Chapitre 5.2

1 0 0
                                    

- Il y a aussi beaucoup de bruits étranges, et autres. Et ça, impossible d'y prendre en photo. Il faudrait pouvoir y enregistrer mais comme Bérangère n'a pas de smartphone...

- T'inquiètes, on va s'en occuper... sauf si ça tombe aux heures où on est en formation ou au boulot.

- Moi, la mienne se fait à distance et je ne bosse que le week-end, donc ça devrait le faire !

- Cool, merci Alice !

- Euh... c'est quoi sur cette photo ?

- Ça s'est passé, il y a deux mois ! Je sortais du coiffeur quand j'ai reçu un coup de fil de Bérangère. A sa voix, j'ai tout de suite compris, qu'il s'était passé quelque chose de grave.

- J'aime beaucoup prendre des bains bien chaud. Ça calme mes douleurs d'arthrose. Du coup, j'y reste, on va dire assez longtemps. Ce jour-là, allez, j'ai dû y rester deux bonnes heures et m'étais même quelque peu assoupie dans mon eau devenue tiède. Mais quand je suis sortie de la salle de bain privative de ma grande chambre, c'est là que je les ai vues.

- C'était quoi ? Des mygales ?

- Oui, il y en avait une douzaine ! Je me suis enfuie aussi vite que j'ai pu jusqu'au corridor où il y a le téléphone.

- Quand je suis arrivé, je n'en menais pas large non plus car les araignées ça va, mais les mygales ça peut tuer quelqu'un !

- Non, tu te trompes ! Il n'y a que la mygale australienne dont le venin peut tuer un homme.

- Désolé si je n'ai pas su définir leurs origines. De toute façon, j'ai pris cette photo et tandis que je suis sorti de la pièce quelques instant pour réfléchir comment les tuer, quand je suis revenu, elles avaient disparu. Pourtant, la fenêtre était fermée.

- Tu te fous de nous, là ?

- Est-ce que j'ai une tête à raconter des bobards ? C'est sérieux, je vous le dis. Je sais que cela ne ressemble pas à ce qu'on a l'habitude de lire sur les lieux qui sont hantés, mais il faut me croire.

- Si je peux me permettre, une fois, dans un ouvrage dédié au surnaturel, j'ai lu qu'il n'y avait pas que des fantômes sous forme d'humains que l'on pouvait voir mais sous des formes animales, donc je te crois.

- Je te remercie Ghislain de me soutenir sur ce coup, car si pour les mygales, vous avez du mal, je vous garantis que pour le dernier point, ce sera pire... du moins jusqu'à ce que vous-mêmes, vous l'aperceviez également.

- Tu ne devrais pas leur en parler maintenant, Ronald, ils ne sont pas prêts.

- Prêts à quoi exactement ?

- A...

C'est à ce moment-là que la sonnerie de l'interphone retentit. Et après un rapide coup d'œil par la fenêtre, je vois Bellatrix devenir livide.

- Merde, voici ma mère et son connard. Si vous voulez que je reste, oubliez toute cette histoire pendant le temps qu'ils sont là.

- Ne t'en fais pas ma petite, avec mon chti chti cousin on peut être de bons comédiens quand on veut. Y a pas de soucis.

Mais déjà, je suis parti leur ouvrir. Je sais que cela vaut mieux que ce soit moi qui m'en charge.

- Madame Bouschet. Ça me fait plaisir de vous revoir.

- Ah mon petit Ghislain. Moi aussi je suis heureuse de te voir. Cela faisait quelques mois déjà et je commençais à me demander s'il n'y avait pas un souci avec ma fille.

- Mais non, voyons, elle est toujours aussi adorable... mais je ne sais pas si elle vous l'a dit, mais ici, on se fait passer pour un frère et sa sœur car les couples ne sont pas admis en intergénérationnelle.

