§ Chapitre dix-huit §

37 5 0
                                    

Il ne me regarde que du coin de l'œil, comme s'il voulait me faire croire que j'avais sa confiance. Il ne devrait pas être aussi imprudent, et moi aussi folle. Je sers ma poigne sur le manche du grand couteau de Daniel, caché dans mon dos.

- Bien sûr que je sais que les Köttätares sont des métamorphes. Quelle question! Tentais-je de plaisanter, sans grand succès.

Il continua de fixer la baie vitrée en ne m'accordant que peu d'importance. J'en profitais pour me rapprocher le plus près de lui afin de lui asséner un coup qui, je l'espère, s'avèrera fatal. Je brandis la lame et fendis l'air avec toute la force que je pouvais avoir dans le bras. Mais elle se brisa en milliers d'éclats contre sa peau d'albâtre.
Il se tourna vers moi et me regarda de haut en bas avec dédain. J'ouvris de grands yeux, m'attendant à ce qu'il me renvoie le coup, pourtant il n'en fit rien. Il se contenta de me fixer. J'aurais préféré me battre avec lui. Je tente de le pousser après avoir balancé ce qu'il restait du couteau par terre, mais il ne bouge pas d'un poil. Je le frappe encore et encore, ayant l'impression de cogner un mur. Soudain, il m'attrape les poignets pour me stopper.

- Tu as fini de t'acharner pour rien? Me demanda-t-il en me regardant de haut.

Qu'est-ce que j'aimerais être suffisamment grande pour lui couper la langue. Il me libère de son emprise et suit mes mouvements lorsque je cherche quelque chose, n'importe quoi qui pourrait m'aider à lui trancher la gorge. Je fouille les tiroirs, les placards, avant de me souvenir que Deanna gardait toujours un poignard sous son oreiller. Certains de ses amants n'étaient vraiment pas des gens recommandables.

- Que cherches-tu? Me questionna-t-il.

- J'ai perdu quelque chose ici. Mentis-je en avançant prudemment jusqu'au lit, tout en faisant semblant de chercher sous les meubles.

- Et quelle chose as-tu perdue?

- Rien de très important. Une babiole. Un bracelet.

Ce n'est pas vraiment un mensonge cette fois, j'ai vraiment perdu le bracelet qui cachait mes cicatrices.

- À quoi ressemble t-il ce bracelet ? À celui-ci ? Dit-il en montrant son poignet.

L'anneau de fer gravé de symboles celtiques qui ornait mon poignet jadis, orne aujourd'hui celui de l'être le plus détestable que je connaisse. Je stoppe net en fixant mon bracelet avant de saisir le petit poignard. Mais en glissant ma main sous l'oreiller, j'eus beau chercher au toucher, aucune lame. Prise de panique je balançais les deux coussins au sol, faisant glisser le petit poignard sur le plancher bien ciré. J'avais juste fouillé le mauvais côté du lit. Dragan passa du poignard à moi. Il plongea ses yeux noirs dans le brun des miens. Il secoua sa tête de gauche à droite pour me faire comprendre que je ne devais pas faire ce à quoi j'aspirais. Sauf que je n'ai jamais vraiment répondu aux attentes de quelqu'un dans ma vie, alors pourquoi commencer en cette nuit d'automne, et surtout avec lui? Je me suis élancé aussi vite que ma jambe me le permit, et avant même que je n'eus le temps de réaliser, Dragan l'avait déjà saisi et menaçait ma gorge avec.

- Tu es bien jolie. Disait-il à mon oreille avant que je ne lui assène un coup de coude dans les cotes.

- Ce ne sont pas tes compliments qui risquent de me charmer et me faire oublier ce que tu as fait. Rétorquai-je en le plaquant contre l'un des murs de la pièce.

- Tu crois vraiment être insensible à mes attributs? Et bien tu te trompes. Le rouge de tes joues te trahit. Souria-t-il en passant un doigt sur la courbe de mon menton.

- J'ai du mal à pardonner ceux que j'aime, alors tu penses réellement être capable de revenir dans mes bonnes grâces à l'aide de caresses éphémères et de belles paroles vite oubliées? Celui de nous deux qui a tort ce n'est pas moi; celui qui pense avoir raison, ce n'est pas moi; celui qui a tué pour la fortune d'autrui, ce n'est pas moi; celui qui espère l'amour sans redoubler d'efforts, ce n'est pas moi; et je suis encore moins celui qui ce croit de nouveau idôlatrer parce qu'il a fait une grande action, à grande échelle, sans la contribution de son papa.

Carpe DiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant