Chapitre 11.IV

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– 𝓣u as failli être en retard, lui glissa Wuly tandis qu'elle s'asseyait à côté de lui, dans le réfectoire.

– Pardon, mais tu sais bien que c'est une habitude chez moi, répliqua-t-elle en lui faisant tout de même un sourire.

Elle ne pensait pas qu'elle parlerait autant avec Kan, mais cela lui avait du bien. Elle avait été heureuse pour lui en apprenant qu'il avait retrouvé sa sœur – enfin, sa vraie sœur, ayant le même sang que lui – sans pour autant être jalouse de cette femme. Pourquoi le serait-elle ? Elle savait très bien que Kan tenait à elle. Elle avait aussi été triste en apprenant qu'un de ses plus proches amis partait pour le Continent.

Pourtant, son frère avait semblé inquiet, ou perturbé. Et, quand elle lui avait demandé ce qui lui arrivait, il avait changé de sujet en disant : « Tu savais qu'autrefois, l'Aneylanh se fêtait fin Possiner, et que les saisons étaient décalées ? Par exemple, Geminer était au printemps, Virginer en été ? ». Bon, certes, c'était une façon intelligente de la faire penser à autre chose.

Et elle devait bien l'avouer, apprendre que les saisons avaient été décalées par rapport à leur calendrier parce qu'on s'était rendu compte que, par exemple, les cancers ne naissaient plus en Canciner, et que toutes les psylinas du Cercle Supérieur avait eu le même problème, était passionnant (visiblement, il y aurait eu un grand chamboulant dans tout l'Upsylone, dont la cause n'était toujours pas déterminée). Tout comme le fait d'apprendre que l'Aneylanh avait été changée pour essayer de correspondre au maximum au calendrier Continental aussi.

Enfin, toutes ces conversations l'avait mise en retard – ce qui ne changeait pas, en soi – et elle n'avait même pas pu lui dire pour ses origines à elle.

– De toute façon, tu veux bien me dire ce que je risque de rater ? Ça fait bien longtemps que rien d'intéressant s'est déroulé ici, fit-elle remarquer.

Saleann, face à Wuly et elle, la dévisagea, bouche ouverte, sa fourchette à mi-chemin entre son assiette et sa bouche, comme si elle venait de dire la chose la plus absurde du monde. Elle haussa les sourcils, en faisant :

– Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

– T'es pas au courant, ma sucrette ?

– Si je l'étais, je n'aurais certainement pas l'impression de passer pour une cervelle d'oiseau actuellement.

– Aby ; t'as toujours eu l'air d'une cervelle d'oiseau. Mais t'inquiète pas : t'es notre boulet, celui des Espions.

Téo fit claquer sa langue contre son palais. Il n'était pas utile de lui rappeler tout le temps qu'elle avait deux pieds et deux mains gauche.

Et encore, avant, tout était gauche chez elle.

– D'accord, d'accord. Mais est-ce qu'on peut m'expliquer, s'il vous plaît, ce que je devrais savoir ? fit-elle en plantant sa fourchette dans une pomme de terre.

Elle prit un morceau de cette dernière, avant de le porter à sa bouche. Elle attendait que Saleann ou Wuly lui parle de cette rumeur dont ils n'avaient – sans mauvais jeu de mots – craché aucun morceau. Pourtant, voyant qu'ils restaient silencieux, elle releva la tête.

Et, pourquoi n'était-elle pas étonnée de voir Saleann admirer Wuly, lui-même en train d'observer son assiette avec une très grande concentration ? Peut-être parce qu'elle était habituée à leur petit numéro.

Mécontente de leur inattention, Téo donna un léger coup de coude à Wuly et frappa Saleann sous la table. Avec toute la rapidité dont il était capable, Wuly releva les yeux vers elle – elle devait bien avouer qu'il était certainement l'Espion le plus rapide de leur confrérie, encore inégalé jusqu'à ce jour à la course.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant