§ Chapitre quarante-sept §

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Un jour j'ai lu dans un roman d'amour cette phrase: "Je veux t'aimer trop, mais pas trop vite". Cette phrase avait du sens. Elle pouvait faire peur à certains, tandis qu'elle résumait la façon de penser des autres. J'aime Dragan, et le temps ne fera qu'accroître cet amour, et j'ignore si je saurais contrôler mon envie de parfois aller peut-être trop vite avec lui. Cela fait peur de réaliser que l'on a trop accélérer les choses, qu'on avance à notre rythme mais qu'au final il ne nous convient pas. Je veux me marier avec lui, parce que j'ai peur du jour où il disparaîtra de ma vie. Même si dans notre histoire, les rôles semblent inversés. La mortelle et l'immortel qui devra apprendre à surmonter la mort de celle qu'il a aimé, et qu'il l'a aimé toute sa vie en retour.
Personne ne prendra Dragan en pitié, parce qu'il aurait fait partie de ceux qui ont eut le courage d'aimer. J'aurai été consciente de ça parce que je ressens son amour. Comme en cet instant, lorsqu'il me regarde, stupéfait, au milieu de ce couloir, et qu'il articule un "Tu es incroyable...".

- Eh! Je ne sais pas pour vous, mais je suis le seul à comprendre que la guerre vient de commencer ? Rétorqua Asmodéus.

Nous nous regardâmes tous dans le blanc des yeux. Asmodéus avait raison. L'attaque de ce soir était le début d'un long combat qui mêlerait tous les peuples, que ce soit par des alliances, ou par des conflits internes. Cette nuit fut dure à encaisser pour tout le monde. Asmodéus, Thérésa, Zacharias, Sizroz, Dragan et moi dormirent dans la même chambre, par crainte de représailles peut-être, ou tout simplement parce qu'être ensemble était une chose réconfortante que j'avais déjà expérimenté. Si on avait dit à la jeune servante de 17ans que j'étais, qu'un jour elle se retrouverai de nouveau à faire la guerre, et cette fois aux côtés d'ennemis de la couronne, elle en aurait rit.

Néanmoins, je ne peux pas croire que je me sois retrouvée parmi les Envoyés au Diable par hasard. Soudain, je me rappelais de ce qu'avait dit Ezra Novak. Il avait appelé Thérésa et Dragan "Fae". J'avais beau chercher dans ma mémoire, je ne connaissais aucune créature nommée Fae. Je me tournais alors vers Dragan, les yeux à moitié clos.

- Dragan? Comment vous vous appelez entre vous? Je veux dire, tu m'as bien fait comprendre qu'"Envoyés au Diable" n'était pas un terme que vous appréciez. Mais dans ce cas, comment vous vous nommez?  Demandais-je à voix basse.

Il ouvrit pleinement les yeux et me fixa en souriant.

- Beaucoup d'autres peuples nous nomment Fae et non Envoyés au Diable.

- Qu'est-ce que cela signifie ? Dis-je, la curiosité me rongeant de l'intérieur.

- Les Fae sont une divergence des fées. Ils sont immortels, refusent le mensonge, et sont tellement liés à leur environnement, qu'il les transforme.

- Comme les petites cornes et les sabots de Zach?

- Exactement. Je ne sais pas si les Fae ont réellement existé. Que ce soit dans notre monde ou dans un autre, mais ce nom est plus flatteur qu'Envoyés au Diable tu ne trouves pas?

- Si... Dragan? Tu ne m'as toujours pas expliqué ce qu'était une catin rouge. Rétorquai-je, voyant qu'il semblait suffisamment fatigué pour être enclin à répondre à toutes mes questions.

- Une catin rouge est un humain dont les vampires se servent comme nourriture ambulante, et pour satisfaire leurs désirs charnels. On utilise le terme de catin parce que les humains qui se retrouvent dans cette position le sont de leur propre chef. C'est un choix qui est très mal vu dans tout Dubhorror.

- Personne n'est objectif sur le sujet? Demandais-je timidement.

- Les seuls qui respectent ce choix comme si c'était une décision sainte sont les vampires. Répondit-il.

Carpe DiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant