La musique maléfique...

Chapitre 9.3

Je prends alors une profonde inspiration et me lance dans de nouvelles explications.

- En fait, j'ai eu besoin de faire un récapitulatif de tout ce qui s'est produit depuis notre arrivée et de noter des pistes à suivre. Tout ça, j'y ai mis sur cette clé USB que je porte toujours autour de mon cou. Ainsi quand je ne suis pas là, elle peut fouiller dans mes papiers ou dans mon ordinateur, si je ne l'ai pas embarqué avec moi et ne trouvera rien !

- C'est astucieux mais tu commences sérieusement à me faire croire que je me retrouve dans un roman d'Agatha Christie !

- Oui, je sais, c'est dur, même pour moi, d'y croire. A un moment, je t'avoue que j'ai même pensé qu'il s'agissait d'une sorte de télé réalité pour Halloween et qu'une fois qu'ils nous auraient bien fait flipper, on nous sortirait de là avec un cadeau-surprise. Mais là, ça va trop loin ! Et je ne veux pas me retrouver dans un Cluedo maléfique.

Tandis que je continue de parler pour lui relater ce que j'ai déjà noté, je l'enlève de mon cou et l'insère dans l'ordinateur portable que je viens également d'allumer. C'est alors que noir sur blanc, il découvre ce que je viens de lui dire.

- Bordel de merde à la chicologougna ! Je vais avoir du mal à avaler quoi que ce soit, ce soir. J'aimerais tellement me réveiller de l'un de ces nombreux cauchemars que je fais depuis quelques temps !

Je constate qu'il jure comme Bellatrix. Les deux font vraiment la paire ! Mais tout naturellement, je reprends mes explications.

- Comme je l'avais noté ici, je lui dis en montrant du doigt, un paragraphe, il serait judicieux de faire une enquête pour connaître à qui a appartenu cette maison avant Bérangère et son mari... Si toutefois, elle leur a véritablement appartenu légalement.

- Comment ça, légalement ?

- Et bien imagines, qu'ils aient tué le vrai propriétaire et falsifié ses papiers...

- Non mais tu t'entends Sherlock Holmes ? Cette fois, ton imagination te joue des tours. T'es sûre qu'elle ne t'a rien donné à boire ? Si elle avait réellement fait ça, tu crois que franchement, elle aurait pris le risque d'accueillir trois jeunes en colocation ?

- Mouai, tu as raison ! Il faudrait qu'on fasse un peu de généalogie. Ça, je m'y connais. Ainsi, on en apprendrait davantage sur les anciens propriétaires ou notre hôte. Elle est peut-être, elle-même en danger. Si ça se trouve, la quadragénaire la menace de quelque chose et elle n'a pas le choix que de lui obéir.

- Hum finalement, je t'imagine bien dans le rôle de l'inspecteur Columbo !

- Rien que ça ?

- Columbo version sorcière, je suis certain que tu aurais du succès à la télé !

- Ah, et une toute dernière petite chose... on peut rayer l'hypothèse de la maison hantée.

- Cette fois-ci je suis d'accord avec toi.

Puis nous éclatons de rire, aussi bien devant nos mimiques pour imiter ce personnage clés que surement pour évacuer une trop grosse dose de stress.

- Il y a un autre point qui m'intrigue. Cette fois c'est au sujet du petit cousin détective. J'avais déjà dû te le dire mais franchement, je ne le crois pas du tout détective. Pour ma part, il n'est pas organisé, comme on l'est lorsque l'on mène une enquête. Au contraire, je pense qu'il est de mèche avec l'autre.

- Ah merde, tu crois vraiment ? Pourtant, je le trouve craquant, moi, cet homme. Je ne le vois pas mêlé à tout ça.

- Méfie-toi Ghislain, c'est ton cœur de gros nounours qui parle.

- Tu sais ce qu'il te dit, le gros nounours ?

- Justement, toi qui es un passionné de télé, tu trouve que Ronald ressemble à Hercule Poirot ?

- Physiquement pas du tout, sinon il ne serait pas à mon goût !

- Arrêtes de faire le guignol, c'est sérieux, là !

- Franchement, je suis incapable de te répondre. Mais promis, ce soir, je vais davantage m'intéresser à lui.

Oulala, quand il m'annonce ça, avec cette petite voix charmeuse, je ne peux m'empêcher de craindre le pire pour la soirée.

- Reste discret sinon il risque de nous arriver le même sort qu'à ta sœur de cœur.

Reprenant son air sérieux, il s'inquiète :

- Tu crois qu'ils l'ont zigouillé ?

- Pour le moment, je ne pense pas, sinon, les flics auraient déjà retrouvé son corps... à moins qu'ils ne l'aient enterrée quelque part.

- Merci pour le remonte-moral !

- Désolée. Mais reconnais que la chose est sérieuse. Et si, à mon tour, je devais disparaître, promets-moi que tu fonceras voir les flics. De même que si on retrouvait mon cadavre, dis-leur bien de me faire une autopsie, que j'aurais probablement avalé ma clé USB dans laquelle j'aurais mis le nom de mon assassin.

- C'est ça ! Et tu crois vraiment qu'avec la bile, ta clé aura résisté ?

- Ah merde, je n'avais pas pensé à ça !

- Et puis si l'assassin, tu ne le découvres qu'au tout dernier moment avant qu'il te fasse la peau, je ne sais pas comment tu vas pouvoir le notifier dans ta clé.

- Pfff, y a des fois, où qu'est-ce que tu peux être rabat-joie !

- Non, Imogène, réaliste !

- Ah oui, ça, ça me plait bien !

- Reconnais que tu as des points communs avec cette héroïne : tu adores la Bretagne, tu es célibataire et fantasque... Et comble de l'ironie, tu fourres ton nez partout !

- Et toi, tu es mon Wikipédia !

- C'est vrai que j'ai une bonne mémoire et que je suis un passionné de télé et cinéma, alors je suis ton homme !

Lorsque je reprends mon sérieux c'est pour lui rappeler de ne surtout pas oublier que si depuis le début, la vieille a décidé de s'attribuer la corvée cuisine, ce n'est pas comme elle nous l'avait dit au départ, car elle avait peur que l'on ne soit pas doués dans ce domaine mais bel et bien pour trafiquer la nourriture comme elle le veut.

- Alors, prudence ! En attendant, prends déjà ce coupe faim ! Il devrait faire son boulot. De même que lorsqu'on avait évoqué le fait qu'elle nous racontait des cracs pour nous faire peur et retrouver sa tranquillité, on n'avait peut-être pas tout à fait tort !

- Tiens, ça y est, mon beau gosse arrive !

- Je te rappelle que ce n'est pas le moment de draguer !

- Oui Chef !

- Si on avait eu plus de temps, j'aurais bien fait une séance de cartomancie mais bon, on verra un peu plus tard.

- Je commence à y aller. Cela fera plus naturel, si on n'est pas toujours ensemble.

- Crois-tu ?

- Tout à fait !

Il a tellement l'air sérieux que je n'arrive plus à savoir s'il cherche à m'endormir ou si cette fois il a conscience du danger qui nous guette. Mais je l'espère vraiment. Je n'ai donc pas le choix et le laisse partir.
De mon côté, j'espère que le coupe-faim qu'il a croqué en faisant la grimace l'aidera à se retenir sur les plats. Je prends le temps de remettre la clé USB autour du coup, de nourrir mon chacha d'amour puis de revêtir une belle tenue de sorcière, avant de descendre une bonne demi-heure après.

Et la bataille fut !