Elle alla s'installer devant la coiffeuse, sa robe évasée laissant le tissu déborder du siège. Je rêverais d'avoir une robe comme celle-ci, mais sans le rose, parce que cette couleur ne va pas avec la teinte rousse de mes cheveux.
Nous nous sommes tues un long moment durant lequel nos regards se sont évités. Elle a quand même attendu que son père revienne au domaine et essaie de me violer, pour tenter de renouer une relation intime avec moi. J'aimerais lui pardonner, mais ses changements m'ont fait tant de peine, qu'un sauvetage n'y suffit pas.- Ais-je été une aussi mauvaise sur ? Demanda-t-elle soudain, en fixant ses ballerines.
- Je ne répondrais pas à cette question.
- Pourquoi? S'offusqua-t-elle en levant la tête.
Elle tenu mon regard dans la glace.
- Parce que tu connais la réponse. Que je te la dise de vive voix ne changera rien, tu sais déjà ce que je pense. Répondis-je, en tentant de rester froide et distante.
- Peut-être...mais tu oublies un peu vite que je te connais suffisamment pour savoir que tu changeras d'avis.
- J'ai fini. Dis-je en reculant.
Je lui avais noué les cheveux en couronne, ce qui la rendait plus vieille. Elle était magnifique. Je lui ai souvent envié sa beauté avant de découvrir la mienne.
Elle baissa la tête en soufflant un vague merci. Je me dirigeais vers la porte, mais je fus retenue par une sorte de corde imaginaire. Peut être est-ce comme cela que les liens de cur se manifestent? Je me suis alors retournée pour voir le visage de Deanna, traversé d'une unique larme, dans le miroir de sa coiffeuse. Elle remarqua que je l'observais, et se tourna vers moi.- L'or t'irait mieux. Lui ais-je souri avant de sortir de la pièce.
Il est vrai que certaines personnes, vous rappellent des souvenirs si heureux, qu'il vous est presque impossible de les haïr un jour. Voilà que je fais les frais de la culpabilité. Oui, je culpabilise de me forcer à lui en vouloir. Dans le fond, elle n'a fait que ce qu'on attendait d'elle; se plier aux moeurs et aux contraintes de sa condition. Je réfléchis à tout ça en croquant dans un croissant, avant d'avaler une gorgée de café à moitié froid. Le croissant sent le beurre, c'est une odeur que j'affectionne beaucoup. Lorsque j'étais à l'orphelinat, nous avions droit à un seul morceau de pain rassis avec une miette de beurre une fois par semaine seulement. Les Gardiennes faisaient fondre le reste de beurre à la fin du mois pour le mettre dans des gâteaux que nous vendions à la sortie de l'église; tout l'orphelinat sentait fort le beurre fondu. Dragan McWilth a été surpris plusieurs fois à voler un petit gâteau, ou bien de l'argent dans la caisse, ce qui lui a valu plusieurs coups de bâton, et ce à de nombreuses reprises. La seule fois où je lui ai adressé la parole, ce fut lorsque je lui ai appris à voler sans être pris. Il ne m'a jamais remerciée, mais au moins, cela m'a confortée qu'il ne reçoive plus de coup. J'avoue que ma démarche fut quelque peu égoïste, car je n'en pouvais plus de l'entendre se plaindre de ses douleurs dans le dos.
- Pourquoi tu m'as aidé Addison? M'avait-il demandé un jour, dans le dortoir, lorsque tout le monde fut endormi.
Je ne lui ai pas dit un mot, et j'ai simulé mon sommeil. Je n'ai pas arrêté de sourire cette nuit là. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ça me rendait juste heureuse que quelqu'un soit assez futé pour saisir mon aide; ou tout simplement ais-je apprécié le fait qu'il connaisse mon nom. On ne c'est plus jamais parler. Dans tous les cas, il doit sûrement avoir oublié cette anecdote, tout comme il ne se rappelle pas mon existence.
- Addi! Une lettre est arrivée pour toi tout à l'heure. Fit Georgette en me donnant une enveloppe cachetée.
- Qui l'a apportée ? Ce n'est pas le jour du courrier. Dis-je, perplexe.
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Carpe Diem
FantasyDans le monde miroir de Dubhorror, la royauté divise les populations, les individus sont voués à eux-mêmes, et certains sont accusés à tort. Addison, une jeune fille travaillant au Berceau des Lumières, envie l'existence de ceux que l'ont nomment le...