Chapitre 13.2

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Si cette Artistic Makeup Academy était située à deux pas de la célèbre tour Eiffel, je comprenais désormais mieux pourquoi elle était si chère. En effet, même si les chambres étaient minuscules, on logeait sur place et donc pas besoin de s'inquiéter au niveau de l'hébergement. De petite superficie mais meublées avec classe, comme pour nous faire, d'ores et déjà nous croire dans un hôtel de luxe.

La formation, ici, était à la carte et fonctionnait en modules. Selon ce que l'on souhaitait faire, et probablement aussi, selon nos capacités financières, on effectuait, à l'inscription, le planning des cours. Ainsi, je me fis plaisir en m'inscrivant à tous ceux qui étaient proposés et d'entrée de jeu, lorsque je réglais comptant, mes frais de formation, je savais que j'allais me régaler.

Les deux premiers mois furent plus ou moins de la révision pour moi, puisqu'en gros, il s'agissait du résumé de l'année passée dans ma précédente école. Et pour les quelques personnes qui avaient pris le train en route, elles n'eurent que très peu de temps pour apprendre à travailler en suivant les normes de propreté, d'hygiènes et de sécurité exigées par la profession. Il leur fallu également découvrir les qualités comportementales indispensables à ce métier : ponctualité, patience, discrétion, qualité d'écoute, goût du travail bien fait, dynamisme, bonne présentation et expression orale aisée.

C'est dans ce contexte que je me suis liée d'amitié avec une nana totalement à l'ouest. J'en étais arrivée à me demander ce qu'elle fichait ici. Et puis, j'ai vite compris qu'elle faisait partie de ces filles à papa qui n'avaient rien à faire là mais que tout cela amusait beaucoup. Elle payait une fortune une formation qui ne lui servirait jamais mais qui l'amusait énormément.

Ce fut pour moi, à partir du second module, que je me suis véritablement éclatée. En effet, celui-ci avait pour objectif de nous apprendre à gérer toutes les couleurs de peau, des plus claires aux plus foncées.

Le programme de formation s'articulait autour de cours théoriques, de démonstrations, d'exercices pratiques, de séance photo de maquillage avec correction. Munie d'un carnet de cours et d'un set de crayons de couleur, je donnais enfin libre cours à mon côté artistique. Chaque stagiaire, nous disposions d'une table de maquillage pour nous entraîner et nous avions également accès à un studio photo. Evidemment, Colette avait pris place à proximité de moi, afin de pouvoir, durant certains temps morts, faire la causette avec moi.

Evidemment, le week-end, elle ne restait pas enfermée à l'Academy et s'adonnait à sa deuxième passion qui était la fête. C'est ainsi qu'un jour, elle m'a invité à une soirée donnée chez elle. Et si j'étais prête à faire beaucoup de chose pour atteindre l'objectif que je m'étais donné, il y en avait deux que je me refusais absolument : c'était la drogue et le sexe. Si je couchais avec un homme, ce serait par amour pour lui pas juste pour lui faire plaisir.

Les festivités étants prévues un vendredi soir, nous y sommes allées ensemble. En revanche, si je m'étais attendue à beaucoup de monde, de la musique ultra forte et des joints à droites à gauche, je fus donc fort étonnée. Il régnait dans cette salle une ambiance douce, tranquille avec une lumière tamisée.... Merde, qu'est-ce que c'était encore que ce truc ? Si la vingtaine de personnes présentes était avachies ça et là, sur les canapés et fauteuils en cuir crème, seul, un couple dansait... Quoi ? Je ne m'en étais pas rendue compte tout de suite, mais en les observant on pouvait vraiment trouver ça chelou. Un mec et une nana d'une vingtaine d'années en pleine danse des canards sur de la musique rock... C'était d'un ridicule ! Quand le morceau s'est achevé, j'ai vu un mec s'approcher d'une nana et tandis qu'ils se regardaient droit dans les yeux, il lui a parlé quelques minutes avant de rejoindre un type à la carrure d'un rugbyman, et au visage ingrat. Puis alors qu'une danse bretonne commençait à s'égrener dans la pièce, ne voilà pas que les deux personnes vues précédemment causer avec sans doute le chef de cérémonie se mirent à entamer une salsa très sensuelle.

Assise à côté de mon amie, je me demandais ce que nous étions venues faire dans cette soirée très étrange. Quelque part, j'avais l'impression de me trouver dans une sorte de secte et je n'avais qu'une envie : fuir ! De l'autre, à l'inverse, il régnait ici une atmosphère tellement décontractée que je me serais facilement allongée sur le sol pour piquer un petit roupillon... Bon pas sûre que tous ces jeunes riches auraient apprécié mon vocabulaire. Je dirais donc que j'avais une pointe d'envie de m'assoupir.

C'est à ce moment que nous a rejoint celui qui s'est présenté comme le frère de mon amie. S'il avait quelques années de plus que moi, j'étais totalement sous le charme. C'est peut-être pour cela que je l'avais autant observé, durant l'heure qui avait précédé. Une minute plus tard, une sonnerie retentit et tout le monde se leva en même temps pour se diriger dans la pièce d'à côté. Je me retrouvais bientôt seule avec mon interlocuteur.

- Hello, je me présente : je m'appelle Camilo et je suis le frère de Colette. Elle m'a dit que tu l'as prise sous ton aile et que tu l'aide bien. Pour cela je t'en remercie.

- Bonsoir, moi c'est Elyne. Je trouve que c'est normal. Elle ne connaissait apparemment pas grand-chose dans ce domaine alors que moi oui.

- Tu dois probablement nous prendre pour des fous.

- Euh, je ne vous qualifierais pas comme ça, mais effectivement c'est étrange.

- Ne t'inquiète pas. Ici, nulle drogue et pas d'alcool non plus. C'est juste quelques plantes que je fais brûler comme de l'encens qui nous donne cet effet totalement détendu. Nos jeux qui peuvent te paraitre incongrus n'ont pour but que de savoir quand tout le monde est prêt pour notre détente ultime.

- C'est quoi votre détente ultime ? Tout en disant cela, je me sens littéralement flotter. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.

L'homme que je trouvais mignon, il y a encore quelques instants, me regarde désormais fixement et j'ai l'impression de me noyer dans le bleu de ses si beaux yeux.

- Tu sais que tu es très belle ?

- Non, je ne m'aime pas.

- C'est pour ça que tu te caches dans des tenues de grand-mères bourgeoises ?

- Je croyais que c'était ça d'être riche... mettre des tenues...

- Non ma chérie, riche ou pauvre, les femmes doivent assumer leur sexualité et j'aurais préféré te voir débarquer ce soir en mini-jupe en cuir avec des bas à résille. Tu voudras bien faire ça, la semaine prochaine quand tu reviendras ?

- Je vais revenir ? Tu me réinvites ?

- Bien entendu ma petite chatte en chaleur. Allez, il est l'heure de retrouver les autres.

Il me prend alors par la main, puis s'arrête vers le coin bar. Là, il me tend un verre que je bois prestement. C'est agréable... on dirait qu'il s'agit d'un jus de fraise... avec un arrière-goût de... fleur d'oranger...

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant