Chapitre 15.II

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𝓒omme à son habitude de tous les matins lorsqu'elle n'était pas en mission, Téo se dirigea après le petit déjeuner vers la salle d'entraînement, où elle rejoignait Wuly (et Sarpentyn et Saleann lorsqu'ils étaient présents) pour tester ses réflexes. Par ce mauvais temps, la plupart des Espions étaient restés à l'Académie, si bien qu'elle s'attendait à trouver beaucoup d'entre-eux à la salle. La pluie et les bourrasques faisaient peur à plus d'un.

Or, elle ne s'attendait pas à un tel boucan.

Étonnée d'entendre qu'il y ait tant de monde à cette heure-ci, Téo accéléra le pas, et déboucha rapidement dans la salle – la porte n'était pas fermée, ce qui expliquait peut-être pourquoi elle en avait tant entendu dans les couloirs. En voyant le nombre de capes bleu marine, elle se souvint que Fennec avait l'intention de donner son cours plus tôt, étant donné qu'il devait partir en mission en fin de matinée. Pourtant, le Mentor n'était pas encore arrivé.

Et elle se souvenait bien que les Apprentis n'arrivaient jamais en avance.

Téo perçut alors un mouvement assez brusque vers le fond de la salle. Une silhouette noire semblait s'attaquer à une de couleur bleue, et si elle n'hallucinait pas, elle reconnut Velam. Elle se pinça l'arrête du nez, sentant qu'elle allait encore mettre ses pieds dans un problème quelconque.

– Mais c'est quoi encore tout ça ? marmonna-t-elle pour elle-même.

– Je sais pas, Aby, j'ai pas osé aller voir.

Elle sursauta, pivota vers Wuly. Elle ne l'avait pas senti arriver. Un sourire amusé flotta sur son visage lorsqu'il comprit qu'il lui avait fait peur.

– Âme noire ! Coin-Coin ! Préviens-moi la prochaine fois que tu as l'intention de me surprendre !

– Mais le mot « surprendre » perdrait tout son sens, très chère.

À l'avis de Téo, il restait bien trop avec Saleann et elle. C'était totalement leur genre de remarques.

Elle soupira, mais ne répondit pas – sinon, elle savait qu'elle risquait de s'engager dans une joute verbale dont elle ne verrait pas la fin, et là, elle était assez pressée. À la place, son regard se perdit sur le fond de la salle.

– Qui est avec Velam ? demanda-t-elle en croisant les bras.

– Je crois que c'est Lièvre.

À la mention du nom de l'Espion, elle se tendit avant de frotter son bras, cassé quelques années auparavant. Elle ne connaissait que trop bien le sadisme de Lièvre. D'accord, dans le fond (très très profond), il n'était pas méchant. Mais elle le détestait. Il lui avait toujours fait froid dans le dos, même s'il était le meilleur ami de Jillan. Et c'était réciproque. Si elle n'avait pas passé des années à répondre, à se venger, et à faire la misère à Lièvre, elle ne serait peut-être pas restée. Il l'aurait poussé à bout. Sauf qu'elle était solide, et elle s'en était sortie.

Mais pas Velam.

Téo se dirigea d'un pas pressé vers les deux silhouettes. Alors qu'elle était à moins de deux mètres des garçons, Lièvre leva le poing au-dessus de Velam. Ni une ni deux, elle bondit vers eux, écartant les Apprentis agglutinés là, et stoppa le poing de l'Espion avant qu'il ne rencontre le visage déjà tuméfié de l'Apprenti.

– Dégage, Abeille ! grogna Lièvre.

Il avait le visage si rouge, pique-rouge, qu'elle se demandait bien ce qu'avait pu bien faire ou dire Velam pour le mettre dans un tel état. Puis elle se souvint d'une chose : Lièvre n'était pas un exemple de calme et de sagesse.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant