Chapitre 16.1

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"Le sexe apaise les tensions. L'amour les provoque."

Woody Allen


(Elyne)

Ce soir, lorsque je m'installe chez Thiefen, on ne peut pas dire que je sois bien rassurée. Dommage que Papi Riri n'ai pas d'ordinateur. J'aurais bien aimé le former à Skype. Il est certain que ce n'est pas quelque chose que tout le monde utilise mais le voir m'aurait quelque peu rassurée. Le temps d'arriver en Bourgogne, où mon ami s'est acheté une petite maisonnette quelque peu perdue dans la campagne et je me suis empressée de passer un coup de fil à celui que nous venions de quitter. Je lui ai trouvé une drôle de voix. Était-ce de la peine de me voir partie ou autre chose ?

Je ne voudrais pas sombrer dans la parano, mais même Thiefen ne me semble pas tellement rassuré. Cette cinglée pourrait bien s'en prendre à son mari et essayer de me faire porter le chapeau. Mais si j'avais prévenu les flics, elle aurait pu me dénoncer pour mes parents. Alors oui, ils n'ont rien trouvé à l'autopsie mais il ne faudrait pas non plus trop aller les chatouiller. Et puis en même temps, si je suis loin, elle ne peut plus décemment me faire accuser.

Le lendemain, lorsque j'essaie d'appeler Charles-Henry, il ne répond pas. C'est étrange ! Au bout de plusieurs essais infructueux, je tente avec le téléphone de mon ami et effectivement, Papi Riri décroche. Il m'assure ne jamais avoir reçu aucun appel de ma part. Je lui explique alors que sa femme a dû profiter d'un moment d'inattention pour bloquer mon numéro mais comme il ne maitrise pas trop tout ce modernisme, on décide que je l'appellerais à chaque fois avec un téléphone différents pour embrouiller les espions. Quand je lui demande comment ça va, il essaie de me rassurer mais je sens bien qu'il se passe quelque chose et que lui-même en est conscient. Je le supplie de quitter sa femme et lui affirme avoir peur pour lui, mais la mort ne semble pas lui faire peur. Au contraire, j'ai l'impression qu'il a pris ses dispositions. Etrange sensation.

Je reste très perturbée. Car oui, j'ai tué mes géniteurs, oui, je pourrais sans scrupule m'en prendre à la folle dingue mais étrangement, même pour de l'argent, je ne pourrais pas m'en prendre à lui. On choisit ses amis, pas sa famille. Et bien moi, sur ce coup, je me dis que c'est le destin qui nous a mis en relation car lui avait besoin d'une fille et moi d'un père qui m'aimerait pour ce que je suis et non pas ce que je pourrais rapporter. Plus j'y pense et plus je me dis que j'aurais dû rester et lui régler ses comptes une bonne fois pour toute à cette pourriture de bonne femme. Sauf que Charles Henry doit être du style maso car je reste persuadée qu'il m'en aurait voulu si je l'avais tuée. Il n'y avait qu'à voir combien il a été inquiet lorsque je lui ai expliqué le principe de la potion que j'ai glissé dans le café de son épouse, afin qu'elle soit présente lorsque Thiefen serait là. S'il a fini par accepter ce fut uniquement dans l'infime espoir de la rapprocher de son petit petit cousin.

J'ai bientôt été appelé pour un nouveau contrat sur Paris. J'ai apprécié ce changement qui, tombé à point nommé, allait me permettre de me changer les idées et penser à autre chose et c'était tout à fait ce dont j'avais besoin. A mon arrivée dans la capitale, j'ai repris contact avec Camilo. Je n'y peux rien, je ne sais pas ce que ce mec m'a fait, mais entre lui et moi, c'est toujours aussi fusionnel. Je sais qu'il voit beaucoup d'autres nanas mais avec moi, cela dure maintenant depuis presque quatre ans. Et si on prend notre pied au plumard, il y a également autre chose entre nous. Quoi, exactement ? Je ne saurais le dire. En tout cas, cette fois, je lui raconte mon histoire avec la dingue. Je pense que j'ai besoin de vider mon sac. Mais étrangement, il m'écoute très attentivement. Son silence a presque quelque chose d'inquiétant car j'aurais préféré l'entendre pester et dire ce qu'il pensait réellement, comme il en a l'habitude. Alors que là, c'était comme s'il réfléchissait à un moyen de se venger.

Quand il a repris la parole, ce fut, lui aussi, pour se confier à moi. C'était quelque chose de stupéfiant car depuis tout le temps que je le connaissais, il n'avait jamais montré ce trait de personnalité.

- Tu connais Colette ma sœur, mais nous avons également un ½ frère, né d'une seconde union de notre père. Hélas, il n'a pas eu autant de chance que nous et s'est rapidement trouvé à être placé chez notre grand-mère paternelle. Mais cette nana était une pourrie, une vraie dictatrice familiale. Elle ne savait fonctionner qu'en foutant des torchés. Nous n'aimions pas aller la voir et elle savait que si elle allait trop loin, nous la dénoncerions, alors elle s'en prenait à nous mais sans exagérer. Alors que le pauvre Serge Hubert a été un enfant martyr jusqu'à ses seize ans. A partir de là, un jour, il s'est enfin rebellé et lui a rendu coup pour coup. Finalement c'est notre mère qui l'a gardé jusqu'à ce qu'il puisse obtenir son émancipation.

- Elle est encore en vie cette pourriture ?

- Oui, mais on lui réserve un sort bien pire encore.

- Quel genre ?

Mais mon amant, me connait trop bien et il a senti que je n'étais pas encore prête à tout entendre. Il m'a alors entrainé sur les pentes du désir de la chair. Et si, pour cela, nous nous satisfaisons totalement l'un de l'autre, régulièrement, il lui arrive de me faire découvrir d'autres facettes de moi-même. Ainsi, si nous avons déjà essayé avec une autre femme ou plusieurs hommes, cette fois-ci, il a souhaité me faire découvrir le contact brutal et violent. Le bandage en lui-même, ne m'a pas satisfaite, mais je peux clairement dire que si Freud considérait le fantasme d'être battu comme l'essence du sadomasochisme, moi c'est la domination qui m'a clairement excitée. Le sentir tout puissant derrière moi, me tenant en laisse eu un très gros effet sur mes sens. Et cette nuit-là fut sans précédent. Je devais sûrement manquer d'endorphines, à moins que ce ne soit ces herbes qu'il s'est plu à faire brûler dans la pièce...

Ma mission dans la capitale a duré plus longtemps que prévu et ma liaison brûlante s'est poursuivie avec mon mec. Quand Thiefen a été de retour pour un contrat très spécifique, ce fut l'occasion pour moi de les présenter et étrangement, alors que je ne croyais pas ça possible, ils sont devenus potes. Puis, mon job s'étant achevé, et mon ami m'ayant cédé ses clefs, je suis retournée dans les environs de Château-Chinon.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas totalement été seule et plus que jamais, mon cerveau s'est mis à brasser dans tous les sens. Depuis quelques temps, j'avais acheté un second téléphone que je gardais uniquement pour appeler Papi Riri. Lui-même avait enregistré mon numéro dans son répertoire sous un prénom de docteur afin de passer plus inaperçu et ne plus risquer un blocage intempestif et avait appris à effacer son historique d'appel. 

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant