Chapitre 17.1

1 0 0
                                    

"La mort n'est pas un mal, l'approche de la mort en est un."

Quintus Ennius – Poète et auteur dramatique de l'époque romaine


(Camilo)

Alors que nous attendons toujours dehors, le temps s'écoule mais rien ne se passe. A côté de moi, je sens ce Thiefen, comme paralysé par la peur. Je ne vois vraiment pas l'intérêt qu'a eu Elyne de l'emmener avec nous. Une véritable mauviette ce mec... Enfin si c'est réellement un mâle. Un jour je l'inviterais dans l'une de mes petites soirées et je sens que je prendrais mon pied en l'initiant au plaisir gay... à moins qu'il ne le soit déjà. Mais tandis que je fantasme sur une bonne partie de jambes en l'air, je commence sérieusement à trouver le temps long. Je sens qu'il s'est passé quelque chose. En regardant ma montre, je constate qu'il s'est désormais écoulé quinze minutes depuis son départ. Cela n'aurait pas dû être aussi long.

- Tu saurais me guider à l'intérieur de cette baraque ?

- Euh... Je connais le rez-de-chaussée mais pas les autres étages, ni le sous-sol.

- Bon, alors tu vas m'expliquer le chemin à parcourir, d'après ce que tu connais et toi, tu restes là. Si dans vingt minutes, je ne suis pas de retour, tu dégages de là et tu appelles les flics. C'est compris ?

Heureusement que nous nous trouvons dans l'obscurité, car au bruit que fait sa respiration, je suis persuadé qu'il est blanc comme linge. Il va vraiment falloir que je lui offre une formation pour retrouver son courage à celui-là !

Après avoir laissé mon sac à dos à Thiefen, c'est uniquement muni d'une lampe torche et de mon fidèle poignard accroché à la ceinture, que je pénètre à mon tour dans cette fichue demeure. Je n'aurais aucun état d'âme : si quelqu'un a touché à un cheveu de ma donzelle, je lui fais la peau.

Je ne prends pas la peine de surveiller le bruit que font mes pas sur ce vieux sol et j'ai presque envie d'en démordre maintenant avec cette vieille bique. Toutefois, lorsque je commence à descendre les escaliers qui semblent mener au niveau -1 de cette maison, je suis davantage aux aguets. Très vite, une odeur à la fois très légère et irritante me perturbe l'odorat et dans le doute, je me mets en apnée avant d'accélérer ma descente. Je m'oblige à ne rien regarder d'autre que droit devant. Où est censée se trouver cette fichue porte qui était ouverte cet après-midi ? Ça y est je la vois et Dieu merci, la clé est encore sur la serrure. Vite, vite, je manque d'air mais je suis certain qu'il y a quelque chose d'anormal dans l'air et que je n'ai pas intérêt à respirer ça.

5...4...3...2...1....1/2...1/4.... Je n'en peux plus, la clé, je la tourne, j'appuie sur la poignée... 0 !

Au moment où je suis obligée de reprendre ma respiration, tout semble se vivre au ralenti. Je vois la porte s'entrouvrir, mais un voile noir vient me happer et je me sens tomber....

Lorsque je reprends mes esprits, je découvre que c'est Thiefen qui m'a trainé jusqu'à dehors. Il a ouvert en grand les deux portes afin d'évacuer cette atmosphère irrespirable. Il est, désormais, en train d'évacuer le corps inanimé d'Elyne. Mon esprit est encore quelque peu embrumé au point que je n'évalue plus l'urgence des choses. Je prends alors mon appareil photo et tandis que le mec essaie de ranimer son amie, désormais elle aussi à l'air libre, je me tiens à l'entrée du sous-sol et comme, quelques heures auparavant, je mitraille cet espace de flash. Il me faut des preuves de ce que je viens de découvrir car je sens que plus tard, nous risquons d'en avoir besoin.

Dans un recoin de la pièce, ce trouve un grand baquet rempli d'un mélange de chlore et d'acide sulfurique. C'est ce qui explique ce gaz toxique qui a failli nous tuer. Comment je le sais ? C'est simple puisque à côté, trainent encore plusieurs bidons d'extrait de javel d'une contenance de 20 litres chacun ainsi qu'un jerricane d'acide sulfurique. Comme ces deux produits, tu les trouves en vente dans les grandes surfaces ou internet... En revanche, ce qui est probablement le plus choquant, en ce lieu, c'est à quelques mètres plus loin, le corps sans vie du fameux Charles-Henry.

Assis sur une vieille chaise en bois, il a les pieds et les mains ligotées tandis que sa tête se trouve coincée et penchée en arrière. Un tuyau a été inséré entre ses lèvres avant de lui scotcher la bouche afin de faire tenir l'ensemble. Celui-ci est relié à un baril en chêne rouge, probablement de whisky d'une contenance de probablement cinq litres. Je n'en crois pas mes yeux ! La vieille sadique, après s'être servie de son mari pour se débarrasser du corps du détective, n'a rien trouvé de mieux que de lui mettre un somnifère dans une boisson puis une fois que celui-ci s'est endormi, elle l'a préparé à avaler en un temps record pas moins de cinq litres de whisky en si peu de temps. Il ne lui en a pas fallu davantage avant de se retrouver plonger dans un coma éthylique. Cela, associé à cet air irrespirable, il n'avait aucune chance de s'en sortir. Et maintenant, la salope est tranquillement en train de se reposer dans sa chambre... Je monterai bien lui faire sa peau... Mais il commence à me venir une idée de vengeance, telle qu'elle va regretter de ne pas être morte de mes propres mains cette nuit. Après une énième photo, je me dépêche de refermer la porte à double battant puis je prends les choses en mains.

- Comment va-t-elle ?

- Elle est toujours inconsciente et son pouls est faible. A mon avis, si tu n'étais pas parvenu à déverrouiller la porte, dans le quart d'heure suivant, elle était morte.

- On doit l'emmener aux urgences, nous n'avons pas le choix. Pour l'instant, transportons là jusqu'à ma voiture puis je reviendrais fermer la porte d'entrée et le portail. Moins il y aura de traces de notre passage, mieux cela vaudra.

- Je suis d'accord.

La transporter nous prend encore un petit moment car non seulement nous essayons de ne pas trop la remuer, mais nous nous assurons également qu'il n'y a personne qui passe dans la rue, lorsque nous sortons de la propriété. Une fois après l'avoir allongée sur la banquette arrière de mon véhicule, je m'acquitte rapidement de ma dernière corvée puis nous filons aux urgences du centre hospitalier Lyon Sud. Au personnel médical qui prend en charge mon Elyne, j'invente un prétexte un peu bidon comme quoi elle a voulu mélanger de la javel et de l'acide sulfurique afin de bien nettoyer les toilettes et que je l'aurais trouvée inanimée. Pas sûr que cette version soit bien crue, mais sur le coup, je n'ai rien trouvé de mieux. Le plus urgent étant de la sauver, ils n'ont donc rien dit de plus.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant