LOGAN - MARVEL

Chapitre 52 : Orage

Quelques jours plus tard.

Depuis les derniers évènements, une tension s'est installée dans le nouveau campement des Avengers. Surtout lorsque Steve et moi nous trouvons dans la même pièce, à vrai dire. Il a apparemment décidé de ne pas me parler en attendant que la tension se calme, et puisque c'est le plus sage de nous deux, je n'ai pas cherché à savoir si c'était une bonne idée ou pas. Après tout, je ne suis pas la mieux placée pour régler les conflits ; je ne fais que de hurler sur les gens et de les écraser sous mes poings lorsque je suis contrariée, et je ne pense pas qu'assommer Steve en étant consciente de mes actes me laisse en bon terme avec l'équipe. Alors j'ai décidé de faire comme lui, d'ignorer les évènements au mieux, et de l'ignorer aussi.

D'un pas de course rapide, je dépasse Sam et manque de lui faire manger ma queue de cheval au passage. Je me retourne rapidement pour m'excuser et reprends ma course. La vie des Avengers est plutôt ennuyeuse lorsqu'il n'y a pas de mission sur le feu. Ça me rappelle les rares jours de calmes que je vivais au Triskel, en tant qu'agent du SHIELD. Il y avait toujours du boulot, mais il arrivait que le monde se porte trop bien pour nous, et c'est dans ces jours-là que je me sentais le moins bien. A chaque fois que je reste inactive trop longtemps, je finis par retomber dans mes pensées et ça, c'est tout sauf réconfortant. Après un nouveau tour de piste, je ralenti aux côtés de Sam et cours à sa vitesse. Il me regarde avec un sourire gêné et finit par s'arrêter. Je m'arrête aussi et le laisse reprendre son souffle.

« Tu veux toujours un sérum de supersoldat pour calmer tes poumons ? Demandais-je.

- Pourquoi, tu en as un sous la main ?

- Non, pas vraiment. J'ai l'impression que tu tiens de mieux en mieux la forme.

- Et toi, tu es toujours sur une longueur d'onde beaucoup trop loin de la mienne. Alors, tu ne t'es toujours pas réconciliée avec Captain ?

- Il m'ignore, je crois qu'il ne veut pas me parler. Je ne l'ai jamais vu contrarié aussi longtemps, si tu veux tout savoir. Je le sens plutôt mal...

- Pourquoi tu ne vas pas le voir ?

- Parce que je ne sais pas quoi lui dire. »

Il croise les bras et hausse les épaules avant de reprendre sa course, lentement. Je repars avec lui, restant à sa hauteur.

« Ça fait trois jours que je ne l'ai pas vu courir, ni même s'entraîner, avoue Sam. Natasha m'a dit qu'il avait toujours le nez plongé dans des dossiers.

- Ça doit être sa façon de décompresser, soufflais-je.

- Et toi, c'est courir ?

- Oui, mais pas à ton rythme. »

Je lui fais un clin d'il et reprend ma course à ma vitesse normale. Sans vraiment m'en rendre compte, je me mets à courir de plus en plus vite, alors que je repense à ce que j'ai vu dans mon esprit. Je sais que Steve ne serait sans doute pas d'accord avec cette idée, mais peut-être que je pourrais laisser Wanda réessayer d'entrer dans ma tête. Tout se passait bien, jusqu'à ce qu'elle soit perturbée, ce qui veut dire que si elle restait concentrée, on pourrait parvenir à des choses plus intéressantes. Mais le dernier souvenir, celui qui a tenté de me traîner vers un autre sans doute plus douloureux, nous a toutes les deux secouées. Je ne sais pas ce qui se cache dans ma mémoire cachée, et je sais que Wanda peut m'aider, mais pour ça, elle doit voir tout ce que je verrais. Je devrais la faire souffrir avec mes souvenirs pour retrouver la mémoire ? C'est inenvisageable. La pauvre a déjà assez souffert, je ne devrais pas lui apporter un nouveau fardeau. Je ralentis dans ma course lorsque quelques gouttes de pluie commencent à humidifier mon visage. Je m'arrête et lève le visage vers le ciel, au moment même où un orage d'été a décidé de nous accabler de sa présence. Bien que la pluie traverse maintenant mon legging et ma brassière de sport, je me rends à l'intérieur en marchant.

Je rejoins immédiatement ma chambre pour prendre une douche et me changer. J'enfile un pantalon noir et un teeshirt blanc avant de sortir de ma chambre, les cheveux attachés en nattes collées. Je traverse les couloirs et rejoins la cuisine pour manger quelque chose. J'y croise Tony en pleine préparation de café. Je le contourne et le regarde de haut en bas. Il porte un jogging et un teeshirt de sport, et semble plutôt fatigué. Il a même une trace de suie sur le visage.

« Bah alors, le milliardaire. Tu as fait rebâtir cet endroit et tu ne sais même pas où se trouvent les douches ? Me moquais-je.

- J'ai travaillé toute la nuit sur un prototype d'armure, mais ça n'a mené à rien, se plaint-il. Quelle heure il est ?

- Il est neuf heures quarante-cinq, Tony. Tu n'as pas du tout dormi de la nuit ?

- Non. Pepper est à l'autre bout du monde, et je n'arrive pas à m'endormir sans elle. Et ne me dis pas que c'est mignon, parce que c'est un vrai handicape d'être aussi dépendant de quelqu'un qu'on aime.

- Je voudrais bien te croire.

- Mais toi, tu n'aimes personne, soupire-t-il. A moins que tu sois vraiment la nouvelle petite-amie de Rogers ?

- Je ne suis pas la petite-amie de Rogers, lâchais-je avec agacement. Même si moi aussi, j'aimerais savoir ce que ça fait que de poser ma tête sur ses pectoraux, ça ne veut pas dire qu'il y ait quelque chose entre nous.

- Je ne veux pas me mêler des affaires qui ne me regardent pas, mais c'est un peu mon truc de fourrer mon nez partout. Qu'est-ce que tu as fait pour le mettre en rogne ?

- J'ai demandé à Wanda d'entrer dans ma tête pour m'aider à trouver des informations sur un soldat de l'hiver qu'on recherche depuis longtemps. Et quand Wanda a été perturbée, elle a perdu le contrôle ; en gros, j'ai failli tomber dans mon inconscient et apparemment, je ne respirais plus.

- Dangereux, déclare-t-il. Mais je ne te jugerais pas, parce que j'ai réveillé Ultron.

- Mieux vaut pour toi. Tu es clairement mal placé pour juger les actions dangereuses des autres, au vu du nombre incalculable des tiennes. »

Il hausse un sourcil et me montre la porte du menton. Je me tourne pour voir Steve, qui n'a visiblement pas beaucoup dormi ces derniers temps. Il tient un dossier papier en main. Tony boit une gorgée de son café et part sans dire un mot. Steve s'approche de moi et me tend le dossier. Je le récupère sans savoir de quoi il s'agit, et garde les yeux rivés vers le papier.

« Toi et moi, on part en mission, déclare-t-il.

- Toi et moi ? Demandais-je. Juste, nous deux ? »

Il acquiesce et croise les bras sur sa poitrine. Je fronce les sourcils et le regarde dans les yeux.

« Pourquoi tu l'as dit tout bas ? Les autres ne sont pas au courant ?

- Non, et ils ne doivent pas l'être, pour le moment. Je t'ai laissé le plus de détails possibles dans le dossier. Natasha et Sam n'accepteront pas que je t'emmène là-bas, et ce même s'ils venaient avec nous. Donc, ne leur en parle pas. On devrait profiter de l'absence de Nat pour partir, alors tu devrais vite te préparer.

- Une seconde. Pourquoi ils refuseraient ? Où est-ce que tu veux m'emmener ?

- A Iakoutsk. C'est la ville la plus froide de Russie, et il y a une base d'Hydra abandonnée là-bas. Enfin, officiellement, c'est une base désertée pendant la seconde guerre mondiale, mais grâce aux données de Maria, on a pu trouver des indices sur ce qu'ils faisaient là-bas.

- Et, qu'est-ce qu'ils faisaient, là-bas ?

- Ils entraînaient une équipe de soldats de l'hiver. Ça ne te rappelle rien ? »

Je regarde le dossier et réfléchis un instant. Steve veut m'emmener dans une base d'Hydra où je suis potentiellement déjà allée ? Tu m'étonnes, que Natasha ne serait pas d'accord. Elle serait même furieuse si elle l'apprenait. Je lève le regard vers Steve et acquiesce.

« Partons avant que Nat revienne, ou elle te tuera. »