L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 10.I : Fuir ou se faire prendre ?

Jillan Amryna (Renard), 1407 (22 ans) : rien à y redire, techniques impeccables, stratégies toujours réfléchies. Excellent élément de la confrérie. Il faudrait cependant qu'il apprenne à faire un peu plus confiance à ses camarades. [...]
Téonary Naryn (Abeille), 1414 (15 ans 1/2) :  très bon élément, prometteur. A la tendance d'attirer les malheurs sur elle. Il faudrait qu'elle fasse preuve d'un peu plus prudence, et qu'elle contrôle son impulsivité.
Extraits des rapports d'évaluations annuelles des Espions, Capriner 1429.

𝓣éo souffla, agacée. Déjà dix minutes qu'elle tentait de se dégager, et tout ce qu'elle avait réussi à faire, c'était de se faire mal aux hanches – elle était prête à parier qu'elle aurait de beaux bleus – et à tremper son dos tant les efforts la faisait suer.

Elle. Détestait. Cela.

Franchement, plus talentueuse que moi, c'est difficile à trouver ! songea-t-elle avec amertume. Elle savait qu'elle en rirait plus tard, mais là, elle était vraiment dans de beaux draps. Si jamais quelqu'un se décidait à entrer, il verrait ses pieds dépassant de sous le lit, et il serait compliqué pour elle d'expliquer sa situation.

Et Jillan qui l'attendait certainement aux terrasses...

Non, sincèrement, pour le moment, tout ce qu'elle souhaitait, c'était de se dégager de cet endroit. Ismène, si vous m'entendez, aidez-moi par pitié ! pria-t-elle, avant de pousser de nouveau sur ses bras.

Techniquement parlant, elle avait la force nécessaire pour soulever ce lit et se dégager. Malheureusement, sa position l'empêchait de trouver les appuis nécessaires. Elle pouvait forcer à se tourner, mais elle ne tenait pas à partir à moitié nue.

Elle ne tenait pas à aveugler tout le monde par tant de beauté...

Elle soupira. De toute façon, elle était pratiquement sûre qu'elle avait abîmé sa tenue, ce qui allait lui poser quelques problèmes pour ressortir du palais. Enfin, il fallait mieux qu'elle évite de penser à cela, ou elle risquait de paniquer, et cela l'achèverait.

Elle grogna de plus belle en sentant la douleur poindre dans ses hanches. Elle aurait eu trois ans de moins, elle n'aurait certainement pas eu ce problème embarrassant (stupide puberté !). Ah, et s'il n'y avait pas eu cette maudite latte !

Une idée lui traversa l'esprit. Même si cela signerait sa présence, il valait mieux qu'on retrouve une latte cassée qu'elle même en train de se tortiller dans tous les sens. À tâtons, elle chercha d'une main l'objet qui l'empêchait de bouger.

Il fallut qu'elle se retourne complètement le bras, lui donnant l'impression de se déboîter l'épaule, avant de réussir à mettre la main sur la latte traîtresse. Immédiatement, elle employa son don, brisa le bois – et chopa au passage deux trois échardes qui la firent grimacer.

Doucement, elle parvint à se remettre sur le dos, et soupira de bien être en sentant qu'elle n'était plus prise dans cet étau douloureux. Elle s'empressa d'enlever les échardes de sa paume, puis glissa pour sortir de sous ce maudit lit. Elle remercia rapidement Ismène, avant de bondir sur ses deux jambes, de cacher la latte brisée, et d'épousseter sa robe.

Un miroir se trouvant dans la pièce lui apprit qu'elle n'avait pas fière allure. Plusieurs mèches s'étaient échappées de son chignon, tandis qu'on voyait bien que le tissu de son vêtement était sacrément abîmé au niveau de sa hanche droite (celle qui avait été en contact direct avec la latte). Il y avait même un minuscule trou laissant voir son jupon blanc. Quant à son masque, il était aussi égratigné.

Elle put simplement raccommoder sa coiffure. Ayant une idée, elle saisit une épingle terminée par une fausse rose, qu'elle accrocha au niveau du trou de sa robe, comme si cela était normal. Elle espérait juste que personne n'y ferait trop attention. Rapidement, elle vérifia qu'elle n'avait rien laissé derrière elle, avant de s'empresser de sortir de la chambre.