Chapitre 16.I : Abeille et Renard

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On dit souvent qu'il y a toujours une grande femme dans l'ombre d'un grand homme. Plus d'une fois, cela s'est avéré vrai. Pendant longtemps, tout le monde pensait qu'aucune femme ne travaillait dans l'ombre des trois grands hommes de la Troisième Grande Guerre. Aujourd'hui, nous savons que c'est faux.
Les femmes célèbres de l'Astriale, de Malea J. Seel, an 2004.

𝓣éo se rendait joyeusement vers la salle d'entraînement, grimpant les escaliers deux par deux. Aujourd'hui était une magnifique journée, d'après elle. Le soleil de Geminer brillait fort, contrairement à la veille, lui donnait chaud, mais elle le trouvait agréable, pour une fois. À travers les fenêtres ouvertes, elle entendait les oiseaux chanter, comme s'ils étaient aussi heureux qu'elle.

Elle avait encore du mal à croire qu'on lui ait donné la formation de Velam. La veille, elle avait dévisagé Fennec pendant au moins cinq minutes, jusqu'à ce qu'il la traite de cervelle d'oiseau. Elle pensait être convoquée à cause de l'altercation avec Lièvre, s'attendait déjà à une nouvelle punition.

Eh bien, si on lui donnait des punitions comme celle-ci tous les jours, elle ne dirait pas non.

Velam avait été si heureux, lui aussi, qu'il lui avait offert un éclatant sourire. Et pourtant, d'un autre côté, Téo ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. Cela ternissait un peu son joyeux tableau.

Elle avait essayé de parler avec Emyria, mais celle-ci ne cessait de l'éviter. Ses regards meurtriers l'effrayaient presque. Elle aurait aimé lui dire qu'elle n'avait rien fait – volontairement – pour la remplacer. Cependant, la blessure était encore trop à vif. Elle attendrait un peu, avant de s'expliquer.

Surtout qu'au fond, elle était très heureuse de s'occuper de Velam.

Tiens, en parlant du loup, songea-t-elle. Les Apprentis venaient tout juste de terminer leur cours d'Art de l'Attaque de la matinée, reprit par Jillan. Ils devaient certainement se rendre au rez-de-chaussé, où Dytal les attendait, pour leur cours d'écriture et lecture. Tous saluèrent Téo en passant à côté d'elle, et celle-ci leur sourit. En fin de fil, Bauryvage tirait derrière elle Velam, un peu grognon – il détestait se battre.

– Velam.

Il releva la tête vers elle.

– Étoile ?

– À la bibliothèque, à quinze heures. Sissi ?

Il acquiesça, visiblement soulagé d'avoir échangé Emyria pour Téo, avant de rattraper Bauryvage. Téo les écouta dévaler les escaliers, reprit son chemin. La porte de la salle d'entraînement battait (qui était le boulet qui ne l'avait pas fermé ?). Elle se glissa, la referma derrière elle.

Il n'y avait presque personne à l'intérieur. Outre Beira – l'ancien Mentor personnel de Sarpentyn – et Écureuil – qui avait été le Mentor personnel de Louisiam, parti de la confrérie quelques années auparavant – seuls Saleann – revenue la veille au soir – et Wuly se tenaient dans la pièce.

Téo fronça les sourcils. Allons bon, que faisaient encore ses amis ? Face à face, les yeux dans les yeux, ils ne bougeaient pas d'un pouce.

– Qu'est-ce que vous faites, les boulets ? demanda-t-elle en les rejoignant.

Wuly cilla une fois. Saleann leva un poing, victorieuse.

– Ah ah ! Merci ma sucrette, grâce à toi, j'ai gagné !

– Gagné quoi ?

– Le concours de regards, bougonna Wuly, contrarié.

Ahurie, Téo les dévisagea.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant