ÉPILOGUE

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***Yvon, cinq ans plus tard***

Dès que le réveil sonne, je l'arrête. En vérité je suis réveillé depuis un bon bout de temps. Je descends du lit, fais quelques pompes puis fonce dans la salle de bain. Je brosse mes dents, me rase puis passe sous la douche. Je cherche la plus belle chemise de ma penderie que j'enfile dans mon jean. Mes chaussures aux pieds je vérifie le rendu dans la glace.

Je vais dans la cuisine prendre une bouteille d'eau et cocher un jour de plus dans le calendrier. Trente-huit jours que je suis sobre, que je n'ai pas touché une seule goutte d'alcool.

Je reviens de loin. Dans la même année j'ai perdu trois personnes chères. Mon père, mon héro, mon modèle. Médor, et ma femme. J'ai aimé Médor aussi fort, aussi intensément que j'ai aimé Kathina. Ma vie entière s'est disloquée pièce après pièce sous mon yeux sans que je ne puisse rien y faire. Alors j'ai sombré dans l'alcool, j'ai fait une dépression. Et Kathina qui ne ratait pas la moindre occasion de me nuire n'aidait pas.

On m'a accusé de la mort de Médor. Sa sœur m'a harcelé comme pas possible mais heureusement elle n'a jamais rendu l'affaire publique. L'autopsie au Royaume-Uni et les enquêtes sur place ont conclu à une agression mais sa famille a décidé que j'étais le coupable. J'ai pris des gauches de partout. Comment ne pas sombrer ?

Je me suis isolé de tout le monde. Heureusement Kathina était actionnaire dans mes entreprises. Lorsque je me suis retrouvée dans l'incapacité de gérer, elle a pris le relais. Pendant cinq ans elle a digirer toute seule nos affaires. C'est la première à constater que ça n'allait pas. Elle a appelé ma grande sœur en renfort et j'ai dû me confier à cette dernière.

Laïka n'a pas été plus surprise que ça. Elle savait. Non, elle s'en doutait. C'est la seule à qui je me suis confié. Pour tous les autres, c'est la perte de mon père suivi de mon divorce qui m'ont fait sombrer. Je ne vous dis pas comment ma famille s'est acharnée sur Kathina, la traitait de tout et rien. Malgré ça elle n'a jamais répondu. C'est à ce moment que j'ai compris à quel point j'avais merdé en la laissant partir. Malgré la colère, la déception, elle ne m'a pas lâché. Mais moi ?

Contrairement à ce qu'elle pense, j'avais vraiment rompu avec Médor. Pendant deux ans c'est à peine si on se parlait. Puis on s'est rapproché de nouveau, amicalement au début et la suite vous la connaissez. Donc quand elle était parano et m'accusait, non je ne la trompais pas.

Bref, j'ai été dans l'incapacité de m'occuper financement de ma mère. L'incapacité de protéger mes enfants. J'ai fait un accident de voiture qui a failli me coûter la vie il y a six mois, c'est à cet instant que j'ai pris la décision de me reprendre. Aujourd'hui je suis plus sobre que jamais.

Je sors d'Essassa pour la commune d'Akanda. Kathina est retournée chez elle avec les enfants après le divorce. Elle sous-estime trop la force qu'elle renferme en elle. Elle a avancé, a continué à vivre, elle s'occupe des enfants et de nos affaires SEULE. Des coups elle en a donné c'est vrai, mais elle en a aussi reçus. Au final elle s'est toujours relevée.

-papa !

Ma grande fille de huit ans vient se jeter dans mes bras. Je la fais tourner dans les airs. Ce geste le rappelle douloureusement que je ne suis plus tout jeune et ma fille n'est plus un bébé.

-papa c'est l'anniversaire de maman. Elle prend quarante-cinq ans.

-ah bon ?! Qu'est-ce que tu vas lui offrir ?

-oui. Je vais lui offrir un dessin parce que je n'ai pas d'argent.

-d'accord. Regarde sur la banquette arrière de la voiture.

-un cadeau !

-cours lui donner.

Je la suis plus lentement. Kathina est avec Iris dans la cuisine à rigoler devant une bouteille de vin blanc. Quand elle me voit, Iris va rendre la bouteille dans le frigidaire. Un geste que mes proches ont naturellement adopté pour me soutenir. Quand je suis là, personne ne consomme d'alcool et pour ne pas gêner, je ne reste jamais longtemps.

KathinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant