Chapitre 30.II

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𝓠uand Téo se réveilla, elle sut que quelque chose n'allait pas.

Elle ne voyait rien.

Elle cligna des yeux, sentant un mal de crâne poindre son nez à l'arrière de sa tête, sa langue pâteuse, ainsi qu'un léger goût d'herbe d'ombre blanche en bouche. Péniblement, elle tenta de se souvenir des événements passés.

Elle avait l'impression de s'être réveillée un peu plus tôt. Déjà à ce moment-là, elle n'avait pas eu la force d'ouvrir ses yeux. Elle se souvenait d'une main sur sa mâchoire, la forçant à ouvrir la bouche. Elle s'était laissée faire, pensant qu'on allait lui donner quelque chose pour se réveiller complètement, mais visiblement c'était tout le contraire, car elle s'était rendormie.

Elle tenta de calmer l'angoisse lui tordant le ventre. S'était-elle fait capturer ? Les avait-on en effet attaqué ? Elle respira doucement, se concentrant sur ce qu'elle sentait.

Elle était allongée à même le sol, car le froid de la pierre lui glaçait le dos. Dans l'air flottait une odeur de moisi et d'humidité, tandis qu'un plic-ploc régulier résonnait à quelque centimètres de son oreille droite. D'ailleurs, en y pensant maintenant, elle sentait de l'eau (enfin, elle espérait que c'était de l'eau) sous sa tête, trempant le col de sa chemise.

Doucement, elle se releva, tout en grimaçant. Son corps était perclus de douleurs. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle n'en avait aucune idée. Elle lâcha un gémissement de douleur en poussant sur sa main gauche – visiblement, elle s'était bel et bien brûlée.

Son gémissement résonna, mais rien n'y répondit. Donc elle était seule. Elle ne savait pas si c'était une bonne chose. Avec difficulté, elle se leva sur ses jambes, mais se rassit en les sentant trembler. Toutefois, elle avait aussi senti autre chose. Elle passa sa main droite autour de son poignet gauche, et constata qu'elle était enchaînée. Sa chaîne était rattachée au mur.

– Ohé ? Il y a quelqu'un ? croassa-t-elle.

Elle écouta sa voix se répercuter aux murs, et sa peau se couvrit de chair de poule. Elle avait un très mauvais pressentiment. Si elle était seule, où étaient passés ses camarades ? Étaient-ils morts, finalement ? Elle ne voulait pas y penser.

Et elle ne put y penser, car la porte s'ouvrit au loin. Elle se traîna au sol, le plus loin possible du mur où était attachée, jusqu'à ce qu'elle rencontre des barreaux. En plissant les yeux, elle parvint à voir une flamme s'approcher de sa cellule.

Elle ne sut pas si elle fut surprise ou non de voir Lièvre tenir ce flambeau. Le sourire suffisant et la lueur satisfaite flottant dans ses yeux la fit grincer des dents.

– On est enfin réveillée, à ce que je vois, constata-t-il.

– Espèce de traître !

– Moi ? Un traître ? Tss tss tss, tu te trompes, petit insecte. C'est toi, la traîtresse.

– De quoi parles-tu, par Ismène ?

– T'en fais pas, je sais que tu vois de quoi je parle. Et puis, tu pourras pas nier longtemps la conséquence de tes actes. On t'apportera de quoi manger dans une heure ou deux. En attendant, tiens toi tranquille, et essaie pas d'aller à la travers ; ça servirait à rien.

Il s'éloigna, et Téo lutta contre l'envie de le rappeler. Heureusement, il accrocha le flambeau à un mur, si bien qu'elle put y voir un peu mieux, avant de remonter les escaliers, et de claquer la porte derrière lui.

Désespérée, n'y comprenant rien, elle s'adossa aux barreaux, avant de poser distraitement une main sur son ventre. Elle voulait sortir d'ici, mais elle savait qu'elle n'en avait pas les capacités. Elle ferma les yeux, écoutant le plic-ploc de l'eau. Soudain, un grondement retentit, grinçant, lourd, et elle se retourna.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant