Chapitre 66

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2 ans plus tard ________________

S'agit-il d'une illusion, d'un rêve fantasmagorique, ou la dure réalité qui me frappe tel un éclair en pleine tempête ? Si seulement j'avais fait preuve d'une once de clémence, d'un tant soit peu de compassion, serait-il encore parmi nous aujourd'hui ? J'aurais dû, oui, j'aurais dû lui accorder cette grâce. La vision d'une existence paisible, parfaite même, nous tendait les bras - une infinie épopée de joie, d'harmonie si j'avais seulement...mais c'est du passé désormais...

Et maintenant, effectivement, cherif  n'est plus. Sa flamme s'est éteinte, engloutie non pas par la finalité inévitable qu'est la mort, mais par les vagues impitoyables de l'oubli. Mais quoi, c'est à moi qu'on attribue ce funeste destin? Moi, le bourreau involontaire de cette âme errante ? Mais comment diable puis-je me pardonner d'avoir laissé mourir cherif dans ces ténèbres, ce lieu de désespoir et de solitude qu'est la prison.

Une dernière fois, avec une tristesse infinie, je m'efforce de faire face à mon reflet dans le miroir. Un regard empli de regrets, une image qui exhibe avec crudité la cruelle réalité, non sans une pointe d'amertume et de remords.

 Un regard empli de regrets, une image qui exhibe avec crudité la cruelle réalité, non sans une pointe d'amertume et de remords

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Et voilà, les écluses de mes yeux lâchent. Mes larmes se précipitent sur mes joues, je m'empresse de les balayer avec le revers de ma main. Déjà près d'un mois que j'ai posé mes valises à Dubaï. Je m'y vois bien, planter des racines, mais l'appel du vent de la France me dit qu'il me faut aussi y retourner pour le boulot. Ce temps-ci, mon vieux pote Mohamed est cloué au lit, il est mal en point le pauvre homme. Fièvre, toux et compagnie, c'est moi qui ramasse tous les boulots. Depuis le départ de son fils unique, mon cher ami Chérif, la vie lui est devenu un poids lourd à porter. Chaque jour, je le vois s'affaiblir et ça me déchire le cœur. J'me sens coupable, comme si la douleur que je vois dans ses yeux est un peu de mon fait.

Son fils Chérif , oh là là, si celui-là... s'il était encore avec nous... Ça fait un an, peut croire ça, un an qu'il nous a quittés. Ah, si seulement il était encore là, les choses auraient été différentes...Peut-être qu'aujourd'hui, nous formerions une belle petite famille, avec des bambins qui courent partout dans la maison. Peut-être que si je lui avais pardonné à temps, nous partagerions encore des moments ensemble.. nous aurions eu des enfants...Et vlan, la machine à larmes se remet en marche. C'est dur, sacrément dur de porter tout cela sur mes épaules. J'ai du mal à y croire qu'il est vraiment parti, que mon Chérif n'est plus.

Cela va faire deux ans, oui, deux longues années que je porte le deuil de Chérif, que je pleure à chaude larme du matin au soir. Il n'y a pas une journée qui passe sans que je ne pense à lui.

Un cri du cœur éclate, "Pourquoi, Zaya, pourquoi?" J'aurais pu interférer, j'aurais pu empêcher cet aller sans retour vers la prison, mais non, ingénue, je l'ai laissé marcher droit sur son destin. Et comme dans une farce tragique, alors que les larmes inondent mon visage, révélant sans pudeur ma désolation, voilà qu'un tintement se fait entendre. Un tintement bruyant et indiscipliné, un ding-dong impertinent - quelqu'un ose donc sonner à la porte en ces heures de tristesse? Telle une marionnette privée de son manipulateur, je me dirige sans vie vers la porte, intriguée par ce nouvel arrivant de l'inconnu.

l'amour De ma vie est mon violeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant