Chapitre 12.3

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10 mars 2006

Cette fois, lorsque je pénètre dans le bar, je constate que Elyne m'attend déjà et s'est installée à la même table que la dernière fois. Son regard est froid. Quant au dossier qui se trouve posé à côté de son soda, je le trouve assez volumineux pour une semaine de travail. Je sens que j'ai des raisons d'être inquiet.

- Bonjour Dr Del Castelix.

- Mademoiselle Fockew.

- C'est quand même assez original, un neurologue marié à une folledingue !

- S'il vous plait, je ne vous permets pas !

- Ah oui, vous croyez vraiment ça ?

- Plait-il ?

- Si je vais voir les flics avec ce dossier, je vous garantis qu'on l'enferme à Vinatier pour le reste de ses jours.

- Vous osez me menacer d'enfermer ma femme dans un asile psychiatrique ?

- Pas n'importe lequel, docteur ! Le meilleur !

- Je ... Je... bon venez en au fait !

Ce n'est plus la jeune fille toute gentille que j'ai fasse à moi, mais quelqu'un de dur qui semble aspirer à la vengeance. Je constate que ce n'était peut-être pas la bonne solution de glisser quelqu'un d'autre entre nous, dans mon couple.

- Mardi, lorsque je suis arrivée, elle a osé me reprocher d'avoir glandé toute la journée de la veille tandis qu'elle avait passé la journée à Lyon. Sur le coup, je n'ai pas réussi à savoir si elle avait vraiment perdu la boule ou si elle faisait simplement semblant pour m'humilier.

- Et alors ?

- Alors, à ce jour, je n'en sais toujours rien. Elle souffle un coup chaud, un coup froid ! Bref, elle m'a alors demandé de refaire de fond en comble votre pièce à vivre car elle avait une invitée pour ce midi. Bien entendu, j'ai dû remettre mon horrible costume de bonniche mais elle ne m'a plus fait de remarque sur mon parfum. Et pour cause, j'avais évité d'en mettre.

A midi, une dame de votre âge est arrivée, accompagnée d'une petite d'environ cinq ans. J'ai dû les servir puis je me suis retirée dans la cuisine pour manger un morceau. Elle est trop mignonne cette petite Alice. Sa grand-mère a l'air de bien l'élever. C'est la première fois que j'ai vu votre épouse gentille avec quelqu'un. Vous l'auriez vu avec cette petite... L'après-midi, elles l'ont passé ensemble et moi j'ai été relayé au grenier afin de le remettre en état. J'espère que vous savez dans quel état il était ?

- A vrai dire, je ne sais pas si j'y suis remonté depuis notre emménagement. Alors j'imagine que cela doit être pitoyable.

- Comme l'attitude de votre femme car dès que la grand-mère et sa petite fille sont reparties, elle est montée me retrouver là-haut.... Avec un fouet !

- Pardon ?

- Tout à fait ! Elle a estimé que j'avais dû me tourner les pouces et a commencé à me fouetter. Sous le premier coup, j'ai hurlé et me suis enfuie. Heureusement, elle avait, ce jour-là, oublié de me confisquer mon portable. Voici donc un cliché de votre grenier, avant que je ne commence à le nettoyer. Celle-ci, je l'ai prise le lendemain matin, lorsque j'y suis retournée pour continuer ma tâche.

Je ne peux m'empêcher d'être impressionné. D'où ma femme a-t-elle sorti ce côté sadique ? D'autant qu'Elyne effectue un super travail. Il faut absolument que je la garde avec nous. Mais comment vais-je procéder ? Vu ce qu'elle me raconte, c'est mal barré.

- J'ai fait ça pendant toute la matinée. Puis après la pause de midi et ses corvées de vaisselle, elle m'a expédié récurer votre baignoire. Je ne sais pas ce que vous faîtes, mais il y avait quelqu'un qui avait chié dedans, des jours durant. C'était à la fois sec, donc très difficile à faire partir et d'une odeur à tomber par terre. Heureusement que je ne suis pas maniaque car j'aurais fui. Elle m'a obligée à nettoyer et gratter avec une vieille brosse à dents.

- Elle est où cette salle de bain ?

- En face de vos chambres d'amis.

Mon Dieu, dîtes-moi que je rêve, ce n'est pas possible. Ce n'est pas celle que j'ai épousée. Durant toutes ces années, que j'ai exercé en tant que neurologue, je n'ai jamais eu un patient atteint de la sorte. J'ai beau passer en revue toutes les maladies que je connais, à moins de reconnaître la folie, il n'y a rien d'autre qui me vient en tête.

- Mercredi, elle a décidé qu'il était temps de me faire faire du jardinage. Sur le coup, j'étais plutôt contente de ce changement d'activité et puis j'ai rapidement compris que mon enfer ne s'arrêterait pas là. Quoi de mieux pour faire souffrir les gens que de leur faire planter des cactus sans gants ?

- Non.... Elle n'a pas fait ça ?

- Oh que si ! Et comme au bout de quelques heures, je pleurais tellement cela me faisait souffrir, toutes ces épines que j'avais sur les paumes, elle n'a rien trouvé de mieux que de me forcer à rassembler mes mains l'une contre l'autre, telle une prière. Cela m'a fait tellement mal que pour me faire taire, elle m'a poussée et je suis tombée sur le plus gros cactus que j'avais planté au préalable. Je me suis enfuie et me suis réfugiée aux urgences, avec des milliers d'épines sur les fesses, ce malgré, mon pantalon.

- Jeudi, à sa plus grande surprise, je suis revenue. Sauf que cette fois-ci, j'ai refusé d'enfiler son fichu costume qui avait fini à la poubelle tant il avait esquinté dans la bataille. Quand elle a commencé à sortir son fouet, je l'ai prévenue que si elle me touchait encore, je porterais plainte et vous préviendrais.

- Comment a-t-elle réagit ?

- Elle m'a traité de schizophrène, qu'il ne s'était jamais rien passé et qu'avec son mari neurologue, elle me ferait interner.

- Elle a osé vous dire tout ça ?

- Oh que oui, mais au moins, elle a rangé son fouet. Vous comprenez, cela laisse des marques. Et là, les flics pourraient me croire plus facilement. Du coup, toute la journée, elle s'est contentée de me traiter plus bas que terre pour me faire craquer mais ne m'a plus touchée. Par contre, aujourd'hui, elle tenait sa vengeance.

- Quoi encore ?

- depuis le premier jour, j'avais repéré un jeune chat roux et blanc qui venait squatter votre jardin. Lors de mes rares pauses, je m'amusais à le regarder grimper aux arbres et faire le pitre. Il était trop mignon. Le jour où j'ai bossé dans votre jardin, j'ai commis la terrible erreur de l'appeler et de le caresser. J'étais prête à l'adopter mais comme je suis rarement chez moi, j'avais préféré le laisser vivre libre et heureux. Sauf que votre mégère avait repéré que j'aimais les animaux. Et ce matin, elle m'attendait avec son cadavre encore tout chaud et sanguinolent. Je ne sais pas exactement ce qu'elle lui a fait, mais elle m'a forcé à nettoyer le sol de votre couloir où il y avait plein de sang et j'ai dû le découper en morceaux et le mettre dans un sac poubelle. C'était répugnant !

Je me demande comment cette fille a fait pour résister à toute une semaine ! Mais cette fois, Bérangère va devoir s'expliquer !

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant