Chapitre 19.II

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- 𝓟ar Ismène, comment est-ce que je fais pour être toujours en retard ? pesta Téo en claquant la porte de sa chambre derrière elle.

Elle n'en savait rien. Pourtant, elle ne faisait pas partie de ces filles qui prenaient des heures pour se préparer. Elle avait juste eu à enfiler sa robe, à attacher ses cheveux (elle devait bien l'avouer, elle remerciait les Merveilles de l'avoir initié à l'art de la coiffure), et à passer un coup de khôl sous de ses yeux (elle avait découvert que c'était la seule touche de maquillage, avec le rouge à lèvres, à laquelle sa peau ne réagissait pas en lui procurant de superbes plaques rouges).

Et pourtant, elle était quand même en retard. À croire que ses efforts pour être à l'heure ne porteraient jamais leurs fruits.

Elle se demandait si elle avait fait quelque chose ayant déplu au dieu du temps.

Téo accéléra le pas, bien décidée à ne pas faire trop patienter Jillan. Enfin, le seul point positif, c'était que sa tendance à être retardataire était connue de tous. Donc elle n'avait plus qu'à espérer qu'il ne lui en voudrait pas trop.

Ils s'étaient donnés rendez-vous dans la salle des tableaux. Et elle se demanda combien de temps il l'avait attendu lorsqu'elle l'aperçut, admirant les diverses portraits, certainement pour faire passer le temps. En l'entendant arriver, il se tourna vers elle.

- Pardon, pardon, pardon ! s'exclama-t-elle en le rejoignant. Je suis désolée ! Je voulais vraiment arriver à l'heure mais tu me connais ; c'est toujours compliqué !

- Eh, du calme ! Ce n'est pas grave ; il n'y a pas d'heure pour aller faire la fête, sois en sûre. Ce n'est pas parce qu'on a perdu quelques minutes que le bal sera terminé avant qu'on arrive.

- Tu ne m'en veux pas ?

- Pas le moins du monde, répondit-il en tendant le bras. Alors, tu es prête ?

- Toujours !

Elle prit son bras de bon cœur, et ce fut avec un sourire ravi qu'elle sortit avec Jillan de l'Académie. Au contact de l'air frais du tout début de l'automne, elle eut un frisson ; elle aimait cette période, où il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid.

- Si jamais tu es trop fatiguée, hésite pas à me le dire, déclara Jillan en se méprenant sur sa réaction.

- Je ne suis pas un oisillon, merci. Un rien ne me tuera pas. Et puis, j'ai assez d'énergie pour me tenir éveillée jusqu'au bout de la nuit, répondit-elle avec un sourire en coin.

Et c'était vrai. Elle avait beau avoir passé la nuit sur son travail de couture - au grand dam de Saleann, qui, comme toujours, se glissait dans sa chambre, et souhaitait dormir en paix - elle se sentait fraîche comme la rosée du matin.

- Je vois cela, constata-t-il en lui jetant un coup d'œil amusé.

Ils grimpèrent l'escalier menant au pont de mille ans. Téo grimaça pour elle-même, tout en observant un veilleur allumer les lampadaire. Elle n'osa pas regarder en bas. Les souvenirs étaient trop vifs. Jillan dut sentir son malaise, car il serra un peu plus fort son bras, rassurant. En prenant ainsi de l'altitude, les bâtisses ne les protégeaient plus, et leurs vêtements battirent au vent.

- Jill, je peux te poser une question ?

Il acquiesça. Elle mâchouilla l'intérieure de sa joue.

- Comment, hum, as-tu fait pour me retrouver ? Tu m'as dit qu'il faisait noir. Tu ne pouvais donc pas me voir.

Pas besoin d'être plus précise. Surtout au vu de l'endroit où ils se trouvaient.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant