L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 26.II

  𝓔t s'il y a bien une autre chose dont j'ai pris conscience, il y a peu, c'est que mon don de manipulation peut m'être très utile. Oh, je ne le maîtrise pas encore parfaitement, mais il est si facile de le déclencher ! Et une fois devant Maleo Grynsgram, je n'aurai aucun problème à l'employer. Si j'avais su que, un jour, je m'estimerais heureuse d'être si étrange, d'avoir à la fois mon don de force et mon don de manipulation, je ne l'aurais pas cru. Cette accumulation de dons va me permettre de faire tout ce que je veux de Grynsgram. Sans oublier mon poison.

Ah ! J'ai tant d'armes à ma disposition, que j'hésite sincèrement à toutes les utiliser pour faire souffrir Grynsgram !

Téo finissait tout juste de tracer son point d'exclamation dans son journal, quand elle entendit la poignée de porte tourner. L'instant d'après, son compagnon entra. Elle posa sa plume, avant de refermer son encrier.

– Alors, cette réunion avec les autres Mentors ? questionna-t-elle en laissant l'encre sécher sur les pages pour pouvoir le refermer.

– Eh bien, rien de particulier, sinon qu'on a sélectionné des missions qui pourraient convenir à des Espionnages. Deux Apprentis doivent passer le leur le mois prochain.

Il décrocha sa cape pour la pendre à un crochet fixé au mur, tandis qu'elle se levait de sa chaise. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était assise devant le petit secrétaire de leur chambre, mais assez pour avoir les jambes engourdies quand elle rangea son journal, sous l'œil de Jillan.

Quand elle était plus jeune, elle faisait toujours attention à ce que personne ne puisse le trouver. Elle n'aimait pas l'idée qu'on puisse accéder à ses moindres secrets en tombant sur un de ses journaux (aujourd'hui, elle en avait sept, un pour chaque année depuis 1425) – surtout que des secrets, elle en avait un sacré paquet ! Au point que du temps où elle dormait avec les autres Apprenties, elle les laissait toujours dans une boîte, posée dans les couloirs secrets.

Mais depuis son union, elle avait ramené cette boîte dans leur chambre. Elle lui faisait confiance, et elle savait bien qu'il n'irait pas les lire (encore heureux, car sinon, elle n'aurait plus jamais pu le regarder droit dans les yeux !). Leur relation n'était pas compliquée.

Étonnement, elle n'était pas jalouse. Jamais. Ce qu'avait remarqué avec surprise ses camarades – après tout, les taureaux étaient aussi réputés pour leur jalousie. Ce qui arrangeait bien des choses, car sinon, elle passerait son temps à faire des crises de jalousie à son compagnon, pour des raisons stupides. Bon, la réciproque n'était pas vraie, mais heureusement, sa loyauté permettait à Jillan de ne pas lui faire subir des interrogatoires qui l'auraient lassée au bout du compte. En plus, il s'était enfin calmé avec Sarpentyn – même si Téo ne manquait les regards mauvais qu'il lui jetait quand il s'approchait un peu trop d'elle.

Ainsi, leur relation était simple, et cela lui convenait parfaitement.

– Encore de nouveaux Espions. Ils viendront remplacer Souris et Aigle, affirma-t-elle en se rasseyant sur sa chaise.

– Ils n'auront pas le niveau de Souris et Aigle au début. Mais peut-être qu'ils l'auront plus tard. Enfin, je l'espère.

Le départ des deux Espions et de leur fils touchait aussi son compagnon. Depuis la trahison d'Emyria et Lièvre, Jillan s'était beaucoup rapproché d'Aigle. Or, n'étant pas très sociable, c'était là son seul ami (elle ne se comptait pas dedans, étant donné qu'elle était sa compagne).

– Mais enfin, passons à des sujets plus joyeux ! déclara-t-il en s'asseyant sur le bout de leur lit pour se déchausser. Et toi, comment s'est passé ta journée ?