Chapitre 14.3

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- Demandes donc à ton épouse, si elle se rappelle de Thiefen ?

Charles-Henry, nous a regardé tour à tour, la bouche grande ouverte devant ce mystère qui le dépassait totalement. J'étais parvenue à faire taire sa vieille bique et en étais ravie. Pas de doute que si l'autre avait eu, une arme à feu, je serais déjà en train de me vider de mon sang.

Quelques minutes très électriques se sont écoulées avant que la taupe ne reparte à l'attaque.

- D'où connais-tu ce minable ? Ne me dis pas, que tu es l'une des leurs ?

- Mais enfin Bérangère, vas-tu te décider à m'expliquer de quoi vous parlez toutes les deux ?

- Demande donc à ta protégée de cracher son venin !

- De telles paroles venant de vous, croyez bien que ceci est un honneur !

Puis me tournant vers ce brave homme, je lui ai exposé ce que je savais.

- Votre dame n'est pas si famille que ça. Mais vous avez déjà du vous en rendre compte puisque si d'après ce que j'ai cru comprendre de nos discussions, elle ne vous a pas offert l'enfant de vos rêves. Mais ce n'est pas tout. Elle a également des cousins éloignés qu'elle a refusé de fréquenter.

- C'est vrai Bérangère ?

- Elle ne connaît rien de cette histoire et essaie de te monter contre moi !

- Et bien vas-y, expliques-nous !

- Cela ne regarde pas cette péronnelle.

- Au contraire, je crois qu'elle a également des choses à t'apprendre.

A ces mots, j'ai découvert que sa hargne avait changé de cible. Après nous avoir observés en silence, durant lequel, j'avais l'impression de voir tous les rouages de son cerveau tourner à fond, elle a repris la parole.

- Cette affaire remonte du temps de mon grand-père maternel. Il avait un frère avec qui il était très proche. Ils faisaient toujours tout ensemble et avaient même projeté de reprendre tous les deux l'exploitation agricole de leurs parents et de l'accroître. Et puis, un jour, la sorcière est arrivée.

- Une sorcière ? Carrément ? Je suppose que vous étiez prête pour la faire brûler vive sur un bucher ?

- Si j'avais vécu à cette époque, pourquoi pas ?

- Vas-y, poursuit ton histoire, s'il te plait, Bérangère, que je comprenne ce qui s'est passé.

- Cette femme a d'abord rencontré mon grand-père. Elle n'avait pas froid aux yeux et l'a rapidement séduit. Mais une fois devant le maire, elle osé dire non !

- Tu veux dire, qu'ils avaient décidés de se marier ?

- Oui, disons que sa famille à elle était très riche et que cela arrangeait les deux parties.

Je ne pus m'empêcher de mettre mon grain de sel dans cette explication :

- Il s'agissait donc d'un mariage arrangé ?

- Peut-être de sa part, mais lui était tombé follement amoureux d'elle.

- C'est amusant que vous soyez si sûre de vous alors qu'à cette époque, vous n'étiez même pas née... A moins que vous vous soyez trouvées présente sous un aspect de fantôme, pourquoi pas !

- Ah ah ah très drôle. C'est le principal intéressé qui l'a très vite expliqué à ma mère, qui, elle-même, me l'a redit.

Voyez-vous ça, les cancans de famille qui sont toujours l'objet de brouilles sur des générations sans que personne ne connaisse réellement l'objet d'un tel drame.

- En fait, elle a dit non, car quelques jours avant, elle aurait rencontré le frère de mon grand-père et en serait tombée follement amoureuse. Ce dernier venait d'achever son service militaire, voilà la raison pour laquelle, ils ne s'étaient pas vus avant. Se sentant trahis, mon grand-père a coupé les ponts avec ce frère qui lui avait volé son grand amour. Il a quitté sa campagne natale et s'est lancé dans les affaires. Puis il s'est à son tour marié mais nullement par amour puisque son cœur était mort. Ils ont eu ma mère. Et alors que maman n'avait que sept ans, son père a appris tout à fait par hasard, que ses propres parents et son frère avaient perdu la vie dans un incendie. Il a refusé de se rendre à l'enterrement et a fait jurer à sa fille de ne jamais s'approcher de cette branche. Ma mère s'y est tenue et moi aussi.

- Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Comment des descendants sur deux générations peuvent-ils être coupables de quoi que ce soit ?

- C'est comme ça, un point c'est tout !

- Il me semble que vous oubliez le meilleur madame Del Castelix ! Vous permettez que je le raconte à votre mari, afin qu'il puisse se faire sa propre idée sur la question ?

Cette dernière était tellement en colère, que cela en devenait risible.

- Bérangère était jeune à l'époque... mais déjà mauvaise...

- Je ne vous permets pas de me juger petite salope...

Et tandis qu'elle tentait de me gifler, j'esquivait son attaque et en profitait pour la forcer à s'assoir. Je lui aurais bien mis une raclée mais la présence de son mari m'en a vite dissuadée. J'ai donc poursuivi mon histoire.

- Alors qu'elle travaillait dans un hôpital depuis peu, une femme l'a contacté alors qu'elle quittait son service. Elle lui a alors appris être sa cousine... malheureusement de la mauvaise branche. Or, elle se faisait soigner sur place pour une leucémie et n'en n'avait plus que pour quelques mois à vivre. Elle avait découvert leurs liens de parenté et lui a demandé de l'aide. En effet, son mari était mort à la guerre, quelques mois plus tôt et leur fils unique n'avaient plus personne.

- Quel âge avait-il ? s'intéressa Charles-Henry

- A peine quatre ans. Mais savez-vous ce qu'elle lui a répondu ? Mot pour mot : Je ne suis pas un orphelinat ici, alors démerde-toi !

- Non, tu n'as pas fait cela Bérangère ?

-Il est toujours facile de juger les autres. Mais tout cela s'est passé à une époque où nous étions séparés...

- Et que tu venais de te faire avorter !

- Ne me juges pas ! Tu as aucun droit ! Tout cela est de ta faute ! Si tu n'étais pas devenu alcoolique !

- Vos prétextes seraient presque crédibles si vous ne l'aviez pas remis à la porte, il y a seulement quelques années !

- Quoi ?

- Ah celui-là est bien comme son arrière-grand-mère ! Il a bien caché son jeu. Alors qu'il était venu ici pour me voler, il m'a fait croire qu'il était envoyé pour une classification de notre habitation. Je lui ai alors ouvert et l'ai très bien accueilli.

- Parce que vous ne saviez pas qui il était. A l'inverse, vous lui auriez une nouvelle fois claqué la porte au nez. C'est d'ailleurs ce que vous avez fait une fois qu'il vous a appris vouloir juste vous connaître.

- Je n'allais pas croire ces fumisteries tout de même !

- Ma pauvre Bérangère... Je me rends compte aujourd'hui à quel point ton passé t'as rendue dure.

- Ah parce qu'évidemment, tu es de son côté ? D'ailleurs, comment savez-vous tout ça, vous ?

- On dira que c'est le hasard puisque votre arrière cousin n'est autre qu'un ami à moi. Nous nous sommes rencontrés sur le tournage d'un film et nous nous entendons très bien.

- Il va de soi, connaissant cette histoire, que nous vous couchions tous les deux à parts égales, sur le testament !

- Croyez-moi, cela ne va pas se passer comme ça. J'ai encore mon mot à dire dans cette affaire ! Sans attendre, elle s'est brusquement levée et a quitté la pièce.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant