Chapitre 20.I : Les Selestems Ouroboros

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On affirme que le chef des Selestems Ourobos et ses bras droits auraient pu être démasqués bien plus tôt. En effet, Fanie Bélier elle-même reconnaît avoir envoyé une personne de confiance intégrer leurs rangs, pour les espionner – bien qu'elle affirme qu'il ne s'agissait pas d'un Espion. Lorsque je l'ai interrogé, elle m'a dit que cacher l'identité de ces personnes faisait partie de sa stratégie. Mais elle n'était pas la seule à les avoir démasqué. J'ai rencontré une jeune femme, dont le nom ne sera pas retranscrit car je lui ai promis le silence, qui m'a affirmé qu'elle était tombée au milieu de leur réunion, un jour, et que le lion lui ayant volé sa mémoire ne la lui avait rendu que récemment.  Elle m'a également déclaré que son frère avait tout découvert. Je ne sais s'il faut la croire ou non, mais elle paraissait sûre de ses dires.
Draner et ses Selestems Ouroboros, de Cenelary Solyna, an 1443.

𝓣éo griffonna sur son carnet – enfin, plus exactement, sur une double pages de son journal intime – en tirant la langue. Elle releva un œil, compta le nombre de maisons, et en assombrit le même nombre sur son plan.

– J'ai donc exploré une bonne moitié du quartier nord, se dit-elle à voix haute.

Puis elle soupira. Son travail de fourmi avançait, mais si lentement ! À ce rythme, il lui faudrait bien quatre ans pour tout fouiller ! Sa patience était mise à rude épreuve.

Elle se leva de la caisse où elle s'était installée en attendant que la pluie cesse, jeta un regard au ciel. Quelques étoiles perçaient les nuages, et ceux-ci semblaient vides de toute eau. Avec un peu de chance, il ne pleuvra plus.

Téo s'étira, bailla à s'en décrocher la mâchoire. Malheureusement, elle n'avait toujours pas le droit de reprendre ses missions. Or, étant donné son aversion pour l'oisiveté, elle employait tout son temps libre à explorer Opaltys.

En journée, c'était compliqué. Si bien qu'elle préférait passer en revue les maisons en pleine nuit, et dormir toute la matinée, quitte à rater le petit déjeuner, et à surprendre tous ses camarades. Seul Sarpentyn savait pourquoi elle dormait si tard.

Elle avait interdiction de parler de sa « théorie stupide sur le repaire des Ouroboros », en conséquence, elle n'avait pas pu en discuter avec Saleann, Wuly et Dytal. Elle aurait pu avec Jillan, car après tout, lui était au courant. Mais il s'était montré tellement dubitatif la première fois, qu'elle n'osait aborder le sujet.

Elle préférait passer de bons moments avec lui. Elle adorait d'ailleurs quand il lui volait un baiser, discrètement. Elle aimait aussi quand il l'appelait « ma petite lumière », parce qu'elle était, selon lui, la seule personne illuminant ses journées. Personne n'était au courant de leur relation – Saleann le soupçonnait, évidemment, mais Téo ne lui avait rien confirmé – tout simplement parce que les fréquentations de ce type entre Espions non-unis étaient interdites.

Les cloches du temple du temps sonnèrent la demie de trois heures, la firent sursauter. Il était tard – ou tôt, plutôt – et avec l'humidité ambiante automnale, elle aurait tout donner pour aller se coucher. Mais elle n'avait pas terminé ses inspections. Elle prouverait à tous qu'elle n'avait pas menti. En plus, elle pourrait aider la dirigeante.

Que de bonnes raisons pour se forcer à rester debout.

Téo secoua la tête, tapota ses joues pour se stimuler. Elle s'apprêtait à reprendre ses explorations, quand un mouvement attira son attention. Immédiatement, elle se renfonça dans l'ombre, la capuche sur la tête pour dissimuler ses cheveux clairs.

Une personne, méfiante, s'engageait dans sa rue. Pressée, elle jetait – ou plutôt « il », car elle reconnaissait la silhouette d'un homme – jetait des coups d'œil aux alentours. Téo ne voyait pas bien les traits de son visage dans la pénombre, mais il était clair que son comportement était étrange, douteux. Elle sourit, victorieuse.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant