- C'est un peu perso, tout cela jeune homme.
- Comment voulez-vous que l'on vous aide, si vous ne nous dîtes rien ?
- Je ne vous ai pas demandé votre aide... enfin pour mener l'enquête, je veux dire. Je ne veux juste plus être seule et vous ai prévenu afin que vous gardiez un œil ouvert !
Un peu facile tout ça, moi je trouve !
- Si je peux me permettre, il y a autre chose qui me dérange dans cette histoire.
- Oui, Alice ?
- Puisque maintenant on sait que votre vie est un cauchemar ici, pourquoi, tout simplement ne pas vous débarrasser de cette maison ?
- Parce que je n'aime pas que l'on me donne des ordres, que ce soit un mauvais esprit ou une sotte gens !
- Et bien, au moins, ça, c'est dit !
- Je pense, en revanche, que nous devrions prendre très au sérieux cette flèche, non ?
- C'est-à-dire ?
- Et bien puisqu'elle indiquait le kiosque, peut-être bien que ce lieu nous réserve une toute autre mauvaise surprise. Qu'en pensez-vous ?
- Oui, cela est juste Ghislain. Vous sentez-vous, de vérifier votre idée ?
- Je viens avec toi !
- Moi aussi !
Finalement, c'est celui qui a eu l'idée qui semble le moins enchanté des trois. Quant à notre hôte, elle reste délibérément sur place. A-t-elle une idée de ce que nous pouvons trouver ? Nous fait-elle totalement confiance ou n'y croit-elle tout bonnement pas ?
Lorsque nous ressortons dehors, je ne peux m'empêcher d'observer attentivement le paysage qui s'offre à moi ainsi que comment se présentent les espaces verts de cette demeure. Tout d'abord cette première terrasse en pavés, entourée ça et là de massifs de fleurs puis un petit sentier emmène à un emplacement fait de graviers où sont disposés une table avec des chaises. Je constate qu'il y aurait largement la place pour des relax par exemple. S'en suivent des marches d'escaliers qui mènent plus bas dans le jardin. Ce coin paraît déjà beaucoup plus ancien avec une nouvelle superficie de vieilles dalles qui ont fait leur temps et se soulèvent par ci, par-là, jusqu'à rejoindre le fameux kiosque. J'imagine aisément combien cette construction solide et encore élégante a dû être un point de rencontre naturel très agréable pour les habitants de cette maison ainsi que ses invités. A la fois, protégés du soleil ou de la pluie... même encore maintenant, je trouve qu'il y règnerait presque un sentiment de sérénité, si nous ne craignions pas ce que nous pourrions y trouver.
Ce qui surprend, lorsque nous sommes tout près, c'est le changement de pavés. Autant ceux sur lesquels nous sommes arrivés étaient vieux et de couleurs grises, autant ceux-ci semblent très récents et se trouvent beige clair. En revanche, une fois à proximité du kiosque, une chose horrible vient percuter mon regard. Et lorsque je lève la tête, à voir le visage livide de Ghislain, lui aussi a déjà vu la même chose. Je n'ai pas le temps de m'éloigner, qu'une envie de vider mes boyaux me prends si fort, que j'ai juste le temps de tourner la tête, que déjà, sans doute des restes du souper d'hier viennent se répandre sur le buisson environnant.
Personne ne prend de mes nouvelles, car, à l'inverse, Ghislain est en train de soutenir Alice qui a sans doute eu un petit malaise pendant que je vomissais. Il est certain, maintenant, que je vais garder cette image jusqu'à la fin de mes jours.
- Cette fois, je pense que l'on devrait prévenir la police. Vous ne croyez pas ?
Mais aucune des deux ne lui répondons. Sous l'émotion, nos jambes flageolent et nous avons toutes les peines du monde à remonter les quelques marches qui nous ramènent vers le premier salon de jardin.
Après nous avoir forcées à nous assoir un instant, Ghislain court à nouveau jusqu'à la scène de crime et après avoir sorti son smartphone, il mitraille le lieu. Je trouve cela vraiment malsain. Pourquoi fait-il cela ? C'est d'ailleurs, la première question que je lui pose, lorsqu'il nous rejoint.
- Je te rassure, je ne vois rien de joli dans ce que j'ai immortalisé, mais regarde le ciel. Il va pleuvoir d'ici peu. Et la pluie va venir souiller la scène. Qui nous dit que la personne qui a fait ça, ne nous épie tout bonnement pas ? Il attend peut-être que nous ayons tourné le dos pour faire y faire disparaître. Au quel cas, nous aurions l'air malin devant les flics !
- Bravo, tu as eu un bon réflexe ! Peut-on rentrer, maintenant, il faudrait que je puisse me rendre au WC de toute urgence. Ce que nous venons de voir pour ne pas le citer vient de me retourner tout mon intérieur.
Et tandis que madame Del Castelix nous attendait à l'entrée de la salle à manger, en nous annonçant que le petit déjeuner est prêt, je file au petit coin le plus proche. Là, je vais y passer dix minutes à me vider de tous côtés.
Quand je les rejoins, je leur trouve à tous, un air sordide. Quant à la grand-mère, elle a perdu son sourire et semble très perturbée.
- Ronald, le détective privé arrive. De mon côté, je m'en vais au commissariat de police porter plainte. M'annonce mon meilleur ami.
Et s'il a perdu sa joie de vivre depuis que nous sommes ici, je le retrouve bien dans le fait qu'il sait toujours ce qu'il faut faire. Inutile de préciser que sur la table, les chocolats chauds refroidissent sans que personne ne songe à les boire.
Quand mon frère de cœur est parti, Alice m'invite à la suivre dans sa chambre. Cette horreur aura au moins le privilège de vraiment nous rapprocher. Car jusqu'à présent, hormis notre amour commun pour les fringues gothiques, nous n'avions pas encore trouvé grand-chose à parler. Oh là là et dire que normalement ma mère doit débarquer cet après-midi ! Mais cette fois-ci, c'est sûr, je vais avoir beaucoup de mal à demeurer ici. Il va falloir être très bonne comédienne pour faire comme si tout allait bien... sauf que si les flics sont également sur la propriété, cela va être beaucoup plus dur.
Alors que nous nous dirigions vers le dernier escalier, cadre à moitié caché par deux vases de fleurs artificielles, sur une étagère étrangement haute, attire mon attention. C'est donc sur la pointe des pieds, que j'attrape la photo. Apparemment, Alice non plus, hier, n'avait pas fait attention à ce détail. Il faut dire que nous étions largement occupés à nous installer.
Sur ce cliché, nous voyons notre hôte, un peu plus jeune, mais avec, cette fois-ci, les cheveux longs et épais bien blancs. Habillée toujours aussi moderne que maintenant, elle pose avec un jeune d'une vingtaine d'années à ses côtés. Il lui ressemble quelques peu au niveau du visage mais affiche une coupe de cheveux épais d'un roux éblouissant. Qui cela peut-il être ?
Je repose le cadre et nous poursuivons notre chemin.
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La musique maléfique...
Mystery / ThrillerBellatrix est une brillante étudiante qui a toujours baigné dans le monde des livres. Pour parvenir à ses objectifs professionnels, elle surenchérit encore et toujours. Une vie sentimentale ? Aucune ! Une vie de famille épanouie ? Que nenni ! Des lo...