Chapitre 16.IV

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𝓙illan énuméra mentalement toutes les bêtises qu'il avait fait ces deux derniers jours. Bêtise numéro une : il avait ridiculisé Zym devant tous les Apprentis et quelques Espions, accidentellement. Bêtise numéro deux : il avait vexé Emyria en lui retirant son Apprenti, même s'il l'avait fait pour le bien dudit Apprenti. Bêtise numéro trois : il avait profondément blessé Téo en l'embrassant, puis en lui mentant.

Les conséquences de ses bêtises étaient les mêmes dans les trois cas : il s'était mis à dos ses amis.

Pas très malin de sa part. Lui-même se demandait encore comment il en était arrivé là. Certainement à cause de la fatigue. Elle lui faisait faire n'importe quoi.

Heureusement pour Jillan, il lui restait un ami ne lui en voulant pas (du moins, pour l'instant).

– Tu vois, Jill, je suis bien content d'avoir pu me dégager, disait Xemien – Aigle – dans leur coin. Oryana voulait s'occuper de Leoh toute la soirée, alors je l'ai laissé. Et en plus, elle m'a laissé sortir, sans me faire de crise de jalousie ! J'en suis bien content. Enfin, je les aime tous les deux – c'est quand même ma compagne et mon fils – mais ça fait tellement du bien de pouvoir profiter un peu ! Eh, tu m'écoutes un peu ?

– Hum ? Étoile, étoile.

Jillan tourna la tête vers Xemien. Le regard de ce dernier le transperçait de part en part, bien clair malgré les deux chopes qu'il venait de s'enfiler. En même temps, il fallait bien avouer qu'il en avait, de l'expérience.

– Tu parles ! Avoue que tu m'écoutais pas. T'as la tête dans les lunes, depuis un petit bout de temps, j'ai l'impression. Et t'es peut-être aussi expressif qu'une pierre...

– Merci.

– ...mais ça t'empêche pas d'avoir des mouvements qui te trahissent.

Jillan ne répondit pas, se contenta de boire une gorgée de sa boisson.

– Là ! Tu vois, tu recommences ! s'exclama Xemien.

– Je recommence quoi ?

– À regarder ailleurs. Tu t'en rends même pas compte en plus.

D'un mouvement de menton, il désigna les deux dernières tables de celles qu'ils avaient réservé.

– C'est laquelle que tu regardes ? Beryna ? Saleann ? Tigresse ? (Xemien claqua soudain des doigts). Oh, je sais ! C'est Abeille ! J'ai raison ? Étoile, j'ai raison : t'as bougé la tête pile au moment où j'ai dis son nom.

Jillan garda le silence, tenta de poser un regard calme sur Xemien. Bien sûr qu'il avait raison. Surtout après ce matin. Il ne cessait de repenser à ce qu'il s'était passé. À comment cela avait dérapé.

Il avait eu peur. Étoile, il le reconnaissait, il avait eu peur. D'abord, il avait été surpris lorsque Téo l'avait embrassé. Il ne s'y attendait pas. Mais lorsqu'elle s'était reculée, prête à s'excuser, il s'était dit qu'il ne pouvait pas la laisser comme cela. Il n'avait même pas réfléchi, quand il l'avait embrassé en retour.

Il avait aimé cela, il en avait eu envie. Et il savait très bien qui était entre ses bras, qui il serrait contre-lui. De toute façon, aucune autre femme ne l'attirait autant. Le mensonge était sorti tout seul. Il avait eu peur, peur de ce qu'il avait ressenti.

Jillan ne s'était jamais attaché à ses camarades. D'accord, il était assez proche d'Emyria, Zym, et Xemien. Cependant, il savait qu'on ne pourrait utiliser aucun d'entre-eux contre lui. S'il les perdait, cela l'attristerait, évidemment, mais il s'en remettrait. Ces amis-là n'étaient pas une faiblesse.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant