***Kathina***
Iris me trouve sur son canapé, en position fœtus et la télé allumée. Comme elle est au téléphone, elle ne fait pas vraiment attention à moi. Elle range ses courses en continuant sa conversation téléphonique. Puis elle raccroche et viens vers moi.
-déjà réveillée ? Je fais à manger et on va sortir un peu.
-mémé est décédée. Sa nounou m'a appelée.
-oh ! Mes condoléances !
Elle vient s'assoir près de moi, je me redresse pour lui faire de la place.
-mais tu lui as fait faire tous ces examens avant de venir, elle a vu tous les spécialistes. Qu'est-ce qui s'est passé ?
-arrêt cardiaque. Elle pensait énormément. La situation avec ses enfants la chagrinait.
-Michaël.
-oui. Je le comprends, je comprends son ressenti. Elle avait promis faire des efforts et n'en a pas fait, je comprends sa position. Mais garder rancune à une vieille dame ? A quelqu'un qui est à deux pas de la mort ?
-et toi ? Ça va ?
-je ne sais pas. Je ne sais pas Iris. Je ne ressens rien, aucune douleur. Aucune peine. Rien de rien.
-du coup tu rentres quand ?
-demain. J'ai pris un vol aller-retour avec une compagnie moins chère, juste le temps de l'enterrer et je reviens.
Je l'accompagne à la cuisine pour le repas de midi. Idriss rentre toujours manger chez lui sauf s'il a eu sa gamelle le matin. C'est plus économique. Ici chaque centime compte. On papote Iris et moi tout l'après-midi. Je pense que je ne réalise pas vraiment, la distance peut-être.
Le soir tout le monde rentre et d'un coup la maison est animée par les cris. Je regarde comment Iris et Idriss orchestrent tout. Les devoirs, la douche, la table, etc. Je ne savais pas que c'était aussi éprouvant d'être parent.
A 20h tapante on passe tous à table. Idriss fait une grimace en recevant son assiette, grimace qui ne passe pas inaperçue au près de sa femme.
-quoi ? Pourquoi tu fais cette grimace ?
-même pas le riz. il répond avec une toute petite voix.
-les haricots verts tu ne vois pas ça ?
-ah ! Et pourtant on m'a dit que les femmes fang préparaient toujours du lourd. Bon, donne. Je vais encore faire comment ? C'est la nourriture que ma femme a préparé avec amour pour moi son mari.
Elle lui reprend l'assiette en tchipant. Elle va dans la cuisine et on entend des marmites chanter. Même pas dix minutes, elle revient avec une assiette de spaghetti aux crevettes, champignons, crème fraîche et épinards. Les spaghettis étaient des restes qu'elle avait conservé au frais. Il suffisait juste d'ajouter le reste.
-mais donne aussi l'autre assiette. Je vais tout manger.
-Idriss ne me fatigue pas tu comprends ?
-mais pourquoi vous voulez m'empêcher de savourer les bons petits plats de ma femme ?
Elle va chercher sa première assiette et la pose devant lui.
-c'est bon ? On peut manger ?
-oui Madame NONTSE. On peut.
Je souris bêtement devant leur petite « scène de ménage ». Après autant d'épreuves, ils sont devenus un couple complice et soudé. Je me demande si moi aussi un jour j'aurai cette chance d'être aimée de la personne que j'aime. Qu'on ait cette complicité. Et qu'il puisse être à moi et à moi seule.
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Kathina
Non-FictionTout ce que Kathina désire elle doit l'obtenir. Avec cette demoiselle au physique de déesse, la fin justifie les moyens.