L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 26.I : Mission solo

An 1432

Les Espions. Un vaste sujet à étudier, surtout étant donné l'importance qu'ils ont eu vers la fin de leur existence. Pour commencer cette partie, il faut débuter par la nature de leurs missions. Celles-ci ont un code couleur, selon la couleur du ruban qui retient le parchemin. Le vert correspondait aux missions mineures, les plus communes, le jaune aux missions plus importantes, généralement commanditées par la Ligue à Cornes, le rouge aux missions de tortures, plus rares, et enfin le bleu correspondait aux immersions, uniquement donné aux Espions les plus compétents.
Upsylone, chapitre VI « L'Astriale », de Teoh-Marhy Castelo, an 1896.

   𝓣éo referma la Porte des Secrets derrière elle, le flacon bien en main, et se dirigea vers la bibliothèque. Elle songea qu'elle devrait aller vérifier sa Boîte aux Missions, car cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas eu.

  En même temps, il fallait dire qu'elle avait été encore punie. Pour changer, tiens.

  L'hiver dernier, elle était parvenue à rallier Opaltys à temps. Elle était satisfaite d'elle, et elle n'oublierait jamais comment Chouette l'avait remercié (en pleurant) de n'avoir pas respecté les règles. Jillan l'avait aussi enlacé, rassuré de la voir saine et sauve, le soir, dans leur chambre – inutile d'en dire plus.

  Une seule personne n'était pas ravie de la revoir. Qui ? Arysia Taureau, évidemment. Elle avait mis une restriction à ses missions, et Téo n'avait pas eu le droit de sortir de la Lunae jusqu'à ce qu'elle reçoive une mission disant le contraire. Elle n'avait même pas eu le droit d'emmener Velam avec elle, alors qu'il avait désormais treize ans ! Ainsi, elle attendait avec impatience une nouvelle mission.

  Quant à sa punition... Étonnement, Arysia avait seulement mis cette restriction. Par contre, Fennec, tenant toujours autant à ses règles, avait été plus dur, même si tout le monde avait pris sa défense. Son dos s'en souvenait encore, et n'oublierait jamais. Elle n'oublierait pas non plus qu'elle avait dû calmer son compagnon, pique-rouge en apprenant qu'on l'avait fouettée.

  Quand elle en avait discuté avec lui, Kan avait déclaré qu'elle devrait faire attention, car ce n'était pas une bonne idée de s'attirer les foudres d'une sénatrice. Ce à quoi elle avait répondu qu'elle s'en fichait comme de son premier mot prononcé. Il semblait particulièrement inquiet, encore plus ces derniers temps. Elle lui avait demandé si tout allait bien, et c'était là qu'elle avait appris la vérité : il s'était marié, uniquement pour un arrangement, et n'aimait pas son épouse, une certaine Delfina. En plus, on l'avait forcé à changer de nom. Cela l'avait presque mise en colère. Presque, parce qu'elle aimait son frère, et qu'elle ne lui aurait jamais souhaité ceci. Sa liberté volée le rendait triste ; elle ne pouvait pas en rajouter une couche.

  – Téo ! s'écria quelqu'un derrière elle, sortant de l'escalier menant aux quartiers des Apprentis.

  Enfin, elle ne connaissait qu'un enfant qui l'appelait sur ce ton, comme si elle était littéralement une déesse – cela la flattait. Elle se retourna, et Leohnas fonça droit vers elle. À six ans, il faisait déjà bien plus âgé, peut-être parce qu'il dormait depuis un an déjà avec les Apprentis.

  – Leoh ! Comment vas-tu ? questionna-t-elle en se mettant à sa hauteur.

  – Pas bien du tout ! Maty et Paty veulent pas qu'on t'emmène avec nous !

  Elle lâcha un petit rire, même si elle sentit une immense tristesse l'envahir. Pour une raison qu'ils n'avaient pas donné, Souris et Aigle avaient décidé de quitter la confrérie le mois prochain. En l'apprenant, Téo en avait été surprise, mais elle n'avait pas osé poser de questions aux deux Espions. Après tout, c'était leur décision, et elle n'avait rien à dire.