Chapitre 17.3

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Ces deux jours suivants ce sont déroulés comme dans un rêve ou plutôt un film policier. D'un côté, avec Thiefen, nous prenions régulièrement des nouvelles de Elyne, toujours hospitalisée pour une irritation de la peau, des muqueuses, des yeux et des troubles à l'estomac étant allés jusqu'à quelques vomissements. De l'autre, nous assurions une surveillance constante du manoir. Juché sur la 1ère branche d'un arbre du verger, qui, en cette saison automnale n'était plus trop fréquenté, à l'aide de mes jumelles, nous avions une vue directe sur les fenêtres de la pièce à vivre.

Si je me suis longtemps demandé comment la vieille était parvenue à descendre, le lendemain, ouvrir en grand son sous-sol, sans se retrouver inanimée, j'ai la réponse ce matin, en découvrant ... un masque à gaz. Incroyable ! Comment peut-on la diagnostiquer folle alors qu'elle maitrise parfaitement ses deux meurtres et à coup sûr, elle ne semble pas à son coup d'essai. Je dois reconnaître qu'elle m'impressionne.

Mieux que ça, nous allons assister, en direct, à une superbe mise en scène ! Car ce matin, nous sommes surpris de découvrir quelques flammes dans une des chambres. Mais au moment où nous nous attendons à voir un réel incendie se déclarer, nous constatons que déjà, la fumée a cessé. Qu'est-ce qu'il est en train de se manigancer dans cette baraque ? Pour en avoir le cœur net, je décide de m'infiltrer dans son jardin et de là, je découvre qu'à 78 ans, cette femme est encore costaud puisque l'effort va lui prendre quelques heures mais qu'elle va parvenir à monter le cadavre de son mari jusqu'à la fameuse chambre. Certes, il n'était pas très épais, mais tout de même ! Ȧ nouveau, je découvre des flammes et j'en déduis qu'elle tente de faire cramer son mec. Le reste de la journée, elle le passe à tout récurer afin de ne laisser aucune trace de tout ça. Le soir, vers 22h, alors que nous allions retourner à notre chambre d'hôtel, nous découvrons que la meurtrière sort de la propriété avec une valise à la main... Intéressant !

C'est pour nous, l'occasion de découvrir exactement ce qu'elle a foutu. Cette fois-ci, nous sommes munis de gants en latex afin d'éviter de laisser des empreintes qui pourraient nous mettre dans l'embarras face à la justice. Avec les clefs que nous avions gardées, une fois que la vieille a disparu de notre vue, nous nous lançons.

On peut dire que tout est relativement assez propre dans le couloir. A la cuisine, en revanche, règne un beau désordre digne d'un scénario dans lequel, un homme livré à lui-même aurait essayé de se préparer à manger entre deux cuites... Car effectivement, au milieu des immondices alimentaires, bien en évidence, trainent des bouteilles de whisky vides.

Une fois à l'étage, c'est à l'odeur que nous retrouvons la pièce incendiée. Là, effectivement, comme dans la cuisine, tout a été calculé à la perfection pour paraitre plus vrai que nature. On découvre le cadavre, seulement à moitié calciné dans un lit qui a disparu sous les flammes et une bouteille vide à ses côtés, tandis qu'un peu plus loin, une bougie à moitié fondue sera accusée d'avoir provoqué cet accident. Bravo ! Rien à dire ! Après avoir pris des photos de toutes cette mise en scène et cherché en vain la fameuse mallette, nous fuyons de ce lieu sordide avant que quelqu'un puisse nous repérer.

Nous pénétrons dans notre chambre d'hôtel à minuit et nous empressons, après un rituel de douche pour se débarrasser de toutes ces odeurs moribondes, de nous coucher pour une nuit de plaisir sans équivoque. Il sait, je lui ai dit, que je suis bi mais surtout que je ne suis à personne, et il s'en contente. Je crois qu'il assume enfin ce côté homosexuel même s'il va également avec les femmes. J'ai hâte de récupérer Elyne demain, à l'hôpital et de filer dans la résidence secondaire de Thiefen. Je sens que tous les trois on va s'offrir de bonnes parties de jambes en l'air...

Mais la surprise ne se fera pas de ce côté-là car malheureusement, Elyne a encore du mal à respirer normalement. Et moi les malades ne m'ont jamais excité. Je dois remettre nos galipettes à plus tard. Comme elle veut absolument revoir le manoir avant de partir, nous faisons donc un petit détour, avant de récupérer nos affaires à l'hôtel. Et là, devant la propriété, nous découvrons des fourgonnettes de pompiers et de police. Qui les a mis au courant ? Vont-ils également trouver le cadavre de l'enquêteur qui est enterré dans le jardin ? Alors que nous nous garons plus loin, nous voyons même arriver une équipe de journalistes pour France 3. Ça alors ! Elyne demeure muette. Elle ne semble toujours pas avoir digéré le meurtre de son Papi Riri.

Finalement, nous décidons de demeurer une nuit de plus ici, et rentrons à l'hôtel où nous réservons une chambre supplémentaire. Avant d'aller souper dans une cafétéria du quartier, nous nous installons tous les trois pour regarder le journal régional et là, nous sommes sonnés par ce que nous voyons à l'écran.

En effet, le journal débute par la mort accidentelle du célèbre neurologue Charles-Henry Del Castelix, à la retraite depuis maintenant quelques années mais qui souffrait d'une certaine alcoolémie. Et en l'absence de son épouse partie quelques jours rendre visite à son amie Rose, en Bretagne, celui-ci aurait trop bu et dans un état second, il aurait allumé une bougie qui aurait mis le feu à la maison. Mais d'après les premiers éléments, il serait bel et bien mort d'un coma étylique. Dans un second temps, on découvre sa veuve totalement épleurée, toute vêtue de noir et encore avec sa fameuse petite valise. Elle se dit pleine de regrets de l'avoir laissé pour seulement quelques jours. Si elle s'était rendue compte qu'il allait si mal, elle ne serait pas partie. Elle présente ensuite à la télé, sa meilleure amie qui en rajoute une couche.

- Nous avions pris l'habitude, depuis longtemps, de venir passer quelques jours du côté de Saint Malo, avec Bérangère et Charles-Henry. C'était l'occasion de passer des moments agréables. Hélas, cette année, nous n'avons pas pu le faire cet été et avions décidé de reporter notre voyage à l'automne, pendant les vacances scolaires de la Toussaint pour ma petite-fille, Alice. Mais son mari ne se sentant pas dans son assiette, lui avait conseillé de partir seule. Elle l'a écouté mais l'appelait régulièrement. Comme il ne répondait plus au téléphone, on a décidé d'avancer le retour de deux jours. Et c'est ainsi qu'on l'a retrouvé.

- J'y crois pas ! Même sa copine est dans le coup ! J'aimerais bien savoir ce qu'elle lui a promis pour jouer le rôle de son alibi.

Effectivement, en moins de deux jours, l'affaire était classée... Les accidents, arrivent tellement vite de nos jours !

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant