Chapitre 13.III

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– 𝓐h ! La tête qu'il a fait, le gérant, quand tu lui as répondu ! s'esclaffa Sarpentyn.

Il bouscula Téo accidentellement, ayant légèrement abusé sur la boisson. Celle-ci ria à son tour. En effet, lorsque tous deux s'étaient installés à une table, à l'auberge, dans leur uniforme de l'Académie, et Téo avec ses pétales de fleurs pleins le cheveux, l'aubergiste avait failli les virer. Visiblement, ce n'était pas un endroit pour les « enfants ». Non, il s'agissait d'un lieu pour les forts, pour les durs.

En entendant cela, Téo avait répondu, l'air innocent, « mais alors, que faites-vous ici ? », en parlant fort pour se faire entendre de tous. Les rires, l'air mauvais arboré par les deux amis, ainsi que leurs armes et leur agilité avaient fini par convaincre le gérant de les servir, sans un mot.

– Non mais pour qui se prenait-il ? s'offusqua Téo. Me parler ainsi, à moi ! C'est inacceptable. Je suis une des filles les plus fortes de l'Astriale !

Bon, peut-être qu'elle aussi, elle avait un peu abusé de la boisson.

Sarpentyn lui tendit sa boîte à bonbons (ils avaient tous deux un amour fou pour les bonbons au lys de neige), mais elle refusa. Pour une fois, elle était calée. Elle n'aurait rien pu avaler d'autre.

– N'empêche que c'était drôle. Dommage que Sal et Wuly étaient pas là : on l'aurait dé-glin-gué, ce fa'dingue de crotte de rat, affirma-t-il en enfournant une friandise.

– Chut, moins fort, nous allons réveiller les habitants.

– Rien à foutre.

Téo secoua la tête, ricana. Déjà, un Opalais ouvrait ses volets pour les réprimander. Mais aucun des deux ne l'entendirent, tandis que les cloches des temples sonnaient vingt-trois heures.

Ils déambulèrent, Sarpentyn titubant plus d'une fois, et Téo passant son bras sous ses épaules pour le soutenir. Plusieurs fois, il affirma aller très bien. Oh, elle le croyait : il paraissait assez lucide. Mais il avait toujours eu un équilibre déplorable, défaut accentué par l'alcool.

– Eh, qu'est-ce que c'est ? s'étonna-t-elle lorsqu'ils tournèrent dans une nouvelle rue.

Tous deux s'arrêtèrent. Sarpentyn plissa les yeux, dans la direction d'un groupe dont les visages étaient dissimulés sous les capuches de lourdes capes. Ils patientaient devant une maison traditionnelle opalaise, sans aucune particularité apparente. Aucune lumière ne brillait à l'intérieur. Téo remarqué que les vitres à l'étages semblaient fêlées. La maison était-elle abandonnée ? Elle ne savait pas.

– Je sais pas, mais c'est bizarre.

Ils échangèrent un regard. Téo sourit malicieusement.

– Bon, on y va ?

Son ami acquiesça vivement. Ils rabattirent leur capuche, se glissèrent dans le groupe. Ils n'attirèrent pas l'attention, certainement parce que d'autres personnes continuaient à arriver. Pas un membre de ce dernier parlait. Ils ne faisaient que patienter.

Téo détestait cela. Patienter. Elle s'adossa contre une poutre, faillit se rentrer une écharde dans la main. Juste derrière la porte, celle-ci l'écrasa presque lorsqu'elle s'ouvrit, sur les coups de la demie-heure.

Elle était sur le point d'insulter cette cervelle d'oiseau, quand on murmura. Elle tendit l'oreille.

Ayeu, marmotta le premier individu à la capuche.

B. Z. C. X., répondit celui ayant ouvert la porte.

L'individu entra. Téo sortit de sa cachette, avant de rejoindre Sarpentyn. Devant lui, la file avançait.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant