La musique maléfique...

Chapitre 6.2

Contrairement à mes intentions initiales qui avaient été de me lever dans la nuit pour espionner voir si je voyais soit un fantôme, soit autre chose, on peut dire que j'ai dormi comme un bébé. Une chose qui ne m'était pas arrivé depuis très longtemps.

Je dirais même mieux : depuis que je vis avec Voldemort ! Car aussi gentil et affectueux qu'il soit, mon compagnon à quatre pattes a un terrible défaut. Il n'aime pas dormir en boule dans un coin comme n'importe lequel de ses congénères. Il attend alors que je sois presque dans les bras de morphée pour venir s'allonger de tout son long sur mon ventre, sa tête prenant mes petits seins pour un oreiller. Et pour un peu que je ne bouge pas d'un poil, alors il se met à ronronner à tue-tête.

Si vous êtes déjà parvenus à vous endormir dans ces conditions... je parle de ronron dans les oreilles, alors bravo parce que moi je n'y suis jamais parvenue. Voilà pourquoi je dors avec des boules Quiès. Et dans mes conduits auditifs, elles ne tiennent jamais toute la nuit. Je me réveille souvent deux à trois fois minimum, quand ce n'est pas davantage.

Mais ce matin, c'est bel et bien mon réveil qui me sort d'une léthargie totalement dingue d'autant que non seulement mon égoïste de chat est toujours bien installé sur moi et mais en plus, mes oreilles sont libres comme l'air. Comble de l'ironie, j'ai encore sommeil ! Moi, plus connue pour mes nuits blanches, j'ai envie de faire la grasse matinée ? Je sens quelque chose de louche dans tout cela. Soit, cette journée surnaturelle m'a épuisée, soit on m'a droguée à mon insu et j'aimerais bien savoir pourquoi.

Heureusement, que ma formation est censée se passer à la maison car sinon, je ne serais pas en avance tant je suis dans le brouillard le plus complet. Il a d'ailleurs bien dû s'écouler une demi-heure entre le moment où j'ai ouvert mes yeux et où je suis parvenue à déloger ma couverture poilue. Evidemment monsieur le chat n'a pas été content, mais il devrait s'estimer heureux d'en avoir autant profité cette nuit car ce n'est pas près de se reproduire, fois d'Alice !

Après une bonne douche ravigotante, je prends le temps de choisir une tenue de circonstance... ou du moins selon mon humeur, à savoir toujours bien noire, mais avec beaucoup de dentelles.

Si un legging à résille habille mes jambes, aujourd'hui j'ai choisi une robe de velours bien cintrée sur la taille et si elle m'arrive mi-cuisse sur le devant, à l'arrière, elle descend jusqu'aux mollets. Les manches en velours s'arrêtent au niveau du coude pour finir, évasées qu'avec de la dentelle. Enfin, le nec plus ultra qui m'avait fait craquer lors de cet achat, c'est la fermeture éclaire bien en son centre, sur le devant, qui s'achève par une jolie croix argentée et ciselée.

A cela, je rajoute ma dernière acquisition de bottines victoriennes. Si celles-ci montent à mi-mollet, c'est leur texture qui imite parfaitement bien la dentelle qui m'a séduite. Bien sûr, le pied et le contour de la chaussure sont en cuir. Avec les lacets qui montent jusqu'en haut et cette forme un peu cow boy, j'adore le look que cela me donne.

Parfois, rien de tel qu'une tenue qui en impose pour faire taire la peur qui nous habite. Je décide donc de rajouter sur ma tête, un mini chapeau gothique en tissus violet et dentelle noire que je fixe à l'aide d'une pince.

C'est donc très sûr de moi que je rejoins les autres à table. Et quand je vois leur tête, je manque je justesse d'éclater de rire. Ghislain en reste la bouche ouverte. Ce ne serait pas pire s'il avait vu le diable en personne. Si un jour, il assiste à une de mes séances de magie blanche, je ne garantie pas dans quel état il va en ressortir. Tour à tour surprise puis admirative, je constate que Bellatrix m'envie. Elle n'oserait probablement pas se rendre dans son école Science Po dans une tenue comme la mienne. Il n'y a qu'à voir, comme au contraire, elle s'est habillée de sorte de passer inaperçue avec son tailleur pantalon noir.

Hi hi hi, je m'imagine, l'espace d'un instant, après avoir suivi toutes ces études de fous, devenir présidente de la république. Ah ça voudrait faire parler le monde que d'avoir au pouvoir une sorcière, même jeune, dans sa tenue. Les condamnations se feraient à coup de baguette magique !

C'est le regard froid et carnassier que me jette la vieille, avant de se reprendre aussi tôt, qui parvient à me faire froid dans le dos. Elle en reprend même le vouvoiement, l'espace d'un instant, comme sans doute pour bien me faire comprendre qui commande ici.

- Vous vous rendez à un bal costumé mon enfant ?

Grrr, pour qui se prend-t-elle, pour me parler comme si j'étais une gamine. Elle commence franchement à m'agacer.

- Ne vous en déplaise, je serais absente toute la journée. Voyez-vous, j'ai moi-même une vie privée.

Sans doute pour détendre l'atmosphère qu'elle a dû sentir très électrique, Bellatrix prend la parole.

- Oulala, je ne sais pas vous, mais j'ai dormi comme un bébé, cette nuit. Le fantôme n'a pas fait assez de bruit pour me réveiller.

- Tu as raison, cela doit être dû au fait de cette journée riche en émotion mais moi aussi, je suis tombé comme une masse dans mon plumard et ce matin, mon réveil a dû mettre la gomme avant que je n'ouvre les yeux.

Tiens, tiens, tout ça, est à mes yeux de plus en plus louche.

- Vous avez de la chance les jeunes, de pouvoir autant dormir. Pour ma part, avec mon âge, je ne dors jamais plus de quelques heures. Mais je vous rassure, il ne s'est rien passé d'étrange en cette nuit de pleine lune.

Les commentaires de mes nouveaux amis m'ont conforté dans l'idée que quelqu'un nous aura sans aucun doute drogué. Je sais, je regarde trop de films, mais quand même. Du coup, lorsque Bellatrix propose de me servir une tasse de café, j'annonce que je ne déjeune pas ici.

Cela ne va pas arranger mon budget tout ça, mais bon, il faut que j'en ai le cœur net et pour quelqu'un qui n'avait pas prévu de sortir de toute la journée pour bosser au calme, c'est totalement raté. Et puis dans cette tenue, il va m'être difficile d'espionner en toute tranquillité. Qu'à cela ne tienne, après avoir souhaité une bonne journée à tous, je file dans ma chambre. Là, je chope en hâte deux trois affaires puis, après avoir mis Voldemort dans son sac de voyage, je rejoins mon combi toujours stationné dans la rue.

Même si celui-ci a été repeint par son précédent propriétaire en gris et noir, ce qui m'a largement encouragé à l'acquérir, on le repère de loin. Mais je n'aurais pas supporté en avoir un tout jaune avec des fleurs par exemple. C'est d'ailleurs ce que j'aurais pu acquérir pour moins cher. En effet, un baba cool vendait le sien sur le bon coin, rose bonbon avec des guirlande de fleurs blanches sur toute la longueur. Hurgg ! Quand je me suis renseignée sur le tarif pour le faire repeindre, j'ai renoncé et je ne le regrette pas car franchement, je suis loin de la poupée Barby à qui me faisait penser cet engin à quatre roues.