19.

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***Sergie, Octobre***



J'ai traîné de force Alain jusqu'à l'hôpital ce matin. Je le vois, il ne va pas bien. Il se passe définitivement quelque chose.



-alors Suzanne ? je demande impatiente à la Généraliste.



-tu devrais l'emmener chez Simon. elle me répond.



-l'endocrinologue ? Pourquoi ?



-va le voir.



On sort du bureau pour le rez-de-chaussée. Je suis de la maison donc je passe sans faire la queue.



-bonjour Docteur, Suzanne nous envoie chez toi.



-oui elle m'a appelé. Prenez place.



Il pose plusieurs questions, le palpe, lui prend la glycémie. Je sais déjà le verdict mais je préfère attendre l'entendre.



-je sais que vous n'en parlé pas, mais les gens si. il introduit le sujet. Le Gabon est si peu peuplé, on connaît tous quelqu'un qui connait quelqu'un etc. Je sais que vous avez récemment eu un choc violent.



-est-ce que je suis malade ? Alain s'impatiente.



-oui M. ITOUMBA. Vous êtes diabétique.



-comment ça ? Comment c'est lorsque j'ai arrêté de boire, de manger dehors, que le diabète apparaît ?



-M. ITOUMBA le diabète n'est pas toujours le résultat de l'alimentation.



-alors qu'est-ce qui cause le diabète ?



-l'hérédité, un disfonctionnement du pancréas, une mauvaise hygiène de vie et bien d'autres raisons. Dans votre cas, c'est un choc émotionnel. Je suppose le passage en prison et le licenciement.



Je ne dis rien, je ne le contredis pas, mais je sais que ce n'est pas vrai. Le seul chagrin qu'Alain a eu c'est d'avoir perdu Kathina. Figurez-vous qu'il y a encore deux mois il la suppliait de revenir, qu'il allait trouver du boulot et s'occuper d'elle.



J'encaisse, je supporte. Alain est mon mari, le père de mes enfants. J'ai pris l'engagement devant Dieu et les hommes de le soutenir dans les moments difficiles, d'être à ses côtés. Les enfants et moi sommes la seule chose qu'il lui reste, la seule richesse qu'il a toujours eue. Les médicaments ne sont pas éternels, il reviendra tôt ou tard à ses sens. Le Dieu que je prie n'est pas un menteur.



Il rentre seul à la maison, moi je dois continuer ma journée. Je l'accompagne tout de même sur le parking, là on voit la voiture de Kathina se garer et une jeune fille en sortir. Alain pète un câble et va vers la pauvre fille.



-écoutez Monsieur, cette voiture je l'ai achetée en bonne et due forme avec sa propriétaire. J'ai tous mes papiers donc si vous avez un problème avec ça, vous savez vers qui vous tourner.



Elle le pousse et rentre dans l'hôpital. Alain se dirige furieux vers sa voiture. Heureusement il n'avait mis aucun bien à son nom. Mais ce qui l'énerve c'est qu'il réalise qu'elle ne rentrera pas. Elle a vendu ses meubles, sa voiture, déménagé le reste de ses vêtements, elle n'a pas l'intention de revenir.



Après le boulot je vais faire quelques petites courses. L'alimentation d'Alain doit changer du tout au tout. Dans ce pays où tout coûte cher, se nourrir sainement n'est vraiment pas donné surtout avec ce qu'on traverse actuellement. Heureusement Junior rentre en décembre. Dieu faisant, il va trouver du boulot et nous alléger un peu.



Alain ne pourra pas trouvé un nouvel emploi, pas avec un actif comme le sien. Il réfléchit toujours sur quoi faire. En attendant on a les loyers, le snack et mon salaire uniquement.

KathinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant