– 𝓦illum, il faut que je te parle, déclara Absolyn en s'asseyant en face de son ami.
Celui-ci, surpris, haussa un sourcil en posant la lettre qu'il était en train de lire. Le jeune homme était arrivé en ville la veille, et logeait au Poisson d'Or. Dès qu'il l'avait appris, Absolyn s'était décidé à venir le voir. Pourtant, à le voir, Absolyn le trouva... fatigué. Des cernes noirs soulignaient ses yeux bleus, un pli d'inquiétude trônait entre ses sourcils. Il était toujours aussi calme, toutefois, il paraissait également agité, dans le fond. Absolyn n'avait jamais vu cela.
– Bonjour, Synolab, oui, j'ai fait un bon voyage, merci de t'en informer, répondit Willum avant de prendre une gorgée de sa boisson.
Il faisait tant de bruit dans l'auberge ! Absolyn se demandait comment Willum faisait pour parvenir à lire si tranquillement. Il grimaça ; il était tant pressé qu'il en oubliait d'être poli, et il présenta ses excuses.
– Pardonne-moi aussi, soupira Willum en rangeant sa lettre, je suis un peu sur les nerfs ces derniers temps – j'ai quelques soucis à régler, des soucis guère agréables, dont je me passerais bien.
– Des soucis ? Graves ? Je peux faire quelque chose pour t'aider ?
– Oh, ce sont des soucis assez ordinaires. Crois-moi, je te ferai signe si j'ai besoin d'aide. Mais bon, j'ai la sensation que beaucoup de personnes ont des soucis.
– Ah ! Toi aussi tu as remarqué que l'atmosphère ambiante était tendue ? répondit Absolyn en faisant signe qu'on lui amène la même chose qu'à son ami.
– Il faudrait être à côté de la plaque pour ne pas s'en rendre compte. C'est tout de même étrange : nous sommes en une année d'élections municipales, et personne n'en parle, alors que tout le monde n'avaient que ces mots en bouche il y a six ans.
Absolyn se tut quand on posa un pichet de bière ginevra devant lui. Ainsi, Willum avait des goûts de riche. Cela ne l'étonnait même pas, tant cela se voyait. Il était toujours bien habillé, ses vêtements jamais démodés, et il marchait comme les nobles. Bon, d'accord, il fallait se méfier des apparences, mais Willum ne pouvait pas être quelqu'un d'autre qu'un bourgeux.
– Laisse-moi deviner ; tout le monde parle d'une potentielle guerre, de la fin de Fanie Bélier ? demanda-t-il après avoir bu une gorgée.
– C'est cas de le dire, acquiesça Willum. Je ne sais vraiment pas comment a fait cette Madame Draner pour diviser autant la population tout en restant dans l'ombre. Personne ne la connaît, et la moitié des Astrilais l'adore. Avec ce talent, ce ne sera pas qu'une guerre civile.
Willum se tordit les doigts en soupirant de nouveau. Même sans être scorpion, Absolyn aurait deviné à quel point il était perturbé. Mais il était aussi perplexe – lui avait toujours soupçonné une guerre civile. Une grosse, mais une guerre civile quand même.
– Comment ça, ce ne sera pas une guerre civile ? répéta-t-il.
– Eh quoi ? Tu crois vraiment que je me contente uniquement des potins qu'on peut entendre au coin d'une rue ? J'ai une famille influente, possédant des relations avec la dirigeante. Moi-même ai des relations. Il suffit juste de poser les bonnes questions.
– Bien, alors qu'as-tu appris d'autre, s'il te plaît ?
À des moments, Absolyn se demandait si Willum n'était pas Espion (ce qui était impossible, car il l'aurait su au premier regard), parce qu'il en savait tant ! Absolyn se demandait vraiment comment il apprenait tout cela. Et Willum n'était même pas âgé ; il ferait des miracles, plus tard. Il aurait peut-être pu devenir dirigeant, s'il n'était pas du cercle inférieur. Dommage. Peut-être se plongerait-il dans une carrière politique, en devenant maire.
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L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Tous se croisent. Aucun ne fait attention aux liens qu'ils tissent. Téo est devenue Espionne. Ayant été la meilleure Apprentie, elle ne souhaite qu'une chose : être la meilleure Espionne. Malheureusement, elle enchaîne maladress...