LOGAN - MARVEL

Chapitre 59 : Le secrétaire Ross

Un mois plus tard.

Les évènements de Sokovie ont tourné en boucle aux informations pendant une semaine et demi, alors que c'était une question de sauver le monde. Mais lorsqu'il s'agit de passer en boucle les évènements de Lagos pour accuser une équipe et insulter des héros, ça n'a pas de mal à tourner pendant un mois entier. Ça fait exactement trente jours qu'on est assommés par les informations, jugés par la population et regardé de haut par les anti-avengers. Ceux de l'équipe qui étaient présents à Lagos n'osent même plus sortir du complexe, et c'est également mon cas. Parce que non seulement ils ont divulgué des informations sur Wanda pour la faire culpabiliser, mais ils ont également révélé au monde entier qui je suis réellement. Et les gens n'ont pas hésité à se servir de mon passé qu'ils ne connaissent qu'en surface pour m'incriminer et me jeter des pierres au visage. Non pas que je crains de croiser des opposants dans la rue, c'est seulement que si quelqu'un venait à me bousculer je pourrais l'étrangler, et ça n'arrangerait pas mon cas.

Traversant le couloir, je fais grincer mes derbies à plateforme sur le sol. Il y a cinq minutes à peine, Maria nous a prévenus de l'arrivée de Tony et d'un invité un peu particulier : le secrétaire d'Etat. Je suppose qu'il n'est pas venu pour nous dire bonjour, mais plutôt pour enfin nous dire ce que l'Etat a décidé de faire contre nous pour nous punir de nos actes. Lorsque je pousse les portes de la salle de réunion, je me rends compte que je suis la dernière à arriver. Il faut dire que j'ai pris le temps de me changer, d'enfiler un pantalon de costume noir et une chemise en satin rouge foncé, pour ne pas arriver à une réunion importante en pyjama. Même si je n'ai pas vraiment envie d'être coopérative avec un membre de l'Etat, je prends sur moi.

« Désolée pour mon retard, j'avais une visite médicale, mentis-je. J'espère que je n'ai rien raté d'important.

- Nous n'avions pas encore commencé, me dit l'homme en bout de table. Ravie de vous rencontrer, je suis le secrétaire Ross. Je vous en prie, asseyez-vous avec nous. »

Je ne réponds pas, m'asseyant simplement en bout de table. Je remarque que Tony est assis à l'écart, comme un enfant, la tête occupée à sonder ses pensées. Ce n'est pas rassurant de voir Tony dans cet état : je suis certaine qu'il sait ce qui va arriver, et au vu de son regard, ça risque de ne pas nous plaire. Tony est toujours le premier à se chamailler avec ceux qui veulent lui enlever ses jouets, mais je le sens résigné à toutes les options qui nous seront imposées d'ici les prochaines minutes. L'idée de le voir aussi sérieux me crispe à vue d'oeil.

« Bien, maintenant que tout le monde est là, permettez-moi de commencer, dit Ross. Comme vous le savez sans doute, cinq réunions du comité de défense internationale ont eu lieu depuis les évènements de Lagos. Je suis donc venu vous annoncer ce qui a été décidé pendant la dernière réunion. Mais laissez-moi d'abord vous raconter une histoire. Il y a cinq ans, j'ai eu une crise cardiaque. Je suis tombé comme une masse au milieu de mon back-swing. Mais ça restera quand même l'un des meilleurs parcours de ma vie, puisqu'à l'issu d'une opération qui a duré près de treize heures et un triple pontage, j'ai appris une chose élémentaire que je n'avais pas apprise en quarante ans sous les drapeaux. J'ai appris à relativiser. Il est indéniable que notre monde a une immense dette envers les Avengers. C'est certain. Vous nous défendez, vous vous battez pour nous, au péril de vos vies. Et pourtant, si pour l'opinion publique vous êtes des héros... certains emploient plutôt le mot justicier.

- Et vous, quel mot choisiriez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat ? rétorque Natasha.

- L'adjectif dangereux. »

Eh bien, on dirait qu'on part sur de bonnes bases, monsieur le secrétaire d'Etat. Si l'Etat nous considère comme dangereux, j'ai peur de ce qu'ils pourraient nous faire. De mon point de vue, dans le meilleur des cas, les Avengers sont dissous, et dans le pire des cas... on se retrouve bloqués sous des ordres intransigeants, comme à Hydra. Alors même si ne plus vivre avec mes amis me ferait un peu chier, je dois l'avouer, je préfèrerais ça plutôt que d'être de nouveau contrôlé par qui que ce soit.