Chapitre 8.III

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  𝓐bsolyn grimaça. Il y avait beaucoup trop de monde autour de lui. Pourquoi était-il là déjà ? Ah etoye, parce qu'il avait eu l'excellente idée de tromper son amante. Franchement, les femmes avaient bien trop de pouvoir. Enfin, les femmes qu'il fréquentait. Elles étaient toutes sacrément redoutables. Parfois même effrayantes.

Et voilà qu'il était entouré de plusieurs centaines de personnes, toutes masquées comme lui, en train de rire, de boire, de danser, de parler fort... Une cacophonie assourdissante, pire qu'une basse-cour. Il avait depuis longtemps lâché Maleo et Morlann, qui semblaient à leur aise, parmi leurs pairs. D'ailleurs, il voyait au loin Morlann aux côtés de son amant, le sénateur Joal-Marx Cancer.

Cependant, la noblesse n'était pas son milieu de naissance à lui, Absolyn, et les années n'avaient pas effacé ce détail, bien qu'il avait tout fait pour. Il avait salué quelques personnes, parlé rapidement à Fadem Poisson – qui avait semblé déçu de le voir ici, sans Telia – et il avait même dansé avec une femme qu'il ne connaissait absolument pas, mais qui l'avait entraîné sans lui demander son avis.

Maintenant, il s'était réfugié près du buffet, une coupe de champagne à la main, sirotant doucement la boisson, tout en observant les autres – faire une tête de plus que la plupart des convives pouvait se révéler pratique, parfois.

  Il crut alors entendre quelqu'un toussoter à côté de lui, mais ne vit personne. Il allait recommencer à boire, quand une voix s'éleva, plus bas que prévu.

– Je vous prie de bien vouloir m'excuser, mais vous êtes juste devant ces bonbons au lys, déclara une jeune femme.

Jeune fille, rectifia-t-il en apercevant la toute petite personne qui levait la tête vers lui, le visage dissimulé derrière un masque de satin rouge, de la même couleur que sa robe, faisant ressortir ses cheveux noirs. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans, mais après tout, Absolyn n'avait jamais été doué pour estimer l'âge des personnes. Il avait de nombreux talents, mais celui-ci n'en faisait pas partie.

Ce qui était bien regrettable. Il ne crachait jamais sur une nouvelle capacité.

– Vous disiez ? demanda-t-il bêtement, perturbé par l'assurance que pouvait avoir une si jeune fille.

Elle dégageait aussi une arrogance qu'il avait déjà retrouvé chez de nombreuses personnes élevées dans la société – comme Maleo ou Morlann, par exemple.

– Vous m'empêchez d'accéder au bol de bonbons, articula la fille.

  Il ne s'excusa pas, la trouvant bien désagréable, mais se décala, son verre toujours en main, tandis qu'elle tendait le bras pour tirer le bol vers elle. Ce dernier n'avait pas été mis très loin sur la table, mais la fille était vraiment petite pour la moyenne des femmes, si bien qu'elle tira la langue en se penchant.

Absolyn devina vite qu'elle ne parviendrait pas à attraper le bol, si bien qu'il le poussa dans sa direction, sans mot dire. Il n'était jamais contre aider les gens, même si ceux-ci étaient le contraire d'agréables.

La fille plissa les yeux dans sa direction, suspicieuse.

– Un mot sur ma taille, et je vous jure que je renverse ces verres de champagne sur vous, déclara-t-elle.

Il la dévisagea, plus frappé par sa menace que par son manque de politesse. Il savait que les nobles avaient un ego démesuré, se pensant tout permis, mais il n'avait jamais vu une fille avoir le culot de parler ainsi à une personne qui lui était inconnue. Et encore moins une fille proférer des menaces, alors qu'il était clair qu'elle avait un désavantage majeur au niveau taille, justement – elle faisait bien deux têtes de moins que lui.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant