§Chapitre cinquante-et-un§

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Je n'ai eu le droit à aucune lettre, à aucune épée, et à aucun combat. Je fus terrée loin de tout, dans les terres lointaines de l'île des Kort. Pausirys aurait reçu comme ordre de menvoyer là-bas, pour autant que la guerre durera. Au début je haïssais cette idée. Être loin du combat que javais été décidée à mener. Mais finalement, ne plus avoir à me rappeler que je contribue à la cause des Fae, ni à avoir des vies entre mes mains, me plaît. Je suis forcée à vivre le rêve dune autre personne que je fus jadis.

Au départ je comptais les jours qui passaient, attendant le bon moment pour partir dici, puis jai finis par arrêter, et au lieu dimaginer ce quaurait été mon avenir sil en avait été autrement, je me concentrais sur le moment présent. Je savouerai chaque jour lair frais, les cours de dessin, de poterie et de peinture. On mavait installer au château, qui était en réalité une école dart appelé lAtelier. Je logeais dans laile Est, dans le dortoir numéro six, avec une douzaine dautres filles. Les garçons étaient logés à lopposé. Dans la partie la plus vaste de LAtelier on retrouvait toutes les salles de classe. Les étudiants en musique se confondaient avec ceux en sculture, ceux en broderie, ceux en danse,.... Tout art était enseigné en ces murs.

- Dis-moi que tu as musique juste après toi aussi... Supplia Sizroz à la pause déjeuné.

Il mavait suivit après la trahison de Dragan il y a de ça plus dun mois. Il avait bien été le seul. Comme Sizroz est mon particulier, il peut ressentir mes propres sentiments. Il avait donc ressentit toute la douleur que javais ressentit durant ces trente derniers jours, et avait mieux supporter que moi le désarois dans lequel je me trouvais. Mais cela lui a aussi permit de me trouver, afin dêtre encore à mes côtés aujourdhui. Il avait voulu tuer Dragan de ses mains, en même temps que Thérésa et Asmodéus, mais je lavais convaincu de ne rien en faire. Il navait pas comprit avant quon arrive ici, pourquoi je ne souhaitais aucune vengeance. Pausirys, à linverse de ce que je pensais, navait pas été une personne horrible avec moi.

Il mavait offert la possibilité de lépouser bien évidemment, mais il mavait aussi offert lalternative daller me cacher sur lîle des Kort, comme lui avait demander une personne mystère, en attendant la fin de la Grande Guerre. Assurément, il espère que je changerai davis entre temps, et quaprès le combat, on célèbrera notre mariage. Je nai jamais eu lintention de lépouser, pour lunique et bonne raison que je ne suis pas la Pyrofýlakas qui donne tant despoir à son peuple. Je ne suis quune jeune femme à moitié mage, qui a une vie trop pitoyable pour espérer être une déesse. Jen veux à Dragan davoir menti aux Loups, au moins autant que je lui en veux pour ce quil ma fait. Jai été trompée au même titre que les Loups, et jai peur quils se retrouvent autant punis que moi avec leur alliance aux Fae.

- Pour la cinquantième fois, je nai pas prit musique. Je ne suis inscrite quen dessin, en broderie et en danse. Rétorquai-je.

Bien quon est décider beaucoup de chose pour moi ces derniers temps, on mavait néanmoins laisser choisir mes cours. Pausirys avait fait en sorte que je puisse participer aux leçons de danse, alors que ce cours est le seul qui naccepte dhabitude aucun étudiant en cours dannée.

Je naimais pas dansé avant, principalement parce que je ne savais pas comment my prendre. Disons que cela doit être lune des rares bonnes choses que Dragan ait apporté dans ma vie.

- Quest-ce qui ne va pas? Demanda Sizroz.

- Il tarrive...de penser à eux? Je veux dire, autrement que quand tu veux les tuer. Tu sais? Comme de vieux amis, ou bien penser à ce quils doivent vivre en ce moment, pendant quon est en sécurité bien au chaud planquer ici? Dis-je.

Sizroz sembla réfléchir et la sonnerie retentit avant quil ne me donne une réponse. Il se sauva en me promettant quon en reparlerait ce soir au feu de joie. Le feu de joie est organiser pour montrer le soutient envers le Grand Roi Tuncayn dans la guerre, enfin ça cest ce que tous les professeurs pensent. Pour les étudiants cela représente surtout un moyen de boire et de faire la fête sur la plage après la «cérémonie».

Je ramasse mes affaires et me dirige vers le dortoir. Jai le reste de la journée pour moi. Je voudrais sortir et mamuser à préparer la fête en achetant quelques bières avec les autres au port; mais la seule chose que je parviens à faire, cest métendre sur mon lit et laisser les larmes coulées de nouveau.

Je fais ce que beaucoup de garçons ne comprendront jamais, critiqueront parfois, mais que toutes les filles ont déjà vécu. Je suis une scène à moi seule. Certains me regarderaient en rigolant, nayant jamais compris ce que cest que davoir le coeur brisé. Mais dautres sauront. Ce moment où tu te recroqueville sur toi même, serrant ta poitrine pour essayer de te sentir soulager. Mais la vérité cest que seul le temps taide à appaiser cette sensation. Esteban ma brisé le coeur, ça ma fait mal. Mais Dragan... je lui ai donner mon âme, plus difficile à briser, mais aussi plus dure à réparer. Je voudrais ne pas me morfondre, mais cest plus fort que moi. Cest peut-être un passage obligatoire? La souffrance. Le manque. Labsence totale démotions, seulement le vide, et une douleur vive qui te rappelle constamment quil était ainsi, alors que tu le pensais différent.

***

- Addison... Addison réveilles-toi. Entendis-je, tandis quon me secouait gentillement lépaule.

- Kiera? Il y a un problème...? Demandais-je, la tête toute embuée.

Kiera était une fille de mon dortoir. Je crois quelle étudie principalement la sculture. Elle très gentille et na pas pour habitude de réveiller les gens en pleine nuit.

- La cérémonie va bientôt commencer et jai entendu dire que tu en étais déjà à cinq retards. Alors je me suis dit que jallais téviter lexclusion. La cérémonie est obligatoire et ils ne devraient plus tarder à faire lappel.

- Merde! Javais complètement oublier! Jai du mendormir... Dis-je en me levant dun bon, des cheveux devant mon visage. Merde! Mexclamais-je, voyant mon reflet dans la glace.

Si je descend dans cet état, mon renvoi naura rien à voir avec mes retards. Kiera attrappe de trois épingles et me tire par le bras. Nous sortons du dortoir en trombe, quasiment en courant. Elle ma fait passer devant elle et me tir les cheveux en arrière. Jai mal mais je ne dis rien. Je me retrouve en moins de deux avec un chinion bien serré. Je remercie Kiera dun signe de tête avant quelle ne mentraîne dans les escaliers, cette fois nous courons vraiment. Elle me stoppe alors quun surveillant passe faire sa ronde dans le couloir où nous arrivons.

- Là on peut y aller. Dit-elle tandis que nous nous dirigeâmes vers la grande porte qui donnait dans les jardins, où se déroulait la cérémonie.

Nous éclatâmes de rire en ouvrant la porte, puis nous arrêtâmes net, lorsquune bonne centaine dyeux nous fixèrent tandis que le directeur se retourna vers nous. Nous étions arrivées à quelques secondes près trop tard, alors que le directeur Monsieur Flidyr, entâmait son discours en honneur du Grand Roi Tuncayn. Les jardins étaient silencieux et Monsieur Flidyr nous fixait, au même titre que tous les professeurs et tous les élèves. Oups...

- Aller vous asseoir mesdemoiselles, nous en rediscuterons dans mon bureau après la cérémonie. Fit Monsieur Flidyr, le regard sévère.

- Je crois quon va râter le début de la fête. Chuchotais-je à Kiera, ce qui la fit pouffer tandis que nous rejoignons nous places respectives.

Le discours de Monsieur Flidyr et celui de chacun des professeurs fut dun ennui mortel et tous similaires. Je pense même quaucun deux na jamais vécu une guerre. Ils ne savent pas ce que cest, ni ce qui en résulte réellement. Cela mafflige particulièrement de réaliser que si nous sommes attaquer, les premiers à fuirent et à ne pas savoir comment réagir, ce seront eux. Quoique Monsieur Flidyr est jeune et semble sentretenir physiquement.

- Oh Monsieur Flidyr! Vous êtes si fort! Sauver nous! Fait la voix de Sizroz dans ma tête.

Lorsque je tourne le regard vers lui, il sourit, prêt à exploser de rire. Je ne sais pas sil est amuser par lentrée que jai faite accompagnée de Kiera tout à lheure, où par sa propre imitation télépathique du groupe de filles qui assistent au cours de dessin de Monsieur Flidyr, dans lattente quil écrive au tableau pour sémerveiller de son magnifique fessier.

- Tu penses quil peut casser des noix avec? Me demanda Sizroz, ayant sûrment perçus la vision que javais en tête, et que javais malgré moi déjà vu sans le vouloir, durant un cours où je mennuyais.

- ça cest un mensonge ma belle. Fit la voix de Sizroz.

Je pouffais, faisant se retourner quelques regards sur moi, car Madame Lorgnac venait dénoncer les premiers chiffres de pertes humaines dans cette Grande Guerre. Mauvais timing...

Carpe DiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant