chapitre 70

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A peine quelques battements de cœur plus tard, me voilà arrivé à destination : le dernier repos de mon cher Chérif. Ah oui, je n'ai pas manqué d'emporter avec moi un joli bouquet de fleurs pour lui rendre honneur. Sans même y penser, je m'agenouille auprès de son immobile résidence, mes doigts caressent doucement la surface fraîche et dure de sa pierre tombale. Un frisson parcourt mon échine, une amertume indescriptible envahit mon être. Oh là là, c'est drôlement dur de le voir ainsi, le cœur se serre, la gorge se noue. Tu n'apparais plus dans mon champ de vision, aucun son, aucune vibration, c'est comme si une partie de moi s'était volatilisée. Au sacré nombril de Vénus, comme j'aimerais que tu sois encore à mes côtés.

Moi : Ecoute chérif, j'en reviens pas de m'entendre dire ça, mais le moment est v'nu, le moment où... où on doit se dire "Adieu." J'aurais jamais cru avoir le cran de le faire, mais aujourd'hui, j'sais pas, j'ai trouvé cette force en moi. Tu comprends, chaque fois que j'te vois ou que j'pense à toi, ça me rapproche dangereusement du gouffre, tu vois ce que j'veux dire? J'étais même à deux pas de sauter du balcon de la société, si Moulay n'avait pas été là pour me retenir... Te voir... dans cet état, ça donne vraiment l'envie de te rejoindre, de quitter ce monde qui semble si triste et si vide sans toi. Mais, mais qu'est-ce qui se passerait alors de mes parents, de M. Mohamed ? Il faut bien se dire que ce serait un acte sacrément égoïste de ma part. Alors voilà, tu vois, je te laisse, mais sache que tu seras dans mon coeur, là, bien gravé jusqu'à mon dernier souffle.Je t'aimerai toujours chérif... comprends-le. Toujours

Et à ce moment, bang! C'est comme une marmite qui avait trop bouilli, j'étais au bord de l'explosion, et c'est arrivé - un véritable tsunami d'émotions! "Je t'aime tellement," ai-je réussi à chuchoter entre deux hoquets. C'était d'une cruauté insoutenable, un véritable déchirement, cette idée de lui dire adieu, ça me brisait, non, pulvérisait le cœur. C'était comme si une poigne de fer le comprimait sans relâche, j'en étais à bout...

Moi : Adieux, mon amour .

Comme si j'étais échoué sur un îlot désert, perdu sans repère, j'aurais donné tout l'or du monde pour voir tes paupières s'ouvrir doucement, pour sentir la chaleur de ton corps envelopper le mien, pour entendre ta voix douce et réconfortante murmurer dans mon oreille, "C'est bon, mon amour, je suis toujours là, arrête ces larmes". Mais, voilà, c'était comme demander à la lune de tomber du ciel. C'était tout bonnement hors de portée, une mer de douleur et de regret nous séparait.

Seigneur, pourquoi? Pourquoi, c'est la question qui tournait en boucle dans ma tête, telle une chanson tragique en mode répétition. Pourquoi tu m'as laissé ainsi? Pourquoi tu m'as fait traverser ce tsunami émotionnel sans bouée de sauvetage? Pourquoi, oh pourquoi?

?! : Ma chère Zaya, viens me rejoindre ici, je suis plein d'admiration pour le courage de ta résolution .

Je m'approche de lui en dodelinant légèrement.

Moi : Hum, pas d'idées derrière cette invitation.

Moulay : promis . 

Il me presse contre lui avec une force douce. Ô combien j'aimerais avoir la faculté de connaître ses sentiments. Hélas, mon amour, mon amour inébranlable, n'appartient légèrement qu'à un unique homme, Cherif Mohamed. Malgré son départ dans l'au-delà, je suis éperdument attachée à lui, d'une passion débridée.

Je me dégage subtilement de son étreinte.

Moi : Mais comment savais-tu que je serais ici ?

l'amour De ma vie est mon violeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant