Chapitre 71

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En douceur, je laisse mes paupières s'ouvrir, laissant filtrer la lumière . Mes yeux, embrumés par la confusion, commencent à distinguer les formes autour de moi. Tiens donc! On dirait bien que je suis dans une chambre! Pas n'importe quelle chambre cependant. Quelque chose me murmure que c'est une chambre d'hôpital, peindrie d'une manière teintée par les simples souvenirs. Subitement, je sens une présence étrangère et détourne mon regard vers elle. Un frisson parcourt le long de mon échine. Là, posé sur une chaise, silhouette dévoilée par la lumière tamisée de la pièce, je l'aperçois. Moulay .

Moulay : comment te portes-tu ?

Moi : Moulay , IL EST OÙ ?

Moulay : Reprends ton souffle, Zaya...

Moi : Tu peux aller au diable, Moulay ! Réponds plutôt à ma question.

Moulay : Zaya, crois-moi, tu ne veux pas le voir.

Moi : Et comment oses-tu me dire de ne pas y aller, Moulay ? Cela fait des années que je le cherche, et maintenant que je l'ai trouvé, tu comptes me séparer de lui ?

Moulay : Au moins, accorde-moi une écoute, laisse-moi exprimer ce que j'ai à dire.

Moi : Tes divagations, je m'en passerai.

A peine émergé de ma couche, je m'extrais du cocon de ma chambre et décide d'emprunter le chemin de la résistance. Par Jupiter, ce type qui me colle aux basques n'a qu'à bien se tenir, il ne sait pas à qui il a affaire. Celui qu'il ose suivre n'est autre que Zaya dans toute sa splendeur, Zaya l'insoumise, Zaya la téméraire qui n'a peur de rien ni de personne.

Arpentant les couloirs en direction de la réception, un tableau familier se présente à mes yeux. Un gaillard bavardant avec une infirmière. Lorsque son visage se révèle, le choc est immense - c'est Chérif ! Chérif, le regard éteint et vide d'amour, me contemple avec la nonchalance typique du quidam moyen. C'est trop, vraiment trop, ma poitrine se serre. Une vague de sanglots me submerge. Je m'approche, l'étreint de mes bras et pleure de tout mon cœur sur son épaule.

Moi : Sacrebleu, Chérif, pourquoi donc t'en es allé, m'abandonnant dans cet océan de solitude? Pourquoi ta promesse de me retrouver fut-elle aussi insaisissable que l'éther? C'est pas que j'ai un p'tit coeur, mais imagine, juste un instant, l'orage qui gronde dans ma carcasse depuis deux années interminables, deux années sans la chaleur de ton sourire pour apaiser ma peine.

D'un pas résolu, il s'est éloigné de ma présence, tandis que, dans un geste silencieux, j'efface de mon visage le salé torrent de mes pleurs.

Moi : On dirait que tu t'es évaporé, disparu dans la brume, exactement au moment où j'avais le plus besoin de toi. Deux ans entiers se sont écoulés depuis, deux ans mis à fouiller chaque coin et recoin de l'espoir, à te chercher. Deux ans, c'est long tu sais. Deux ans de mes larmes qui ont trempé les oreillers, sans que tu sois là pour les sécher. Deux ans de souffrance sans ton épaule pour me soutenir.

Moulay : zaya ....

Je me suis pivoté, attiré par l'appel insistant de Moulay. En tournant la tête, j'ai cherché des yeux Chérif. À ma grande surprise, il s'éloignait, laissant entre nous un espace glacial. Ses yeux, autrefois doux comme l'aurore d'un nouveau jour, étaient durcisse comme des pierres froides. Ce regard sévère, dépourvu de toute trace de l'affection qu'il me témoignait autrefois, m'a effleuré comme une brise glaciale. Je me suis retrouvé à me demander, mais que diable se passe-t-il? Ce néant brusque lui ressemblait-il? Assurément, non. Sa douceur avait été échangée contre une froideur inexplicable.

l'amour De ma vie est mon violeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant