Chapitre 18.1

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" En vieillissant, on s'aperçoit que la vengeance est encore la forme la plus sûre de la justice."

Henry Becke– Dramaturge français (1837-1899)


(Elyne)

Jusqu'à ce 8 novembre 2012, je crois que je n'ai vraiment jamais su qu'était ce sentiment de haine qui obsède la personne qui crie vengeance. Dorénavant, je le connais ! Et je jure devant Dieu que toute l'énergie et tout l'argent que j'ai mis de côté ne servira plus qu'à détruire cette infâme meurtrière aux yeux de folle. Et si je dois anéantir ceux qui l'auront aidé dans son côté machiavélique alors sans hésiter, je le ferais.

Je prendrais le temps qu'il faut pour aboutir à sa perte mais j'y parviendrais. L'expression "La vengeance est un plat qui se mange froid", je me la suis faîte tatouer dans le dos, sous le dessin de la déesse Anubis qui soupèse dans une balance, d'un côté un cœur humain et de l'autre, une plume, tandis que dans l'autre main, elle tient un sabre. J'ai mélangé volontairement le symbole de la justice et celle de la vengeance car c'est ce qui se produira bientôt. Et si pendant trois séances, j'ai souffert le martyre physique, au contact de l'aiguille, je dirais que cela a presque apaisé ma torture morale.

Cerise sur le gâteau, j'ai même poussé le vice à commander aux pompes funèbres, une plaque avec pour illustration, un magnifique cactus avec de belles épines et un glaive planté en son centre. Et de l'autre côté, l'inscription : "Papi Riri, jamais je ne t'oublierai !", le tout sur une plaque de granit rouge. Inutile de préciser que le mec qui a pris ma commande m'a probablement classée parmi ces extravagants qui aiment avoir la tombe ou la plaque unique. Je savais que si cette salope de Bérangère venait se recueillir, elle saurait de qui ça venait.

Une fois rentrée sur Château-Chinon en compagnie de mes deux acolytes qui avaient l'air de bien s'entendre, toute endeuillée par la peine qui s'était emparée de mon cœur, j'ai quand même découvert une surprise de taille, dans la boîte aux lettres. Et tout de suite, j'ai reconnu l'écriture de celui qui avait notifié mes coordonnées "Mademoiselle Elyne Fockew chez Monsieur Thiefen Diflou....".

"Ma chère enfant,

Si tu viens à recevoir cette lettre, c'est que comme je m'en doute, il me sera arrivé malheur. Chaque fois que je t'ai eu au téléphone ces derniers temps, je n'ai pas voulu t'inquiéter car ma femme, devenue un véritable tyran, m'a menacé de te tuer si tu refranchissais le seuil de cette maison et malheureusement, je l'en crois tout à fait capable. Pour ma part, si je viens à disparaitre, ce ne sera qu'une heureuse évasion car cette vie me désole. J'ai été assez stupidement amoureux pour ne pas voir à quel point elle m'a mené en bateau depuis nos retrouvailles. J'étais sa chose et je ne devais appartenir à personne d'autre. Elle a été jalouse de cette relation si calme et particulière que j'entretenais avec Kristen, au point de la tuer. Le détective privé dont je t'ai parlé, l'autre jour s'appelle Christophe Biost du groupe Promiocle. Contacte-le, il pourra sûrement t'éclairer sur l'enquête qu'il mène. Cette lettre, c'est mon notaire qui l'a en sa possession et doit te l'envoyer, si dans les dix mois qui suivent l'écriture de ce courrier, je venais à être retrouvé mort. A cette lettre est joint un document que je préfère que pour le moment, tu gardes secret mais qui, ainsi, à la mort de la folle amour de ma vie, te permettras d'hériter de tous nos biens. En attendant, pour le cas où elle vivrait longtemps, on dit que la méchanceté entretient, voici les coordonnées bancaires d'un compte ouvert à ton nom où j'ai glissé sournoisement, une partie de mon argent de poche. Il n'y a pas qu'elle qui soit maline dans ce couple. Et donc si tu lis ce courrier, alors je te dis adieu.

Ton Papi Riri"

Je n'en reviens pas. Comment a-t-il obtenu tous les papiers nécessaires ? Cela restera un grand mystère pour moi. En attendant, je découvre avec une grande joie, un papier tout à fait officiel dans lequel Papi Riri me reconnait officiellement comme sa fille adoptive. Et je m'appelle désormais Elyne Fockew Del Castelix ! Ça le fait !

Sous l'émotion, après un rapide signe de croix, j'entreprends une longue prière de remerciement envers cet homme qui est mort sous le joug de sa satanée Bérangère. Que cette dernière aille rôtir en enfer mais avant cela, je m'assurerais qu'elle souffre des années durant jusqu'à rendre son dernier souffle !

Pour ce qu'il en est de ce compte bancaire, lorsque je consulte son solde sur internet, j'en demeure soufflée. Il y a trop de zéros ... je ne suis pas loin de croire à une blague mais si cela n'en n'est pas une, alors que ma vengeance soit avec nous !

- 18 novembre 2012 –

Une réunion exceptionnelle a lieu ce soir chez Thiefen. Les parties présentes sont le propriétaire de la maison, logique, Camilo puisque c'est lui qui l'a demandé ainsi que Serge-Hubert, son demi-frère. Ce dernier ne vient pas les mains vide puisqu'il a prévu de quoi faire un bon repas Lyonnais. Mais si le but de cette réunion, hormis me présenter un membre de sa famille, m'échappe, très vite, il prend la parole et nous expliquent avoir besoin de remettre les choses à leur place.

- Elyne, je vais vous montrer des clichés que tu n'as pas pu voir même si tu étais sur les lieux puis plus tard. Si tout cela est trop douloureux pour toi, je te conseille de fermer les yeux. Il est important que tout le monde comprenne bien ce qui s'est passé et ce que tu as vécu pour qu'ensuite, quand je te proposerais un plan que j'ai en tête, vous puissiez tous, me donner votre avis. Bien évidemment, même si nous tombions tous d'accord, ce ne serait pas pour la semaine prochaine, car il y aurait beaucoup trop de choses à mettre en place, avant.

Comme personne ne dit rien, après avoir branché un fil de raccord et avoir manipulé la télécommande, la première photo choc apparaît sur le grand écran de télévision.

Déjà en petit format, cela avait été dur, mais là, cela engendre chez moi quelque chose d'assez poignant.

- Thiefen, tu n'étais pas encore arrivé, quand j'ai pris cette photo. Regardez bien. Ici nous avons le fameux Papi Riri, c'est lui qui est chargé de découper le cadavre.

- Je suis certaine que ce n'est pas lui qui l'a tué et franchement je ne comprends toujours pas pourquoi il a accepté de faire ça pour elle.

- Ne te prends pas la tête là-dessus pour l'instant. A côté, Serge, tu vois la fameuse Bérangère. Tu remarques que c'est elle qui donne les ordres et n'a pas de dégoût pour ce qu'elle a fait puisqu'elle tient la viande morte à pleine mains.

Berk... Avec ses mots crus, il rend la scène encore plus dégueulasse.

- Pour ce qu'il en est de celui qui est en train de se faire découper en morceau, j'ai eu confirmation....

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant