L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 11.I : Exily et Velam

Ma chère sœur, je sais bien que cela fait des années que je n'ai pas pris de tes nouvelles, et je te présente mes excuses. Toutefois, je me doute que ma demande va te sembler incongrue. Tu sais bien que je ne passe pas par quatre chemins, ainsi, est-ce que tu accepterais de former ta nièce à ton métier de guérisseuse, s'il te plaît ?
Extrait d'une lettre de Mryle Bleulila à sa sœur cadette Nyrle Meano, an 1429.

  𝓚an était rentré à Monocle il y avait seulement quelques jours. Et pourtant, il allait bientôt devoir repartir. Il s'était quelque peu attardé à Plaines-du-Centre, pour revoir Belle-Nehla, et apprendre à la connaître.

Or, il serait peut-être utile qu'il fasse quelques recherches avant de partir pour Opaltys. Après tout, il n'avait pas encore exploré la piste donnée par Téo, à propos du mot « draner » en tant que mois.

Kan jeta un coup d'œil dehors. L'automne était bel et bien là, et la pluie qui tombait drue n'était certainement pas prête de s'arrêter. La fenêtre entr'ouverte laisser entrer la délicieuse odeur de feuilles mouillées, bien plus forte au Nulan qu'en Lunae. 

Dire qu'il avait du chevaucher sous ce temps, le jour de son anniversaire... Depuis, il s'était juré que plus jamais il ne sortirait par temps d'averse. Il aimait peut-être bien l'automne (préférant tout de même l'été), ainsi que son odeur, il détestait ressembler à un chien mouillé.

Enfin, c'était bien un temps à lire, ou à faire des recherches, songea-t-il en se levant de son fauteuil. Cela faisait déjà une heure qu'il tentait de réviser ses cours, en vain. Pourtant, il devait étudier ! Étant donné qu'il n'assistait plus à ses cours, maintenant qu'il travaillait avec sa mère, il devait rattraper son retard, afin de réussir son examen de fin d'année, et d'être enfin tranquille.

Kan soupira. Il relirait tout cela ce soir, avant d'aller se coucher, se promit-il en déposant ses cours sur la table basse. Après tout, il lui suffisait juste de lire une fois ces feuilles pour les retenir.

Il fit craquer son cou, alla fermer la fenêtre, avant de sortir du salon. Par ce temps, il était presque sûr que la Bibliothèque serait bondée, pourtant, cela ne le dérangeait pas.

En passant dans les couloirs, il constata qu'il n'y avait pas que la Bibliothèque qui était remplie de monde ; plusieurs Monoclais étaient entrés dans le palais pour s'abriter, le temps que l'averse se calme.

C'était une chose qu'il aimait bien. Avec tout le respect qu'il portait aux autres sénateurs, Kan n'était cependant pas certain qu'ils acceptent d'accueillir, même pour quelques heures, les habitants de leur cité chez eux. Pour Noal, c'était chose évidente ; il n'y avait pas de raison pour que son peuple se gèle à l'extérieur si elle, elle profitait de la chaleur de chez elle.

Enfin, c'était bien beau tout cela, mais Kan, grimaçant, était en conséquence obligé de se faufiler entre les Monoclais, pour la plupart trempés de la tête aux pieds. Leurs habits dégoulinants, leurs cheveux collées en larges pans, laissaient de grosses traces d'eau par terre. Après maints efforts, Kan parvint tout de même à arriver à la Bibliothèque, sans qu'il soit trop mouillé, sans avoir glissé dans l'une des flaques.

Et, il avait raison : le lieu était bondé.

Cependant, malgré le nombre de personnes présentes, il reconnut une touffe rousse. En souriant, Kan rejoignit le jeune homme à qui elle appartenait, avant de toussoter pour attirer son attention.

Ynaseriam Criol sursauta. Celui-ci avait beau être excellent combattant et stratège, il était facile de le surprendre.

– Par Tanwen ! glapit-il. Kanwill, pour l'amour des dieux, vous savez parfaitement que je hais lorsque vous faites cela !