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***Kathina***



Éric et moi échangeons par messagerie depuis quelques semaines sans jamais pouvoir se voir. Il est très occupé de ce qu'il m'a laissé entendre. Ce n'est clairement pas quelqu'un qui tient des discussions « instantanées ». Il répond aux messages après trois voire quatre heures, parfois même au bout de deux jours. Le weekend c'est encore pire, impossible de l'avoir.



Ce que je sais déjà de lui c'est qu'il est marié (c'était évident), il a quatre enfants et deux petits-fils. Ce qu'il sait déjà de moi c'est que je suis orpheline et vit avec un oncle.



Il a promis qu'on se verra ce weekend, qu'il sera en virée avec des proches hors de la ville. Nous sommes mardi, j'attends voir. En attendant j'avertis Alain que ma grand-mère m'a demandée pour le weekend. C'est en partie vrai, on doit aller regarder ses histoires de terrains. Il grommèle, boude mais il ne peut pas refuser.



Le vendredi je vais passer toute la journée à l'Institut de beauté. Épilation à la cire, soin de la peau et des cheveux. Pose tissage, manucure et pédicure. J'en ai pour mon temps et argent mais le résultat en vaut la peine. Toute activité a besoin de capital, si je ne prends pas soin de mon corps c'est mort.



Ensuite je vais avec mémé rencontrer son fameux « vieux Nziengui ». Il nous conduit dans les bas-fonds de Mindoumbé II, un terrain à dix minutes de la grande route. L'accès n'est vraiment pas facile et il paraît que lorsqu'il pleut c'est pire. Je ne suis clairement pas emballée mais le prix est pile ce que je peux m'offrir.



-Kathina tu ne vas pas venir habiter ici. Tu peux construire des chambres avec tout à l'intérieur et mettre des locataires.



-les gens vont venir louer aussi loin ?



-les gens cherchent à se loger, il y aura toujours quelqu'un.



-si tu le dis.



Lundi on doit se revoir pour l'achat du terrain en bonne et dû forme. L'endroit est vraiment crade, heureusement comme elle a dit, je ne serai pas obligée de vivre ici.



Je dépose mémé et vais prendre mes affaires pour aller chez Iris. Éric ne m'a toujours pas fait signe. S'il le fait, je suis déjà dehors. Sinon bah ça sera un weekend dehors. Iris elle-même se prépare à aller rendre visite à sa mère en province.



La sonnerie de mon téléphone retentit à 19h. C'est Éric qui m'appelle ENFIN. Je lui indique ma position et il vient me chercher. Sa voiture sent bon, il sent bon. On se fait deux bises et il se met en route.



-tu ne t'es pas changé ? je lui demande.



-je n'ai pas eu le temps, on est déjà en retard. Toi ça va ?



-super.



-je vois ça.



C'est une très bonne compagnie. Un peu taquin, un peu sévère, un peu mystérieux, bref pas facile à cerner mais on ne s'ennuie pas de tout le trajet jusqu'à Kango. On fait encore plus ample connaissance. Je lui dis avoir 19ans, il me dit qu'il m'en donnait 23. S'il pouvait savoir.



On arrive bien tard dans un complexe hôtelier très discret. Juste le temps de déposer nos bagages, se doucher et on rejoint les autres au restaurant. Il y a un orchestre qui anime. Certains se lèvent pour danser, moi j'ai faim. La cuisine va bientôt fermer donc on se dépêche de commander à manger.



Éric me présente à ses amis et frères dont je ne retiens pas les noms. C'est une virée entre « hommes ». Ils sont tous mariés ou en couple mais tous accompagnés de leurs maîtresses. C'est ça leur délire préféré, des escapades avec les « petites » pendant que Madame et les enfants sont à la maison cloîtrés. Plus l'endroit est retiré, mieux c'est.

KathinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant