Carpe Diem

§ Chapitre quarante-cinq §

Je n'avais jamais imaginé ma robe de mariée. J'aurai aimé être comme toutes les autres petites filles, et prendre exemple sur celle qu'aurait portée ma mère le jour où elle aurait épousé mon père. Malheureusement, je ne sais rien ni de l'un, ni de l'autre. Je n'ai pas pensé une seule fois qu'ils m'avaient abandonnée au Berceau de la Chaire. Je préférais sûrement les imaginer morts. Mais la vérité est que je ne sais rien. Je ne me souviens même pas de comment je suis arrivée à l'orphelinat des Gardiennes.
La pointe de l'aiguille de Madame Ledger me sort de mes pensées. La dernière fois que j'avais vu une scène similaire, c'était lorsque Deanna se préparait aux festivités du bal des esprits. Sa robe rose ne lui allait pas du tout, mais elle souriait. J'avais l'air aussi heureuse qu'elle à présent. Le seul défaut était que j'espérais que cela ne cesse jamais. Or je ne savais que trop bien que rien n'était éternel.

- Regarde toi. Tu es magnifique. Me souriait Madame Ledger dans le miroir.

Je n'osais pas lever les yeux sur mon reflet.
Madame Ledger était une troll trapue qui n'avait rien à envier à ses congénères. Elle avait des cheveux bizarrement bien coiffés, et des griffes limées. Si elle n'avait pas porter ces haillons pour seul accoutrement, je l'aurais prise pour la princesse de ce peuple des profondeurs de la terre, bien que la beauté n'est pas un critère apprécié des trolls. C'est pourquoi je ne dis rien de tout ceci à Madame Ledger, elle le prendrait mal. Je remerciais le ciel de m'avoir permis d'apprendre à lire, sans ça, je lui aurais fait la réflexion et elle aurait pris un malin plaisir à détruire la robe qu'elle confectionnait pour moi.

Je voulais cette robe simple, et sans artifices, tout comme je pensais l'être. Il y avait de petites manches bordées de dentelles, un corset blanc comme neige, qui se fermait grâce à de minuscules boutons ronds dans mon dos, et il y avait une ceinture de tissus amples bordés également de dentelle. Cette robe me plaisait dans sa simplicité la plus brute. J'avais tenu à respecter la tradition, Dragan ne devait pas voir ma robe blanche avant la cérémonie. C'était la seule tradition que je pouvais me permettre, vu que toutes les autres impliquaient familles, amis, et ruban rouge de la vérité. Ces rubans sont très durs à fabriquer et extrêmement long à obtenir. Un ruban rouge simbolise la loyauté, la passion, et l'amitié. On en noue un aux poignets des mariés lors de l'échange des vœux sous une branche de saule pleureur bénite au nom de Aarune, la déesse de la vie. On raconte que certains couples qui n'étaient pas destinés à finir ensemble, on eu des pustules causées par le ruban, et des visions atroces de ce qu'aurait pu être leur avenir.

- Je crois bien que je viens de finir votre robe ma petite! Souria Madame Ledger.

Je pivotais légèrement pour en appercevoir le dos, et fus si charmée du résultat que je failli m'effondrer. Cette robe était si jolie, le tissu d'une telle finesse... J'ai saisi les deux mains de la petite troll à côté de moi et l'ai remercier.

Seulement Dragan, Madame Ledger et le Capitaine Barden Hackney étaient pour le moment informés du futur mariage. Mon Capitaine était obligé d'être au courant, puisque que c'est cet homme qui m'emmènera jusqu'à l'hôtel. La faveur qu'il me devait pour lui avoir sauver la vie fut de sauver celles des Envoyés au Diable, mais cette demande d'être à son bras, n'avait absolument pas été prise pour une faveur ou un service. Ce fut un honneur. Il l'avait décrit ainsi. Le Capitaine aime jouer avec les mots, je l'avais su dès notre première rencontre au Berceau de la Chaire. C'était un trait de caractère que j'aimais chez lui, c'était sa force face aux ennemis qu'il réussissait à tromper en jouant sur ses paroles. Je l'ai toujours admiré pour cela.

***

La fête. Encore et toujours la fête. L'équipage du Muderous Servant se plaisaient à Tumblerock. Rhum, wisky et autres alcools en tout genre coulaient à flot. Les vampires du camps d'Aragween étaient continuellement d'humeur festive, et ça on le devait au conflit gigantesque qui tarde à commencé, entraînant elfs, mages, Gardiennes, vampires, et humains dans une totale impatience dangereuse. Tout le monde était sur ses gardes, attendant patiemment le prochain coup qui mènera l'un de ces camps jusqu'à la Court de Saphir. J'en venais à me demander si le Grand Roi Tuncayn était au courant que sa fin approchait, ou bien même que sa lignée n'aurait jamais la puissance des générations précédentes.