LOGAN - MARVEL

Chapitre 40 : Abîmes

            Lorsque je parviens de nouveau à voir net, je me relève en me frottant les tempes. Qu'est-ce qu'elle m'a fait... ? Rien ne s'est passé. Et elle s'est... volatilisée. Je fais quelques pas devant moi, puis pousse une porte qui mène à des escaliers. Je les descends mécaniquement, ne sachant pourquoi je fais ça. En arrivant en bas, j'entends des cris résonner dans une pièce. Je reconnais Alexander Pierce, droit comme un piquet devant un mur vitré, observant une scène de combat. Une jeune femme aux traits asiatiques et aux longs cheveux bruns se bat contre... Brock Rumlow. Le combat est intense ; chaque muscle des bras de la jeune femme se serrent au fur et à mesure qu'elle prend des coups. Elle est ouverte à plusieurs endroits, elle ne devrait pas se battre dans cet état. Je m'approche de la vitre et me met à la hauteur de Pierce.

« Pourquoi... pourquoi les laisser continuer ? Elle est à bout à force, il va finir par la tuer.

- Parce que ce n'est que comme ça qu'on obtiendra les meilleurs soldats, répond-t-il. Tu devrais pourtant le savoir, Logan. »

La femme tourne le visage vers moi. Une sueur froide me traverse lorsque je me reconnais en son visage. Un battement de cil plus tard, je me retrouve à sa place, épuisée, le regard tourné vers Pierce. Rumlow soupire et se détend.

« On dirait que tu es en pleine forme, dit-il. Mais quelque chose te perturbe, pas vrai ? C'est cette histoire avec les autres soldats de l'hiver ? Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave. Que ce soient des échecs ne change rien pour toi : tu es une vraie réussite, dans tous les sens du terme. Tu les surpasses en tous points, tu es seulement trop distraite pour t'en rendre compte. Si tu le voulais, tu me mettrais à terre en un instant.

- Je n'ai pas la volonté de blesser qui que ce soit, répondis-je.

- Blesser n'est pourtant pas la plus affreuse des choses que tu feras dans ta vie. »

Je lui tourne le dos, poussée par ses paroles. Je fais face à une porte. J'avance et l'ouvre ; je reconnais un laboratoire dans lequel j'y ai passé beaucoup de temps, mais je ne saurais le situer ou même lui donner un nom. Il y a une allée avec des cuves vitrées et des lumières jaunes à l'intérieur, des tables, des ordinateurs assez vieux, et vers le fond, une grosse machine. Dans les cuves sont congelés des hommes et une femme, et des scientifiques s'activent autour de tables pour réaliser quelque chose. Plus loin, je vois trois hommes tirer un autre par les bras. Ce dernier est épuisé, cheveux bruns devant le visage. Il semble à peine se réveiller, encore épuisé, sans forces pour se débattre. Lorsqu'il relève la tête vers moi et que je croise son regard bleu, je sens mes muscles tressauter. Sa légère barbe est couverte de petites tâches de sang séché, et l'une de ses arcades est ouverte, saignant abondamment. Il est dans un sale état. Je n'aime pas le voir comme ça.

« James ? Demandais-je. »

Aucune réponse. Mais je sais que c'est lui. Je me mets à courir dans sa direction, mais le couloir s'agrandit et le décor se met à changer. Ma tête tourne, ça fait un mal de chien... Qu'est-ce qui est en train de m'arriver ? Je cligne plusieurs fois des yeux, les mains sur la tête, et sens un grand coup de vent me passer sous le visage. Je relève alors la tête pour voir un terrain d'entraînement extérieur. Je suis... sur une plateforme en bois, à dix mètres de haut.

« Vas-y, tu peux le faire. »

Je tourne la tête pour voir le doux visage d'un garçon aux traits asiatiques, portant une tenue de soldat similaire à celle des gens qui se trouvent en bas.

« Ne les écoute pas, continue-t-il. Ne les laisse pas t'intimider parce que tu es une femme. Tu vaux milles fois plus qu'eux. Allez, montre-leur que tu es meilleure, ça va les calmer un peu. »