LOGAN - MARVEL

Chapitre 89 : Exemple à suivre

            Finalement, le soir venu, Sanae nous a proposé de dîner avec elle et de rester dormir ici, ce que nous n'avons pas pu refuser. Vivre dans une vieille ferme n'a rien à voir avec la vie dans une maison douillette et confortable. Et lorsque nous avons vu qu'elle nous préparait un repas de roi, ça nous a un peu plus confortés dans l'idée de rester ici. Malgré la tension et la tristesse de l'heure précédente, le repas s'est passé dans une bonne humeur des plus agréables. Après avoir demandé à Sasha et James comment leur relation avançait, j'ai attrapé la perche pour lui glisser que Natasha et moi étions également ensemble. Et je l'ai regretté à la seconde même, parce que ma mère, si aimante soit-elle, a décidé de montrer toutes les photos de moi lorsque j'étais enfant à ma partenaire. Je me suis sentie gênée au début, mais au final, ça m'a fait du bien de voir que Nat, cette femme que j'aime tant, a été très rapidement acceptée par ma mère. C'était important pour moi, parce que Natasha fait maintenant partie de ma famille, et ce serait dérangeant de devoir faire un choix entre les deux.

L'avantage de ces révélations faites est que lorsque nous avons dû aller nous coucher, nous n'avons pas eu besoin de nous poser de questions sur qui allait dormir avec qui, ce qui allait sans doute être gênant - et Sam n'aurait pas perdu cette occasion pour bien se moquer de moi. C'est donc en tenant la main de Natasha que je traverse la maison, tard dans la soirée, pour l'emmener dans la chambre de mon enfance. Je fais glisser la porte coulissante avant de la laisser entrer dans la pièce. Elle regarde autour d'elle, curieuse, et attrape un doudou posé sur un livre de maths, sur le bureau.

« Il est adorable, celui-là, dit-elle.

- C'est celui que mon père m'a offert à ma naissance. Il s'appelle Blup.

- Tu as de la chance, je n'ai plus aucun vestige de mon enfance sur cette terre. On ne peut pas non plus dire que j'ai vraiment eu d'enfance... la chambre rouge, c'était tout sauf une maison. Et les encadrants étaient tout sauf des parents. »

Elle repose le doudou, puis attrape un livre de sciences posés non loin d'elle sur mon bureau en désordre. Désordre de lycéenne qui n'a jamais été rangé depuis tout ce temps. Tout cela me rend un peu nostalgique. Natasha feuillette le manuel avant de grimacer.

« Mais qu'est-ce que c'est que tous ces trucs de matheux ? Je croyais que tu n'aimais pas les chiffres.

- Lorsque j'étais au lycée, j'entreprenais d'entrer au MIT. J'étais une ingénieuse prometteuse apparemment , mais je voyais plus ça comme un passe-temps que comme un métier à long terme. Je construisait des robots et des trucs utiles pour le quotidien, mais je me voyais très mal faire ça toute ma vie. Je pensais que je ferais mieux de me battre pour protéger les autres. C'était important, pour moi. A l'école, les enfants du village étaient souvent maltraités par les enfants des autres villages, alors je les protégeais comme je le pouvais...

- Je vois. Alors, depuis tout ce temps... ma petite-amie est à la fois une intello et une enfant de cœur ?

- On ne peut pas vraiment considérer que je sois une intello, ris-je nerveusement. Je ne me souviens pas de grand-chose que j'ai appris, j'ai perdu la plupart de mes connaissances à cause du conditionnement et les pertes de mémoire. Aujourd'hui, mon livre de maths de Première est indéchiffrable, pour moi. Et aussi loin que je me souvienne, je ne suis pas vraiment un exemple à suivre. La bonté ne fait pas tout.

- Je vois... Et je vois aussi que tu adorais les avions. »

Elle me montre du menton une maquette d'un avion de chasse suspendue au plafond. J'esquisse un sourire et hausse les épaules.

« Lorsque j'avais quatorze ans, on a visité un musée de la guerre qui parlait de Captain America, et il y avait quelques trucs d'avions. Nos parents voulaient qu'on s'achète tous un souvenir, et Sasha et Matthew n'ont pas eu de mal à trouver. Mais moi, je ne me voyais pas porter l'un des teeshirts hideux et très mal faits du musée avec la tête de Captain America dessus, alors j'ai acheté un livre qui parlait des avions pendant la guerre. Et heureusement que je n'ai pas acheté de teeshirt, parce qu'étant donné que je connais Steve aujourd'hui, ça aurait été très gênant. »