§ Chapitre trente-deux §

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Le premier jour, Dieu créa le ciel et la terre et Dieu vit que cela était mauvais.

Le deuxième jour, Dieu dit : "Qu'il y ait un firmament." Mais les étoiles, qui étaient aussitôt apparues, refusèrent de briller.

Le troisième jour, Dieu dit: "Qu'il y ait deux astres dans le ciel pour séparer le jour de la nuit et éclairer la terre." Mais Dieu vit que cela n'était pas encore ça, car le soleil et la lune, qui avaient surgi dans le ciel, ne luirent pas plus que les étoiles, et il n'y eut que les ténèbres pour rythmer le temps de la Création.

Le quatrième jour, Dieu dit: "Que la terre fasse pousser à foison de l'herbe, des plantes parfumées et des arbres fruitiers." Mais la terre accoucha de moisissures malodorantes qui envahirent les cavernes dont le sous-sol avait été abondamment pourvu.

Le cinquième jour, Dieu dit encore: "Que la terre fasse sortir des êtres vivants selon leur espèce." Mais Dieu vit que cela n'allait toujours pas, car de monstrueux rats sortirent du ventre de la terre et se faufilèrent dans les cavernes infestées par les moisissures dont ils se nourrirent pour croître et multiplier.

Le sixième jour, Dieu dit en grimaçant: "Faisons l'Homme à notre ressemblance." et il fit apparaître des créatures plissées et tassées à l'image de sa grimace, qu'il baptisa, honteux de sa bavure, non pas Hommes, mais gnomes, trolls, korrigans, orques et gobelins.

Le septième jour, voyant que, décidément, tout culbutait sens dessus dessous, et que les glaces menaçaient de pétrifier cette Création ratée, Dieu truffa le sous-sol de pierres-à-feu et tonna: "Que des créatures, dotées du fabuleux pouvoir de retirer des flammes de ces pierres, viennent et remplacent dans le ciel le soleil défaillant."

Le huitième jour, il fut fait selon sa volonté, car les dragons apparurent dans un grondement de tonnerre, dévorèrent les pierres-à-feu, et s'élancèrent dans le ciel noir et froid en vomissant des flammes.

C'est après que les êtres créés par Dieu, firent l'erreur de concevoir le mariage. Pensais-je en me souvenant de ce passage de mon livre préféré. C'était un livre retraçant l'histoire entière des dragons, et du petit peuple. Quel Dieu idiot avons-nous...et comme nous sommes à son image, nous ne sommes pas bien futés non plus.

- Le soleil a laisser pleinement place à la lune. Les autres doivent nous attendre. Suggéra Dragan en ajustant les manches de sa chemise. Aurais-tu préféré une robe? Ajouta-t-il à mon encontre.

- Non, je suis plus à l'aise en pantalon. Répondis-je en regardant les torches brillées un peu plus loin, derrière la grande maison. C'est quoi une catin rouge ? Demandais-je soudain.

- Ce n'est rien. Rétorqua-t-il d'un ton froid.

- Peut-être, mais si l'on m'insulte, je veux au moins comprendre de quoi l'on me traite.

- Plus tard je te l'expliquerai, mais pour le moment nous devons y aller. Dit-il en ouvrant la porte de la dépendance. Après vous Lady Addison.

- Arrête de m'appeler comme ça. Crachais-je en passant devant lui. Je suis tout sauf une Lady.

- Tu risques de t'amuser à la fête toi. Dit-il d'un ton ironique.

- Je n'ai pas la tête aux festivités. Comment pourrais-je m'amuser alors qu'il y a à peine quelques heures, Gaya, alias ta mère, alias la sorcière la plus puissante que notre monde ait connu, a tenter de me tuer moi et Esteban?!

- Qui est ce Esteban d'ailleurs? Me questionna-t-il.

- Mon...mon meilleur ami... Bagayais-je, le feu aux joues.

