et lui planter ma fourchette dans les yeux. Au moins ainsi elle ne pourra plus jamais me regarder comme elle le fait en ce moment. Je crois que le fait d'être si prête de son but ultime à savoir, empocher notre héritage commence à la faire changer d'attitude. Je la trouve plus pernicieuse. A croire qu'une fois le testament entre ses mains, elle n'hésitera pas à nous trucider. Cela me donne peut-être une idée tout ça. Qui fut pris qui croyait prendre. Vas-y Juda, Charles-Henry ne sera pas Pons Pilat !
- Puisque je vous vois sourire ainsi, j'en déduis que vous avez déjà une petite idée de ce que vous ferez de cette maison, lorsque nous ne serons plus sur cette terre.
- Tout à fait. D'ores et déjà, je la mettrais au goût du jour, car excusez-moi, mais je trouve votre intérieur un tantinet ringard.
- Mais vous savez que si vous n'avez pas de chance, nous pouvons rester là encore très longtemps. Qui sait, ce sera peut-être vous qui serez morte en premier.
- Non non, ne vous en faîtes pas pour moi ! Le Bon Dieu est un ami personnel !
- Ça ne serait pas plutôt Satan, votre ami ?
- Qu'est-ce que vous racontez ?
- Et bien, j'en déduis que c'est lui qui vous a donné la potion qui vous a permise de trucider vos parents pauvres. Après, rien de plus facile que de se choisir des parents d'adoption riches.
Qu'est-ce que je suis contente, de la voir devenir livide. Elle a beau essayé de garder son calme, elle y parvient difficilement.
- La vieillesse vous fait vraiment perdre la raison !
- Allons, allons, je suis au courant de tout ! Je ne suis pas d'une compagnie très agréable pour vous, je le conçois tout à fait. Mais quand je n'ai pas confiance en quelqu'un, croyez bien que je la surveille davantage encore. D'autant plus, quand les flics viennent faire un tour chez moi.
Ce qui me fait le plus plaisir, c'est de voir mon gros nigaud de mari suivre nos échanges, la bouche grande ouverte comme si subitement, il venait de voir un fantôme. Loin du boulot, mon homme a, de tout temps, été trop naïf et certains sont toujours parvenus à lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Mais là, je sens qu'il commence à douter.
- Tu as vraiment tué tes parents, Elyne ?
- Bien sûr que non, voyons !
- Figures-toi que c'est également ce qu'elle a prévu pour nous, dès qu'elle figurera sur ton fichu testament !
Pour une fois, je le trouve perturbé et ça me ravie. Mais je ne dois surtout pas le lui montrer.
- Rassure-toi, j'ai l'intention de me rendre chez les flics dés demain afin de leur signaler la situation et qu'ainsi, s'il nous arrivait malheur dans les quelques mois qui suivraient ta signature, qu'ils sachent où enquêter.
Je bluffe évidemment, mais j'aurais dû me mettre au poker car j'ai l'impression que mes adversaires vont baisser leurs cartes.
- Je dois reconnaître que je n'avais pas vu la situation sous cet angle et je respecte complètement ton point de vu ma chérie. Je ne dis plus oui ou non à ce projet, mais j'ai besoin d'y réfléchir encore un peu et de voir avec mon notaire, certains points. Alors Elyne, j'espère que tu ne m'en voudras pas, si on remet ça à plus tard ?
- Non, non bien sûr. Cela m'attriste juste que vous puissiez penser ça de moi. Et si vraiment, vous ne me faîtes plus confiance, je peux m'en aller.
- Ça serait une bonne idée, oui !
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La musique maléfique...
Детектив / ТриллерBellatrix est une brillante étudiante qui a toujours baigné dans le monde des livres. Pour parvenir à ses objectifs professionnels, elle surenchérit encore et toujours. Une vie sentimentale ? Aucune ! Une vie de famille épanouie ? Que nenni ! Des lo...