- Ah bon, je ne savais pas ! Effectivement, tu fais bien de nous le dire. Bellatrix était tellement contente de te rejoindre qu'elle a oublié de me le dire... Tu as entendu Serge ?

- Oui, oui.

- Messieurs-dames, je vous en prie, si vous voulez bien vous donner la peine d'entrer dans mon humble demeure, nous serons plus à l'aise pour discuter. Nous allions justement boire le café, vous vous joindrez bien à nous.

- C'est un bien grand honneur de rencontrer la personne qui héberge ma fille... euh et mon fils. Ça ne vous fait pas trop de travail ?

- Au contraire, ils sont si gentils. Chacun, ici a ses corvées et cela se passe à merveille.

- Tant mieux, vous m'en voyez ravie. Quel beau quartier vous habitez !

- Vous trouvez ? Vous savez, à force, cela fait tellement longtemps, qu'on n'y fait plus attention.

Tandis qu'ils prennent place sur un canapé, je sens leur fille ultra stressée et quand son regard se pose sur le compagnon de sa mère, si ces yeux étaient armés, il serait déjà mort. Je la prends un instant à part pour lui faire remarquer.

- Si tu continues comme ça, la vieille va se douter de quelque chose et son cousin aussi parce que tu sais qu'un détective a le nez pour ce genre de chose.

- Et toi, tu vas parvenir à te retenir jusqu'à ce soir, ou tu vas devoir aller te branler aux chiottes dans cinq minutes ?

Si elle voulait me faire mal, la peste a réussi. Elle a de la chance que l'on soit au milieu de tous car je lui aurais moi aussi dit ma façon de penser. Non mais pour qui elle se prend ? Je ne lui dois rien !

- Vous auriez de la chicorée ?

Tiens, tiens, Connard ne peut pas faire comme tout le monde ? Où qu'il soit, il faut qu'il se fasse remarquer.

- Mais bien sûr, cher monsieur, nous allons vous en faire. Vous la prenez sucrée ?

- Oui avec deux sucres.

...

Après encore plus d'une heure de supplice à les entendre bavasser sur des sujets sans importance et après une visite de la maison, quel plaisir de les voir dégager. De mon côté, je n'ai plus adressé la parole à cette ingrate d'amie.

Lorsque nous sommes à nouveau seuls dans le salon, et que l'ordinateur est ressorti comme par miracle, c'est Ronald qui prend la parole.

- Ils sont charmants vos parents... même si heu... votre père parait jeune.

- Ce n'est pas mon père, c'est le mec à ma mère, c'est tout !

- Euh oui, effectivement, j'ai senti qu'il y avait de l'eau dans le gaz et je comprends maintenant mieux pourquoi ton frère et toi, avez préféré prendre le large.

- C'est ça.

- Bon, revenons-en à nos moutons, si je peux m'exprimer ainsi. Donc la chose que vous allez avoir du mal à entendre... c'est qu'en plus d'un revenant, il y a dans cette demeure... un serpent fantôme !

- On n'est pas le 1er avril que je sache ! Alors ton poisson, tu te le gardes ou tu le remets dans l'assiette de Bérangère !

- Ah ah ah, ta réaction ne m'étonne pas du tout. Moi aussi, j'ai eu la même, la première fois que Bérangère m'en a parlé.

- C'est pour ça que quand j'ai commencé à vous raconter les choses étranges que j'avais vu, j'ai évité de vous parler de ça. Soit il est fantôme, soit il est tellement bien dressé qu'il obéit au doigt et à l'œil de son maître qui s'est juré de me faire interner. Car vous en conviendrez, si je parle de ça, vous me prenez pour une dingue.

Nous sommes d'accords. Et si c'était des bobards, je pense qu'ils auraient pris d'autres exemples qu'un truc tellement énorme que personne ne peut croire.

- Je vais tout vous raconter par ordre chronologique. La photo que vous voyez là, date d'il y a tout juste quarante jours et cela était sa vingt-cinquième apparition en un peu moins de dix ans.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant