L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 16.II

– 𝓒e soir, déclara fermement Emyria.

Zym releva ses yeux vers elle, sans arrêter d'aiguiser ses dagues. Elle jeta un coup d'œil autour d'eux.

C'était la fin de l'après-midi. Assis entre les plates bandes, caché par les buissons, Zym aimait se réfugier dans les jardins de l'Academie. Enfin, c'était ce qu'il affirmait. Emyria avait d'autres suppositions. De son poste, il pouvait voir sans être vu, écouter sans être écouté.

En sachant cela, elle n'avait eu aucun mal à le trouver.

– C'est trop tôt, répondit-il en admirant son reflet sur sa lame.

– Me fait pas croire que tu ne prépares pas ce plan depuis au moins un an. Ce soir. Je veux m'en débarrasser. Et ce, pour de bon. Sissi ?

– Écoute, Em, je comprends que tu sois pique-rouge – je la déteste depuis le premier jour, je te rappelle. Je l'ai toujours dit, qu'elle nous apporterait que des problèmes. Personne a voulu m'écouter. Tant pis pour vous.

Emyria s'assit en face de lui, sur sa cape. Pique-rouge, elle lui saisit avec force le menton pour l'obliger à la regarder. Elle se força à ne pas trop serrer, pour ne pas lui laisser de bleus.

– Ce soir, insista-t-elle. C'est l'occasion parfaite. Sal et Bery sont rentrées de mission hier. Elles étaient trop crevées pour faire la fête, mais ce soir, on a tous prévu de se rejoindre. Toi, t'es pas invité. Sal a refusé, à cause d'hier, même si Bery insistait. Elle devrait être plus ferme avec sa sœur. C'est elle l'aînée. Mais elle se fait écraser. Enfin bref. Moi, je suis invitée. Et elle aussi. Donc, on fait ça ce soir. Y'aura personne dans Opaltys, le pont sera vide. Ce sera par-fait.

Zym posa un doigt gelé sur le poignet d'Emyria, l'obligeant à lâcher son menton. Il se frotta la mâchoire, acquiesça, en ricanant.

– Et c'est moi qui réfléchis à ce plan depuis un an ? T'es pas mieux, Em. Écoute-toi, âme noir ! Si j'étais pas d'accord, je refuserais. Mais t'as raison : tout est parfait. (Il énuméra sur ses doigts) Y'aura une soirée, donc beaucoup de monde là-haut. Les rues, par contre, seront vides, surtout le pont. Le ciel se couvre, il va faire sombre, y'aura aucune étoile et aucune lune. On est deux. Et enfin, elle est pique-rouge, elle aussi.

– Pardon ? répondit-elle, perturbée. 

– Le petit insecte. Elle a été pique-rouge toute la journée. Je sais pas encore pourquoi, mais je trouverai bien. T'as pas remarqué ?

– Non. Mais là, on s'en fout un peu. À part que ça nous arrange. Donc, on fait ça ce soir ?

Zym se leva, s'épousseta. Emyria, détestant devoir lever la tête, bondit sur ses pieds. Hors de question qu'on la prenne de haut. Même s'il faisait quelques centimètres de plus.

– De toute façon, que je te dise étoile ou non, tu essayeras quand même de faire quelque chose, répondit-il tranquillement. On fait ça ce soir. Toi, t'iras à la fête, pour la surveiller. Moi, j'attendrai. Et maintenant, laisse-moi t'expliquer mon plan infaillible.

Emyria sourit, d'une manière qualifiable d'atroce. Elle ressemblait peut-être à un Tenebris à cet instant, mais elle s'en fichait. Ce soir, elle allait enfin se débarrasser de sa pire ennemie.
___
Publié le 29/10/2022