L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 29.I : Les apparences sont trompeuses

Un, deux, et trois
Invisibles alors que tu les vois
Les Espions savent tous tes secrets
Avant même de les encrer.
Extrait d'une comptine pour enfants.

  – 𝓥ous avez vu, Mlle Aereless ? J'y arrive ! Vous avez vu, n'est-ce pas ? Je l'ai touché ! s'exclama Sannelfy en faisant un geste vers la cible, où une flèche était enfin plantée.

  – Et après combien d'essais, Sannel ? ricana Resettal en tirant sa flèche.

  Bien évidemment, celle-ci toucha le centre de la cible au premier coup, au grand dam de Sannelfy.

  – Resett, dois-je te rappeler à quel point tu étais mauvais, autrefois ? répliqua Maleo, avant de contrer un coup d'épée de Velam.

  Un instructeur tournait autour des deux garçons, observant leurs bottes. Téo avait insisté auprès de Velam pour qu'il ne montre pas toute l'étendue de ses connaissances. Mais en voyant Maleo se battre, elle se disait qu'il n'y avait pas grand-chose à cacher.

  – Moi aussi, je veux essayer ! s'écria Kaniope.

  – Oui, j'ai vu, Sannel, je suis fière de toi. Resett, je suis d'accord avec Maleo, alors occupe-toi de tes affaires. Maleo, même si c'est gentil de ta part de défendre ton frère, tu devrais te concentrer ; Liliam est sur le point de te battre, et je ne suis pas sûre que M. Freryam soit satisfait de ton travail. Et non Kaniope, tu es trop petit, énonça Téo.

  Assise sur une caisse en bois dans la cour, elle tentait de distraire le plus jeune des enfants en jouant avec aux questions, tandis que ses trois frères avaient cours avec M. Freryam, un ancien soldat d'Amrynen. Exceptionnellement, Velam bénéficiait de ce cours, au grand bonheur de M. Freryam, qui pouvait ainsi évaluer son élève. Elle était obligée de se retenir de rectifier certains de ses conseils, car elle ne se faisait pas passer pour fille de noble (et encore, un noble non conservateur) ; en conséquence, elle était censée n'avoir jamais touché une arme de sa vie.

  Une servante courut dans la maison, derrière elle (les fenêtres étaient ouvertes) tout en criant son nom. Surprise, elle tourna la tête au moment où la servante débarquait dans la cours.

  – Mlle Aereless ! Que faites-vous encore là, avec les jeunes Grynsgram ? s'exclama-t-elle tout en tentant de récupérer son souffle. Avez-vous oubliez que monsieur et madame recevaient ce midi ? Et les petits sont en tenus de combat !

  Téo ne répondit pas. Il se pouvait qu'en effet, elle ait oublié ce détail. Sentant les regards des quatre frères sur elle, elle leur fit signe de filer se changer. Puis elle bondit sur ses jambes, demanda à Velam d'aider avec elle le vieux M. Freryam à ramasser le matériel.

  – Vous aviez donc oublié, en conclut la servante. Cela va remonter aux oreilles de madame, sachez-le !

  – Je n'ai que faire de vos menaces, répondit-elle en ramassant les flèches. Je fais mon travail, faites le votre. Et quel est votre nom déjà ?

  Ce rappel au fait qu'elle lui était supérieure fit rougir la servante. De colère ou de honte, cela, Téo ne le savait pas, mais elle supposa de colère quand la servante repartit d'où elle venait en claquant la porte derrière elle.

  – Vous feriez mieux d'y aller aussi, mademoiselle, lui conseilla l'ancien soldat. Monsieur serait mécontent de voir que vous avez laissé seuls ses enfants et que vous ne les accompagnez pas. Je vais terminer le rangement. Vous aussi, monsieur, vous devriez suivre votre sœur.

  – Merci.

  Elle posa tout de même sa brassée de flèches dans la caisse appropriée, avant de foncer à l'intérieur de la maison, Velam sur ses talons (et encore perturbé d'avoir été appelé « monsieur » par un homme pouvant être son grand-père). Avec sa robe de gouvernante, elle étouffait. En arrivant ici, elle trouvait déjà qu'il faisait chaud, mais maintenant que l'été avait bien démarré, elle donnerait tout pour porter chemise et pantalon fin au lieu de ces tonnes de tissus.