Dragan arrêta de parler, et ce contenta de mettre mon bras au creux du siens afin de me guider jusqu'à cette fête à laquelle je ne souhaitais pas du tout aller.
À contre coeur, je me suis accrochée au bras de Dragan, le laissant me guider jusqu'à une prairie. Nous avons suivit le chemin tracé par les torches pour en arriver là.

Un tas de gens dansaient en rond autour d'un immense feu. Ça change des grandes réceptions à thème que faisait Deanna, d'après ce que m'ont raconter les autres. Il me fallut quelques minutes pour comprendre que ce feu devait être la source de cette fumée épaisse qu'on apercevait souvent des toits de Browndeck Hall. Le temps où je pensais qu'être parmi les Envoyés au Diable devait être une aventure extraordinaire est révolu. Maintenant, je ne trouve en moi que crainte et déception.
Mes cheveux roux on eut le temps de repousser lorsque j'étais chez Gaya. Ils tombent donc en cascade sur mes épaules et dans mon dos. Dragan déplace son bras dans mon dos, et je peux sentir sa main me frôler même à travers le tissu de ma chemise.

- Pourquoi ne veux-tu pas me dire maintenant ce qu'est une catin rouge? Lui demandais-je, tandis que l'on se rapprochait de la foule qui dansait.

- Pourquoi est-ce que cela t'intéresse autant? Ignore cette insulte puérile et essaie de passer une bonne soirée. Fit-il, fatigué de mes questions.

- C'est plus facile à dire qu'à faire... Marmonnai-je dans ma barbe.

Zacharias m'accueillit avec un grand sourire, qui dévoila un grand trou dans lequel il manquait trois dents. Ses petites cornes n'étaient plus du tout camoufler par ses cheveux blonds. Il me fit signe de me pencher vers lui, ce que je fis hésitante, en me détournant de Dragan. Je me mit à la hauteur du petit garçon qui me chuchota à l'oreille.

- Je devrais être au lit mais je voulais vous revoir pour vous donner ça. Dit-il avant de me tendre un petit miroir au cadre doré.

- Il est très joli. Merci beaucoup. Le remerciais-je en le serrant dans mes bras, le sourire aux lèvres.

- Zach! Éloignes toi de lui la servante! Cracha Thérésa en s'interposant entre moi et le jeune garçon.

- Nous ne faisions que discuter. Me défendais-je.

- Ne discute plus jamais avec lui. Ne l'approche même pas! C'est clair?! S'enerva-t-elle.

- Limpide. Répondis-je en me relevant.

- Thérésa, ils ne faisaient que bavarder ensemble. Fit Dragan derrière moi, d'un ton neutre.

Elle le fixa d'un regard noir avant de prendre son frère et de l'éloigner de moi. Elle le raccompagna jusqu'à la grande maison de briques rouges.

- Ne lui en veut pas. Souffla Dragan, qui s'était avancer près de moi.

- Je ne peux pas lui en vouloir. Je suis une étrangère pour eux. J'aurais eu la même réaction qu'elle pour protéger les plus jeunes de l'orphelinat au moment de la guerre.

- La guerre...je n'étais pas présent lorsque le Berceau de la Chaire a été attaqué par les pirates. Dit-il.

- Non. Comme aucun autre membre de la famille royale. Sifflais-je en me retournant vers lui.

Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je pouvais sentir son souffle chaud sur ma peau irritée par le froid.

- J'aurais du te donner quelque chose de plus chaud à porter. Chuchota-t-il.

Je ne répondis pas, absorber par le souvenir de ses lèvres posées sur les miennes. J'avais eu envie de le repousser à ce moment-là, alors pourquoi j'y pense comme un évènement agréable ? Je me ressaisis et me racla la gorge.

- C'est une fête en quel honneur? Demandais-je pour changer de sujet.

- Nous n'avons pas besoin d'un prétexte pour faire la fête. Nous sommes des âmes libres. S'exclama-t-il en souriant, les bras levés vers le ciel.

Je ne pus m'empêcher de sourire, mais repris une expression neutre, ne voulant pas rentrer dans son jeu. Il leva les épaules et continua d'avancer vers les autres qui s'amusaient.

Carpe DiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant