Chapitre 18.IV

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𝓣éo fixa Dytal. Son oncle était venu lui tenir compagnie, mais, comme à son habitude, il n'était pas très bavard, et c'était tout juste s'il relevait de temps en temps le nez de son carnet de croquis pour lui répondre droit dans les yeux. Les seuls bruits qu'on entendait dans l'infirmerie étaient leurs respirations et le grattement du crayon de plomb sur le papier de Dytal.

Téo le fixa sans cligner des paupières, les bras croisés, jusqu'à ce qu'il soupire et lui rende son regard.

– Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? fit-il en haussant un sourcil.

– Eh, je suis malade ; tu pourrais faire l'effort d'être plus agréable avec moi.

– Je croyais que tu ne voulais pas qu'on te considère comme malade.

Elle mâchouilla l'intérieur de la joue. Elle s'était fait avoir, car c'était vrai : elle affirmait en long, en large et en travers qu'elle était en bonne santé, et qu'elle serait bientôt sur pied pour le prouver à tous.

– Bon, d'accord ; j'accepte que tu ne sois pas plume avec moi. Par contre, j'aimerai vraiment savoir ce qui s'est passé. Tu veux bien me le dire, s'il te plaît, ô mon oncle adoré ?

– Non. Fais pas ta colle-cul, ça ne fonctionne pas avec moi. Et puis, je n'étais pas présent quand ça s'est passé. Tu n'auras qu'à demander à Renard ; je suis sûr qu'il se fera un plaisir de répondre à toutes tes questions. Avec un peu de chance, peut-être que tu aimeras également l'embêter.

Téo fit la moue, pour deux raisons. La première : c'était plus amusant de taquiner Dytal que Jillan. La deuxième : à chaque fois que Jillan prenait son tour de garde, elle faisait semblant de dormir, même si elle se doutait qu'il s'en était rendu compte. Elle n'avait pas encore déterminé si elle lui pardonnait – sa rancune en grinçait des dents – ou si elle continuait à lui montrer qu'elle lui en voulait toujours. En plus, elle sentait sans cesse son regard sur elle, et cela la perturbait.

Elle repensa alors aux paroles de son oncle, eut une illumination.

– Est-ce que ça signifie que Jillan était là quand j'ai eu cet... accident ?

– Dieux, je ne pensais pas que ta vitesse de réaction ait été endommagée lors de ton accident ! Dire que tu n'étais déjà pas très rapide...

– Dieux, on croirait entendre Fennec ! Fais attention, tu vas devenir aussi rabat-joie que lui. Dire que tu l'étais déjà...

Dytal grogna, lui jeta un regard noir par-dessus son carnet. Elle lui offrit son plus beau sourire, décidée à enfoncer le clou.

– Tu me rappelles qui était la merveilleuse personne qui a décodé ton texte de l'autre fois ? Et celle qui t'a permis de faire le lien entre deux affaires ? En plus, comment voudrais-tu que je le sache, vu que selon Nylo, j'ai une amnésie ? On se demande bien qui est la personne à la vitesse de réaction pas très rapide. Alors, dis encore une fois que je suis lente d'esprit, et je jure au nom d'Ismène que je te ridiculiserais devant tout le monde une fois sur pied.

Il dut prendre ses menaces au sérieux. Le crayon s'arrêta sur le papier.

– Étoile, Jillan était là quand tu as eu ton accident. Là, contente ?

Elle acquiesça. Sa curiosité la titillait. D'accord, elle en voulait à Jillan. Mais il lui avait sauvé la vie, visiblement, et en plus, il possédait des informations l'intéressant. Allez, mets ta rancune de côté, ma petite Téo. Pour une fois, s'ordonna-t-elle en se promettant de poser une multitude de questions à Jillan quand elle le verrait.

Et, visiblement, cela n'allait pas tarder, car Dytal rassembla ses affaires. Or, quoi qu'il en dise, elle avait déjà remarqué que tous ses amis venaient lui rendre visite dans un ordre précis. Si bien qu'elle savait que c'était le tour de Jillan après son oncle.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant